Au commencement...

Le reporter de L’Observatoire vient écouter le cours Archéologie et religions de l’Université du temps libre qui existe depuis un an seulement.

 

Tombe royale d'Ur, reconstitution du cortège (dessin d'archéologues)
Tombe royale d'Ur, reconstitution du cortège (dessin d'archéologues)

Avant le cours, les étudiants bavardent. Geneviève, assidue, complète les connaissances sur internet, attend des précisions sur l’origine des religions. Un voyage en Syrie est prévu, avec rencontres d’archéologues ; trois mille euros, c’est un peu cher !

Le cours commence. Dans la petite salle sans fenêtre, une quinzaine d’étudiants sont là. Ils veulent découvrir ces civilisations archaïques. Le professeur, Laurence Gré-Beauvais, rappelle la naissance de la cité-état d’Uruk. Le terme de cité-état est appliqué aux micro-états se partageant la Basse-Mésopotamie à la période  des dynasties archaïques (2900-2340 av. J.-C.). Les principales étaient Ur, Uruk, Lagash, Kish, entre l’Euphrate et le Tigre, proche du Golfe persique.

 

Les mythes

Les découvertes de l’écriture cunéiforme ont été abordées dans les précédents cours. Le professeur lit quelques phrases du poème du Super-sage et fait allusion à l’épopée de Gilgamesh. Au commencement, seuls existent les dieux : ils doivent manger, boire, donc travailler ! Ils portent leurs revendications au roi des dieux, Enlil. C’est alors que le dieu Enki, le plus intelligent, propose une solution, créer un substitut aux dieux : ce sera l’homme. Il sera fait d’argile ce qui le contraindra à mourir, avec le sang d’un dieu de second rang. Les hommes deviennent trop nombreux ; Enlil, décide de les anéantir. Alors, Enki apprend à Super-sage  à échapper au Déluge en fabriquant un bateau pour sauver sa famille et ses animaux. Il intervient aussi pour éviter la surpopulation des hommes. Il introduit la mortalité infantile, la stérilité des femmes, maintient les famines et autres fléaux naturels.

Dans une ambiance studieuse, tous les étudiants grattent leur feuille pour ne rien oublier.

Le caractère divin est marqué par la coiffure à cornes : un homme est représenté tête nue, la déesse de second rang, comme Innana ou Ishtar, a une paire de cornes. Le dieu Enki, au triple rang de cornes, est assis sur un trône et porte un vase aux eaux jaillissantes, symbole de fertilité et d'abondance. Sur les tablettes médicales, il est écrit qu’un roi malade a deux possibilités pour guérir, utiliser le pouvoir des plantes ou trouver un substitut qui va mourir à sa place !

 

Les tombes royales

Sur une vue aérienne, on discerne le plan de la ville d’Ur, dans le désert mésopotamien, après la pluie, Les fondements en brique, le plan du palais royal, les remparts, la ziggourat, construction à étages, c’est le temple du dieu lune. Proches du rempart se trouvent 2 500 tombes. Dans les simples fosses, les morts reposent enveloppés dans une natte, tissu, bois, ou céramiques, parés de modestes bijoux. Les dix tombes royales, découvertes en 1927, sont uniques avec leur caveau en pierre et plusieurs chambres. La reine, a son nom écrit sur un cylindre, à coté d’elle ; elle porte un diadème composé de feuilles de peuplier, de boucles d’oreilles et colliers en or. Dans une autre tombe, soixante-dix corps sont inhumés en désordre. Sur un dessin, les archéologues ont représenté l’emplacement des défunts avec les objets qui les entouraient : 59 hommes, 19 femmes et deux chariots à six bœufs, à roues pleines. Certains hommes avaient des lances et des casques en cuir, une cohorte de gens couchés, des femmes musiciennes. Ce devait être des suicides collectifs. Un étudiant demande comment ce dessin a été réalisé, avec quelles documentations ? Le professeur précise que les savants tiennent compte de toutes les études et des découvertes.

De splendides objets ont été retrouvés : statuette de bélier en or et lapis-lazuli, lyre en bois décorée d’une tête de taureau... Il existait des échanges avec les régions voisines, le lapis-lazuli venait d’Afghanistan, la cornaline de la vallée de l’Indus, les métaux des régions montagneuses alentour.

 

 D’autres trésors n’attendent que vous pour voir le jour !

 

Pierrette Guillot

(février 2010)