Brexit : Should I stay or should I go ?
C’est le choix imposé à tous les étrangers travaillant depuis des années en Grande Bretagne. Est-il possible de rester ? Quelle option choisir ?
Un des dommages collatéraux du Brexit est de rendre plus instable la place des étrangers travaillant au sein des entreprises. La recherche d’emploi devient difficile puisqu’il installe la préférence nationale dans le cadre d’une embauche.
Adeline, trentenaire bordelaise, vit en Angleterre depuis quinze ans. Mariée à un Anglais en 2014, elle travaille depuis des années dans une multinationale. Craignant pour.son avenir, elle a décidé d’entamer les démarches afin d’acquérir la nationalité anglaise.
Un parcours semé d’embûches
Avant de remplir sa demande de naturalisation, elle doit avoir trois documents en sa possession :
- Niveau d’anglais B1 (niveau anglais terminale) : l’examen qui revient à 170 €, dure 20 minutes et porte sur des sujets connus à l’avance. Il se passe dans les quelques rares centres agréés et n’est valable que deux ans.
- Life in the UK test (73 €) : l’examen se déroule dans des centres en fonction de l’adresse du candidat. Il est possible de se procurer un livre pour réviser les questions (28 €). Attention, pour se présenter à la salle d’examen, il faut se munir d’un relevé bancaire fourni par la banque. Un relevé pris sur internet n’est pas valable. Aucune trace de l’examen n’étant conservée, il ne faut pas perdre l’unique exemplaire du « diplôme » remis à l’issue de l’épreuve.
Le plus dur reste à vivre
Un troisième document est également obligatoire : la carte de résident permanent et c’est là que le cauchemar commence. Le document pour son acquisition est très difficile à obtenir et se trouve sur le site du gouvernement. Il se compose de 82 pages peu aisées à déchiffrer. Celui-ci étant modifié régulièrement, il faut être sûr de bien posséder la dernière mouture sous peine de devoir recommencer toute la procédure. Le fait d’être citoyenne européenne, mariée à un anglais, augmente le niveau de difficulté. Pour les cinq dernières années, il faut fournir le nombre de jours passés en dehors du territoire britannique avec les raisons et les dates exactes de ces voyages, ainsi que les différentes adresses personnelles avec au moins deux justificatifs différents pour chacune, tels que factures d’eau, de gaz ou duplicata de feuille d’impôts (73 €).
Une de ses amies françaises, mariée également à un anglais, ne peut remplir ce dernier document car elle est femme au foyer et ce cas n’est pas prévu. Donc pas de naturalisation possible.
Cerise sur le gâteau, auriez-vous pensé que pour devenir anglais, il fallait aussi le témoignage de deux personnes
attestant que vous avez bon caractère ? Amazing, isn’t it ? L’administration a six mois pour donner sa réponse.
Étape ultime
Une fois les trois documents obtenus, Adeline peut remplir la demande de naturalisation (1 462 €), redonner le nombre de jours passés hors du Royaume-Uni, fournir moult documents sur sa vie professionnelle (copie de contrat de travail, certificats des employeurs, périodes de chômage, liste des prestations sociales éventuellement touchées, etc.).
Elle a fait vérifier au préalable son dossier par un organisme gouvernemental (84 €).
À chaque fois, ce sont les originaux qu’elle doit envoyer. La carte d’identité ou le passeport en font partie. Vous n’avez qu’une de ces pièces ? Vous voilà bloqué en Angleterre pour une période pouvant aller jusqu’à un an, imaginez l’angoisse.
L’administration a 6 mois pour donner une réponse.
La validation (ou non) finale du dossier s’effectue au cours d’un rendez-vous. Ouf ! Le dossier est accepté. Il en est fait une copie officielle et les originaux sont rendus.
Un courrier l’invitera à se rendre sous 15 jours dans un bureau de poste pour la prise des données biométriques (21 €) servant à l’établissement du futur passeport (90 €). Un retard annulerait toute la procédure.
Un an d’angoisse et 2 300 € plus tard, une cérémonie émouvante (186 €) clôture à Winchester ce parcours du combattant. Même en Angleterre, tout se termine en musique avec le God Save the Queen bien évidemment.
Bernard Diot