Des lanternes japonaises
Le Musée des Arts décoratifs de Bordeaux consacre une exposition aux lanternes traditionnelles japonaises. Elle permet de comprendre le rapport des habitants à la lumière, l'importance de l'artisanat traditionnel sauvegardé et adopté par les designers à partir de 1950.
Suivons le guide : ambiance japonaise dès l’entrée du musée avec les estampes montrant des personnages tenant une lampe. Le papier posé tout le long des murs, créant une douce lumière semblable à celle donnée par les lanternes. Les anciennes lampes Andon , conçues pour l’intérieur des maisons, éclairées à la lampe à huile, décorées d’idéogrammes, sont posées sur des supports en bois. Les lanternes légères, fragiles, qui semblent voler comme des papillons sont les chochin : suspensions en papier à l’intérieur desquelles on place une bougie. Elles se plient comme un accordéon et sont pratiques à ranger. Elles permettaient de se déplacer la nuit, éclairaient les rues, les temples, les auberges. Dès les années 1890, la coutume, pour les restaurants, est d’offrir gracieusement à leur client une chochin de poche pour accompagner le retour chez eux et faire ainsi leur publicité ! Dans les nombreux festivals nocturnes, il faut une accumulation massive de ces lanternes pour pouvoir parler de lumière. Depuis l’arrivée de l’électricité, les lanternes en grand nombre, sont utilisées comme enseignes : colorées en vert, elles permettent aux établissements d’informer le client de la provenance locale des aliments frais et cuisinés alors que les lanternes rouges vous guident vers les débits de boisson!
De bambou et de papier
Reconstitution de l’atelier des frères Kojima à Kyoto : ce sont ces deux artisans qui ont fabriqué la grande lanterne pour l’inauguration de l’exposition. Ils utilisent des techniques ancestrales. Les matériaux sont demeurés les mêmes : Le papier est collé sur une structure en bambou. Cette structure est faite soit d’une seule spirale, soit de plusieurs cercles reliés par des fils de coton. Le papier washi, obtenu grâce à l’écorce de mûrier, doit être fin et laisser passer la lumière.
Les Akari
En 1904, le sculpteur Noguchi a passé son enfance au Japon, puis est parti aux Etats- Unis. En 1950, il revient au Japon et décide de donner un nouveau souffle à la fabrication des lanternes, il les nomme « Akari » ce qui veut dire lumière. Il a inventé plus de 150 formes. Ces luminaires, dont l’idéogramme est un soleil et une lune rouge, se vendent à New York, en Europe : il a simplifié les formes, supprimé la structure en bambou, n’a gardé que le papier. Ce succès a entraîné, dans de nombreuses chaînes de décoration, dès les années 1970, la vente des sphères de papier, à bas coût, au magasin Ikéa. Les designers redécouvrent l’utilisation du papier washi pour créer le Double Bubble en 2015 d’E. Barber ou la ligne de luminaires Fusion en 2016, fabrication à Gifu, ville ou sont nées les lanternes.
Elles ont leur place dans la mythologie et les rituels japonais. Elles ont été adoptées et sont toujours très prisées pour l’utilisation de matières brutes comme le bambou et le papier washi, liées à une conscience écologique des designers comme des consommateurs, ces dernières années.