Et la Lanterne fut
Depuis six mois, le cinéma de Bègles s’est métamorphosé : l’ex-Festival devenu La Lanterne est passé de 100 % de films d’animation à un programme Art et Essai généraliste et surtout participatif.
Un immense vent de fraîcheur vient de balayer une vénérable institution. En effet depuis cet automne, le cinéma Festival de Bègles a tout changé, d’équipe, de nom, d’esprit et de programmation. La raison en est le changement de délégation octroyée par la Mairie tous les cinq ans. Sur le bureau du maire, plusieurs projets se sont empilés mais seul celui de l’association Vive le cinéma répondait à ses requêtes par l’originalité de son fonctionnement associatif, collaboratif et écoresponsable.
La belle équipe de La Lanterne
Empreinte majeure d’évolution, changer de nom… En premier acte participatif, un questionnaire proposant plusieurs choix a été soumis à la population. Plus de 500 personnes se sont exprimées en faveur de La Lanterne plutôt que La belle équipe. Lanterne comme la lanterne magique qui marque les débuts du cinéma, lanterne comme celle située à l’intérieur d’un projecteur, lanterne synonyme de lumière, de magie, d’éclairage dans la nuit.
La belle équipe est cependant une réalité : Vive le cinéma est une équipe absolument locale de neuf personnes, toutes résidant de part et d’autre des boulevards, à Bègles et Bordeaux, surtout très pointues en 7e art. Emmenés par la Présidente Cécile Giraud, chargée d’évènementiel aux Cinémas indépendants de Nouvelle Aquitaine (CINA) et par son directeur, Aurélian Michon issu de l' Association des cinémas de proximité de Gironde (ACPG), les bénévoles enthousiastes, prêts à épauler le collectif, forment déjà une force vive de plus de cent vingt personnes. À tel point que trois subdivisions ont été imaginées : cinquante personnes pour le choix de la programmation et des animations ; soixante pour le fonctionnement quotidien comme la distribution partagée des cinq mille flyers périodiques et dix pour les projets d’aménagement intérieur.
Le cinéma est le héros
Chaque semaine, au moins dix films paraissent à l’affiche, faisant la part belle aux blockbusters, aux incontournables classiques, aux films pour la jeunesse ainsi qu’aux documentaires. « Nous sommes très attentifs à la diversité de la programmation, explique Aurélian Michon. Notre sélection se veut plutôt généraliste dans un esprit Art et Essai. L’objectif est d’accorder une part de 60 % aux films Art et Essai. »
Alors c’est tout un quartier qui s’anime et festoie autour de projets dont le cinéma est un héros. Des « mini-collab » se mettent en place avec la maison Valée venue régaler les petits de viennoiseries lors d’une séance petit-déjeuner ; avec la Cave d’Antoine qui présente son vin du mois à chaque avant-première surprise ; avec la librairie Contre-Temps qui distille ses conseils avisés, avec les food-trucks du marché pour les petites collations… D’auberge espagnole en ciné petit déj, d’avant-première en ciné du coin apéro, le planning des séances-évènements est riche et n’oublie personne.
L’esprit écoresponsable transparait dans l’offre de petite restauration, avec une carte de thés, cafés et bières à majorité issus de l’agriculture biologique. On peut même se régaler sans culpabiliser d’un régressif gobelet de pop-corn bio.
Les spectateurs suivent. Dès le premier mois d’activité, le nombre de billets vendus avait doublé par rapport à l’année passée et il ne cesse de croître. Plus de vingt mille spectateurs en quatre mois ont confirmé la nouvelle stratégie de La Lanterne.
Dominique Galopin