L'avenir des hommes
En septembre, la ville de Bordeaux a vibré durant le festival Océan Climax ainsi que lors des Tribunes de la presse sur le dérèglement climatique.
Le festival Océan Climax s’est implanté dans un lieu atypique, l’espace Darwin, dédié aux activités d’éco-création. Les bâtiments comportent un bistrot, une grande épicerie bio évidemment ! Sièges et tables sont des objets recyclés. Le tri sélectif des déchets dans 5 compartiments distincts est omniprésent. Les murs sont décorés par les artistes du street-art dont le bordelais Alber et pour l’occasion, avec des œuvres de Shepard Fairey ou Jeff Soto.
Mouillez-vous pour les océans
Les têtes d’affiche, Hubert Reeves, la ministre de l’environnement Ségolène Royal, les surfeurs Tom Curren, Stéphane Latxague attirent les jeunes. Sont aussi invités politiques, scientifiques et 20 groupes de musique. De grands espaces pour accueillir la foule des écologistes, curieux et motivés par les organisateurs, surfeurs, vivants au plus près de la pollution des mers.
Hubert Reeves, astrophysicien à l’accent québécois, arrivé à pied, ouvre les débats. Il se dit ravi de parler devant un public jeune ! Lui qui, depuis des années, prêche devant certains politiques qui se contentent de se réunir mais sans agir. Il raconte l’histoire des tortues qui existent depuis plusieurs milliers d’années, qui ont su s’adapter et évoluer puisqu’elles vivent encore de nos jours. Il précise : « La nature sera toujours vivante, ce sont les hommes qui doivent s’adapter et évoluer. La Terre continue à tourner sans problème. Tout ce qui vit est nécessaire et nous permet une vie agréable. Mais les activités des hommes ont modifié l’équilibre naturel, il faut maintenant une adaptation très importante. On n’ira plus à New-York pour un oui ou un non. »
Biodiversité
Hubert Reeves est membre de l’organisation Humanité et Biodiversité qui dénonce les dérèglements climatiques et l’élévation du niveau de la mer. La biodiversité est vitale, sans elle, pas d’épuration des eaux ; pas d’agriculture, pas de fruits et légumes si les abeilles disparaissent. Les forêts, les sols et les océans absorbent la moitié des émissions de CO2. Mais l’élévation de la température entraine la modification du plancton et diminue son rôle dans l’absorption des émissions. Il faut préférer les solutions issues de la nature. Dunes végétalisées plutôt que digues artificielles, conserver des zones humides pour limiter les inondations, planter des arbres en ville pour limiter l’effet de chaleur. Il est possible d’agir, ce n’est pas une fatalité. Nous pouvons et devons inverser la tendance. La biodiversité, c’est l’avenir des humains.
Est-il trop tard ?
Jeudi 6 novembre 2015, toujours à Bordeaux, se pressent des lycéens, venus à la 5e édition des Tribunes de la Presse, intitulée La Terre a-t-elle perdu la boule ?, sur le thème du dérèglement climatique. Bruno Mézières du journal Sud Ouest, le climatologue Hervé Le Treut, Alain Rousset, président de la région et Stéphane Latxague de Surfrider fondation se répondent. Tous sont conscients que la forêt landaise est une zone vulnérable, que l’urbanisme a contribué à l’élévation de la température et que l’enneigement des stations pyrénéennes diminue. Le cycle de l’eau change, le domaine du vivant est affecté : chaque espèce a ses conditions de vie, donc s’il y a changement, cela génère des problèmes de santé, la pollution entraine des maladies.
Le surfeur est pessimiste et précise qu’il est crucial d’apprendre à vivre ensemble. Alain Rousset dit que la situation est grave en Aquitaine, avec 270 km de côtes menacées, mais les nouvelles technologies inventent des remèdes : prendre le train ou les transports en commun au lieu de la voiture, créer l’aménagement de la côte, comme le déplacement du sable d’Hossegor vers Anglet ou l’enrochement effectué à Lacanau. Utiliser beaucoup plus l’énergie photovoltaïque et favoriser le chemin de fer plutôt que la route pour le transport des marchandises.
L’écologie est l’affaire de tout le monde. Ne jamais détruire le vivant !
Texte et photos de Pierrette Guillot