L'objectif pour pinceau
Matthieu Ricard, moine bouddhiste, auteur, photographe, scientifique et fondateur de projets humanitaires en Asie, a été invité dans le cadre d'un projet artistique soutenu par les villes de Bordeaux et Mérignac.
Photographe depuis plus de cinquante ans, Matthieu Ricard a exposé ses photos, cet automne, sous les titres Peindre avec la lumière à Mérignac et Émerveillement, sur les grilles du Jardin public à Bordeaux. Venu au vernissage dans son célèbre vêtement orange et rouge de moine bouddhiste, il est resté souriant, serein devant la foule, curieuse de côtoyer ce personnage médiatique. « La photo est source d’espoir, a-t-il confié, elle restaure la confiance dans la nature humaine et ravive l’émerveillement devant la part sauvage du monde. Une bonne photographie n’est- elle pas une image que l’on ne se lasse pas de contempler ? Parfois, un éclairage extraordinaire vient illuminer une scène quelques instants, durant ce moment magique, on a l’impression de peindre avec la lumière »
Il ne veut montrer que ce qui est beau. Seuls les regards, les sourires des enfants méritent d’être captés par son objectif. Il donne une place de choix aux portraits de ses grands maîtres spirituels. Devant les paysages extraordinaires de l’Himalaya et d’ailleurs, il a précisé : « Les beautés de la nature doivent nous faire prendre conscience que la crise écologique est le grand défi de notre siècle. Quant à la lumière intérieure, elle est le reflet d’un profond sentiment de plénitude, de sagesse et de bienveillance. » C’est ce qu’il a recherché toute sa vie et qu’il veut transmettre.
300 000 personnes aidées
Dès 1967, il part en Inde, rencontre Shenchen Rabjam Rinpotché qui sera son maître spirituel. Il décide de devenir moine en 1979, s’établit dans l’Himalaya où il devient l’interprète du Dalaï lama. Durant ses retraites de plusieurs années dans les monastères en Inde, au Tibet, il a l’opportunité d’observer les montagnes enneigées, le cycle des saisons et de les photographier. Il est végétarien depuis longtemps et s’engage pour la protection de la nature et des animaux.
Dans les années 2000, il commence à publier des livres, L’art de la méditation, Plaidoyer pour le bonheur… jusqu’aux Carnets d’un moine errant, son dernier ouvrage. Le succès de ses livres le plonge dans un tourbillon d’interviews, d’émissions à la télévision et de conférences à travers le monde. Alors qu’il vit en Dordogne et alterne des retraites méditatives dans les lieux les plus inaccessibles, sans attache matérielle ou géographique, il n’a qu’un seul but : reverser l’intégralité des revenus de la vente de ses livres et photos à l’association humanitaire Karuna-Shenchen qu’il a créée avec son maître spirituel.
Cette organisation aide, chaque année, 300 000 personnes au Népal, au Tibet pour améliorer leur santé, l’éducation et rendre les femmes autonomes. Mais elle est intervenue aussi en France lors de la pandémie de Covid 19 : 40 000 personnes ont suivi le premier programme de résilience à destination des aidants et soignants. Sa formation scientifique en neuroscience guide ses recherches sur l’influence de l’entrainement de l’esprit sur le cerveau.
Charles Hastings, son compagnon de route, suggère de suivre ses séances de réflexion sur Internet : Apprenez avec Matthieu Ricard, les méditations sur l’éthique séculière ou comment devenir un être humain meilleur et plus compatissant. Sa dernière vidéo initie à la pleine conscience bienveillante.
Pierrette Guillot
Des photographies de Matthieu Ricard, exposées sur les grilles du Jardin public à Bordeaux(photos de D.Sherwin-White)