La peur de l'avion

Les sérieuses difficultés d’un vol récent Bordeaux-Paris ravivent les craintes de subir un accident aérien.

 

 

L’avion est de loin le mode de transport le plus sûr, loin devant la voiture dans laquelle nous nous sentons à tort plus en sécurité. Au niveau mondial, l’année 2017 a été la plus remarquable depuis 1946 avec seulement 44 morts impliquant les avions transportant des passagers pour 36,8 millions de vols. Le risque de périr dans un accident d’un avion est de 0,05 mort par million de voyageurs transportés.

 

 

 

Le vol Air France 7627

 

Les passagers qui embarquent pour Paris-Roissy, le lundi 15 janvier ont vécu deux heures d’angoisse. Après une quarantaine de minutes de retard pour remédier à un problème technique, l’avion subit, à l’approche de la capitale, de violentes turbulences qui inquiètent sérieusement même les plus sereins. Après l’annonce d’un nouvel incident technique qui se traduit par l’impossibilité de sortir le train d’atterrissage, un début de panique s’installe. Cela entraîne un déroutage sur Orly. Heureusement, les pompiers prévenus n’ont pas eu à intervenir. Le problème enfin résolu, l’avion se pose sans trop de difficulté et les passagers soulagés applaudissent la commandante de bord. Une hôtesse de l’air, également choquée, déclare «  Un tel vol, c’est la première fois que cela m’arrive en vingt ans de métier, j’ai pensé à mes enfants ! »

 

 

 

La sortie du train d'atterrissage est une phase délicate à laquelle a été confronté le vol Air France 7627 (D. Sherwin-White)
La sortie du train d'atterrissage est une phase délicate à laquelle a été confronté le vol Air France 7627 (D. Sherwin-White)

Un moteur prend feu

 

Cet événement rappelle à Dominique qui a beaucoup voyagé, la situation la plus grave qu’il a rencontrée. « Cela se passe dans les années 90/92, lors d’un retour Paris/Bordeaux depuis Orly dans un Airbus A 320. Le décollage se déroule normalement et l’avion prend progressivement de l’altitude. Soudain, le moteur droit prend feu ! Saisi brutalement, je suis collé à mon siège sans réaction. Mon cerveau qui va à toute allure échafaude la phase suivante qui, à l’image des films qui marquent notre mémoire, ne peut être que l’embrasement progressif de l’habitacle ! Le temps que je reprenne conscience, le moteur, coupé de son alimentation en carburant, s’est éteint. Avec les deux collègues présents, nous échangeons quelques plaisanteries pour surmonter l’angoisse qui nous tenaille. Le commandant de bord nous annonce banalement « suite à un incident technique, nous sommes contraints de revenir à l’aéroport ». Dans un climat d’anxiété, nous nous approchons des pistes. Une hôtesse nous annonce alors : «  Compte tenu des conditions difficiles de notre atterrissage, veuillez enlever vos chaussures pour être prêt à débarquer par les toboggans. » Nous apprenons que l’avion ne pourra pas utiliser ses freins moteurs mais seulement ceux des roues avec un risque d’incendie par échauffement.

 

Nous nous posons en bout de piste en voyant arriver les pompiers qui déversent largement sur l’appareil des produits anti-inflammables. L’inquiétude persiste car nous restons longtemps dans l’avion au lieu de sortir rapidement comme annoncé. Elle ne s’estompe qu’une fois dans le bus qui nous ramène à l’aérogare. Après deux heures d’attente, on nous annonce l’affrètement d’un nouvel avion mais un tiers des passagers renonce à reprendre l’avion ce soir là ! »

 

 

 

Comment surmonter l’appréhension

 

Plusieurs enquêtes font état de la crainte qui demeure à prendre ce mode de transport. Pour certaines personnes assez rares, c’est une peur viscérale qui se traduit par un renoncement total. À des degrés divers, 60 % des passagers ne sont pas à l’aise lors d’un vol difficile. Seulement un tiers est libéré de toute crainte mais le pourcentage varie avec l’intensité des turbulences. Pour un habitué, l’inquiétude ne vient que si les mauvaises conditions dépassent celles ressenties précédemment. Les violents trous d’air font facilement décoller les chariots s’ils n’ont pas été rangés à temps !

 

Comment maîtriser cette anxiété ? Certains se renseignent sur les conditions de vol, les pays survolés en s’assurant qu’il évite les pays sensibles comme l’Ukraine ou l’Égypte. D’autres vérifient si la compagnie concernée n’est pas dans la liste noire. Les plus atteints consultent un psy ou se font traiter par hypnose. D’autres participent à des stages spécialisés organisés par les compagnies. Nul doute qu’ils aient un succès croissant devant l’intérêt grandissant d’une majorité des Français à découvrir le monde.

 

François Bergougnoux