L'automobile ancienne, une raison d'être, une raison de vivre.

Thierry Chave, sympathique quinquagénaire a créé sa petite E.U.R.L. Chromes Automobiles à Talence, il y a 6 ans. C'est ainsi qu'il s'autorise à vivre de sa passion. Il importe des voitures anciennes, surtout de Grande-Bretagne et des États-Unis et les restaure. Des sites internet dédiés lui servent de principaux interlocuteurs : ebay.com, ebayco-uk, hemmings.com...

Différents modèles qu'il entretient avec le plus grand soin, se succèdent dans son garage. Il met son commerce dans le contexte actuel : « Le prix d'une voiture, c'est le marché, c'est vous, c'est moi. Si l’on propose une 2CV restaurée et bien entretenue à 10 000 euros, il ne faut pas oublier qu’il s'agit tout de même de 10 fois le salaire mensuel d'un ouvrier : est-ce bien raisonnable ?... Aujourd’hui, on est confronté au dilemme de restaurer une petite auto populaire à un coût qui va le plus souvent dépasser la valeur marchande de la voiture… Ensuite, il y a le phénomène des modes : la 2 CV, la Fiat 500…, les Mercédès 190 SL, les Porsche classiques, les GT italiennes des trente glorieuses etc. dont les prix sont exorbitants. »

Une Buick 58 de 5,60 m.

« Mais le négoce des voitures, c'est mon boulot. Dès que la parité internationale est moins favorable, je me rabats sur l'euro. Cela me fait économiser les frais de transport et de douane. Le transport de ma Morris Traveller depuis la Grande-Bretagne m'est revenu à 1 130 euros. Je me déplace peu et j'achète uniquement sur Internet. Si j'ai un doute, pour un achat à l’étranger, je mandate un expert professionnel. Il m'envoie un rapport circonstancié sur le véhicule et son suivi, accompagné d'une centaine de photos. C'est ainsi que j'ai acheté une Buick 58, état neuf d’origine, de 5,60 mètres de long. De tels achats nécessitent de nombreux frais de vérification et de démarches logistiques et administratives. Dès qu'il s'agit de voitures anciennes qui me conviennent, je suis prêt à jouer le jeu. » Et d'en citer quelques-unes qui lui ont tapé dans l'œil : Oldsmobile coupé 1948, Jaguar type E coupé, Pontiac Firebird 400 de 1969, Triumph TR3, etc…

Ces acquisitions exigent des délais de 2 à 3 mois. Il s'agit alors d'avancer les fonds. Mais le marché des voitures anciennes est en train de s'ouvrir : rendez-vous mensuels, communautés de collectionneurs de voitures anciennes relayées par la Fédération Française de Véhicules d'Époque. Cet organisme permet d'ailleurs d’obtenir le certificat, précieux césame permettant d'immatriculer ces véhicules en France avec une carte grise spéciale collection.

« Je ne conduis plus que les voitures anciennes », avoue ce passionné qui a vendu son BMW break pour ne rouler qu'en Dodge 1948, (voiture à son nom qu’il garde)

Des machines à remonter le temps

« À Paris, maman m'emmenait jouer au square Violet, dans le 15^e arrondissement et nous passions devant un petit garage de mécanique générale. Les odeurs d'huile et d'essence mélangées me fascinaient déjà. Les bruits, les formes et les couleurs de ces voitures d’alors, 4 CV, Aronde, Frégate m’interpelaient… J'en découpais des photos dans les magazines pour en décorer ma chambre. »

J'ai commencé ma vie professionnelle comme chef de rayon dans les grandes surfaces. J'en ai démissionné pour me consacrer au commerce de véhicules chez Simca, Chrysler puis Mercédès... » Thierry a néanmoins entrepris entre-temps une formation appropriée à l'école de vente de Mercédès-France puis à l'ESCRA, école supérieure de commerce et de réparation automobile, au Mans. Sa carrière dans l'automobile s'est alors élargie : Volvo, Lancia, Jaguar...

À la faveur d'un licenciement économique, il a monté sa structure économique, Chromes Automobiles, négoce de voitures de collection. Il effectue lui-même les réparations mécaniques, électriques et de sellerie mais fait appel à un sous-traitant pour la peinture et la carrosserie.

« Je prends ma retraite dans un peu plus de 3 ans et j'espère bien que ma passion me mènera allègrement jusque-là, et même au-delà. J'aime toutes les vieilles voitures. Je serais incapable d'en privilégier une. Ce sont des machines à remonter le temps. » À rêver de manière ininterrompue.

Brigitte Ravaud Texier