Saveurs solidaires

Une restauratrice promeut à Bordeaux la cuisine de son pays, la Syrie, tout en œuvrant à l’intégration de personnes réfugiées par la voie professionnelle.

Dima entourée de son équipe
Dima entourée de son équipe

 

C’est au 73, cours Victor-Hugo que Dima Chaban et son équipe, exclusivement féminine, s’affairent pour cuisiner les saveurs de leur pays, la Syrie. La Cour de Nana, restaurant ouvert en novembre 2019, a su rapidement se faire une place dans le paysage gastronomique bordelais, en proposant une cuisine dépaysante et délicieuse, dans un cadre chaleureux, alliant traditions et convivialité.

 

Rester proche de la Syrie

D‘origine syrienne, Dima est née en Jordanie. Issus d’un milieu intellectuel, ses parents et grands-parents s’y étaient alors réfugiés après avoir fui, à l’époque, le dictateur Hafez al Assad, père de l’actuel président. Bien qu’arrivée en France à l’âge de 9 mois, elle grandit dans la culture de sa famille, avec la langue arabe parlée à la maison, ce qui lui permet de conserver un lien proche avec la Syrie. Au début du conflit syrien en 2011, la famille Chaban souhaite apporter sa pierre à l’édifice de la révolte populaire réprimée par le gouvernement. Dima traduit alors des vidéos réalisées par des contestataires en Syrie afin de faire connaître la situation de son peuple en France. Son père, médecin, s’engage alors dans plusieurs pays frontaliers de la Syrie, afin de former des praticiens qui interviennent à leur tour auprès des victimes du conflit.

Après des études de communication et marketing, Dima part pendant un an en Égypte auprès d’une ONG qui apporte une aide aux réfugiés syriens. Cette expérience va changer le cours de sa vie. À son retour, elle entame des études dans une école de commerce mais ce cursus l’éloigne des valeurs humaines qu’elle souhaite promouvoir. Elle choisit alors de s’engager dans un projet utile à ses yeux, en lien avec la Syrie et sa culture qu’elle affectionne.

 

Tournée vers l’humain

C’est finalement un café-restaurant qui voit le jour, composé d’une équipe de femmes d’origine syrienne et ayant le statut de réfugiées. Le pari de Dima est alors gagné, faire de La Cour de Nana un lieu solidaire et engagé qui met en valeur l’intégration par la voie professionnelle : « Mon projet était aussi de pouvoir offrir un tremplin à des femmes syriennes pour qui il est difficile de trouver du travail en France ».

Très récemment, Dima et son équipe ont préparé pendant plusieurs semaines, en collaboration avec le SAEMNA* de Gironde, des repas pour les mineurs non-accompagnés, logés provisoirement dans un hôtel bordelais. L’expérience est valorisante et riche en échanges humains et culturels.

D’autres actions sont à venir, comme l’organisation d’activités culturelles autour de la musique et de la cuisine, mais aussi des interventions de personnes réfugiées qui peuvent alors évoquer leur parcours.

La Cour de Nana est, avec le parcours riche et singulier de sa fondatrice, un bel exemple d’entreprise

 

* Service d’accueil et d’évaluation des mineurs non-accompagnés

à emporter

Pendant les restrictions sanitaires, La cour de Nana s’est adaptée pour continuer à régaler les Bordelais. Les délicieux brunchs syriens sont à venir découvrir et à emporter les samedis et dimanches. Réservations sur Instagram et Facebook La Cour de Nana.

 Léa Thomas