Terres polaires
Bienvenue à bord du Princess Danae! Avec le commandant et son équipage vous embarquerez pour voguer, à la découverte de trois pays : Canada, Groenland et Islande.
Entre terre et mer, dans la lumière du soleil, vous serez fasciné par les villes majestueuses de Montréal, Québec, Reykjavik, le parcours du fleuve Saint Laurent, les régions authentiques du cercle arctique, ses icebergs à la dérive et une terre nouvelle où la fumée sort de ses entrailles.
De Montréal à Québec
C’est à Montréal que les passagers s’installent dans le bateau, empressés de découvrir cette ville moderne et cosmopolite. Depuis le pont, vous embrassez d’un clin d’œil le panorama : le Mont Royal, baptisé par Jacques Cartier en 1535, surplombe la cité avec balcons sur les gratte-ciel de verre et d’acier. C’est la Montagne, comme on l’appelle ici. L’été, on y pique nique ; l’automne, on y fait du jogging et l’hiver, le lac gelé des Castors devient patinoire. Deuxième ville de langue française du monde après Paris, l’insaisissable métropole se distingue par son patrimoine architectural qui traduit trois siècles d’histoire. C’est un régal d’emprunter ses larges avenues, bordées de pistes cyclables, ses parcs fleuris avec ses points d’eau. D’un côté, vous vous promenez en calèche dans les rues anciennes pavées, jalonnées de galeries d’art, de boutiques d’artisans et quelques mètres plus loin, c’est un virage dans la modernité avec la forêt des buildings. Ne manquez pas la visite de la basilique Notre Dame, de style néogothique inspiré de Notre Dame de Paris, réputée pour sa richesse intérieure.
Ce mois d’aout, il est agréable de s’installer à une terrasse et le soir, de contempler à la sortie des spectacles, la cohue dans la rue. Ici, on vit la nuit. Avec leur accent de charme, leur bonne humeur, le canadien est toujours disposé à vous conseiller.
Après quelques heures au fil du fleuve Saint Laurent, le Danae accoste au Québec, berceau de la civilisation française en Amérique du Nord, fondé en 1968 par Samuel de Champlain. La ville, juchée sur un promontoire domine le fleuve. Du haut des falaises, Le château-hôtel de Frontenac avec ses clochetons, ses tours, dresse son étrange silhouette. Vite, les passagers se pressent pour s’y rendre en funiculaire.
Là, vous retrouverez la France du XVIIIe siècle en admirant la place Royale très animée avec ses artistes, ses boutiques aux enseignes colorées et l’église Notre Dame des Victoires, connue pour son hôtel en forme de château fort. Des excursions à ne pas manquer : l’île d’Orléans avec ses bâtiments classés au patrimoine culturel et les célèbres chutes de Montmorency, site emblématique de la région. Hautes de 83 mètres, soit 30 mètres de plus que celles du Niagara ! Spectacle éblouissant à cette saison estivale.
Et bienvenue chez L’En-Tailleur sirop d’érable où vous découvrirez la spécialité canadienne qui agrémente crêpes et la succulente tarte à la myrtille. Le feuilleté d’escargot, le confit de lièvre et la poutine* font partie aussi des plaisirs de la table.
Le soir, sur le Danae, la croisière s’amuse au rythme de danseuses de french cancan, de magiciens, joueurs de flute de pan, tandis que le bateau navigue pour accoster à 7 h du matin au Havre Saint Pierre, port d’accès au parc nord de l’archipel de Mingam. Là, d’étonnants monolithes rocheux, ciselés par le vent, les vagues, parsèment les côtes où les macareux, perroquets de mer, viennent se poser.
En mer vers le Groenland.
La plus grande île du monde dont la superficie représente cinq fois la France. Les 9/10e sont recouverts par la calotte glaciaire.
Le Danae navigue dans la mer du Labrador. Et, bientôt, aux abords du continent, quelques silhouettes se profilent : ça et là des blocs de glace surnagent, la magie opère. Imposants, énormes, les icebergs, véritables chefs d’œuvre, posent le décor d’une aventure hors du temps. Le bateau se faufile au milieu de ces sculptures flottantes, guidées par les forces des vents et des courants. Tous les passagers, bien encapuchonnés, jumelles à la main, appareils photos, caméra, veillent sur le pont, aux aguets. Le soleil pointe son nez et éclaire les blocs de glace tel un formidable projecteur faisant scintiller toute une palette de couleurs du bleu profond aux turquoises. Spectacle hallucinant où le génie créateur de la nature se dévoile à vos yeux sous la forme d’un incroyable enchevêtrement de formes étranges : une tortue géante, un requin, un hydravion ! Un atoll ? On imagine.
Au pays des Inuits
Le Princess Danae est sur rade devant Nanortalik, petit village, situé au sud de l’île du Groenland. À 13h, le soleil est au rendez vous et très vite, les passagers s’entassent dans les chaloupes pour mettre pied dans la commune. Elle représente l’une des premières habitations de l’île, aussi bien pour les Inuits que pour les colonisateurs scandinaves. Fondé en 1770, le village a été déplacé afin d’améliorer sa fonction de port. Les maisonnettes, toutes de couleurs vives, se découpent devant les hauteurs du continent. Les Inuits, ravis, vous accueillent avec un large sourire ; ils vivent principalement de la pêche. Les enfants, joyeux, souvent édentés, circulent en trottinette mais déjà la civilisation occidentale a pénétré cette île et les ados adoptent le même look que les européens : cheveux en pétard, jean dégoulinant, inséparables de leur portable.
Ici, la mer règne en déesse sur toutes les créatures marines mais il ne faut pas en abuser car telle est la légende : les pêcheurs reviennent bredouille et la famine s’installe. Les tupilaks, autrefois utilisés pour jeter de mauvais sorts, comptent parmi les souvenirs à ramener. Sculptés dans la corne de narval de caribou, ils représentent des figures effrayantes. Vous assisterez à la danse du masque et du tambour qui, à l’origine, représentait un duel entre l’honneur et la dignité.
Les yeux remplis de ces images insolites, vous poursuivrez la navigation vers Sermiliksfjord, un des plus spectaculaires fjords de l’hémisphère Nord, alimenté par l’inlandsis du Groenland. Ici, les blocs de glace, énormes ont des allures de châteaux forts. Puis, Le Princess Danae arrive devant l’île d’Amassalik. C’est un ravissement de contempler ces exquises sortes de crèmes glacées, œufs à la neige flottants avec au fonds des aiguilles qui se hérissent sur l’île où cascades, glaciers, lacs, flore font la joie des randonneurs.
Tasiilak, petit village de 1990 habitants, très coloré, connu grâce à Paul Emile Victor, vit de la pêche. Il est bloqué une grande partie de l’année ; son musée garde le souvenir de ses habitants. Au bout de la commune, vous aurez une pensée émue face aux croix blanches du cimetière qui jaillissent comme des spectres, se découpant sur le ciel bleu azur.
Magie de l’Islande.
Puis, vous naviguerez dans le détroit du Danemark jusqu’à votre arrivée en Islande, située à 287 km du Groenland. Le paysage est lunaire, constitué de plateaux de lave inhabitables avec 200 volcans dont l’un s’est réveillé récemment. Un des endroits les plus actifs sur la plaque tectonique.
Le bateau accoste devant Grundafjord, une des plus belles péninsules de l’Islande. Tout au fond, se dresse le gigantesque glacier du Snaefellsjokull, un peu le Fuji-Yama islandais, où Jules Vernes a choisi de faire son fameux Voyage au centre de la Terre.
Vous êtes saisi par le mystère de ces lieux, peuplés de mythes. Le guide du bus effectuant le tour de l’île, évoque avec passion les personnages légendaires qui peuplent les sagas. Un arrêt s’impose pour contempler ces gigantesques geysers, sortant de terre puis ces lacs d’eau boueuse et bouillante. Faites un vœu en y lançant une pièce. Et ne manquez pas de vous plonger dans les eaux chaudes d’une source thermale, en pleine nature. Ces eaux qui permettent de chauffer les bâtiments de la ville.
Vous aurez du mal à quitter cette destination finale : mystérieuse Reykjavik faite de contrastes, scandinave avec ses maisons très colorées, site choisi des dieux, baigné par le golf Stream. Vous y dégusterez toute la fraicheur de la mer : fruits et poissons frais variés, saumons, requins, harengs.
À travers ces océans, source de sérénité, ces contrées où le dieu créateur de la nature a su fabriquer d’étonnantes sculptures, faisant jaillir les eaux, la fumée, vous fermerez les yeux un instant pour mieux tutoyer vos rêves.
Elisabeth Gillon