Denise DUPONT-ESCARPIT, une écrivaine injustement peu connue, a traversé le XXème siècle à l’ombre de son époux

Par Arlette Petit

Née à Dax en 1920, d’une mère institutrice et d’un père contrôleur des Impôts Denise DUPONT-ESCARPIT, entrée en 6ème à l’âge de 9 ans, a été brillante dans ses études ; elle obtint sa licence de Lettres Classiques en 1939 et sa licence d’anglais l’année suivante.

C’est aussi l’époque du patriarcat : le mari peut disposer de la dot et de la fortune de son épouse dans les milieux aisés. Avec l’apparition des suffragettes, mouvement né en Angleterre, la gent féminine se réveille pour tenter d’obtenir l’égalité des sexes.

Plaisir de la lecture

Sa tendre enfance se passe dans le nord de la France à Château-Thierry, région dévastée par la guerre de 14-18 où son père est nommé. Leur demeure est une petite maison en bois au milieu de ce qui reste de la forêt, les Allemands ayant percé les troncs de la majorité des arbres pour les faire crever. La lampe était mise en veilleuse la nuit pour empêcher les loups d’approcher. C’est à la lueur de cette lampe à pétrole que Denise découvre le plaisir de la lecture avec la complicité de sa mère qui partage la même passion. Elle se rend à l’école chaussée de sabots de bois garnis de paille et en hiver entourés de chaussettes pour ne pas glisser.

La famille revient dans la région bordelaise en 1925, Denise va à la maternelle rue Bernard Adour, à Caudéran, puis à la primaire rue Jules Ferry. A huit ans, elle découvre que Victor Hugo n’en avait que dix-huit lorsqu’il écrivit son premier roman (Bug Jarval).

Au Lycée Mondenard (Camille Julian actuel), très grande, très sportive, elle court les 5000 mètres et se fait remarquer. A cause d’un problème de santé, elle doit abandonner. Les restrictions alimentaires durant son adolescence en sont peut-être la cause. Ce qui est sûr, c’est que le manque de nourriture deviendra pour elle une obsession tout au long de sa vie.

Freinée dans son parcours

A cette période, elle fait la connaissance d’un “beau jeune-homme" Robert ESCARPIT qu’elle épouse le 22 août 1942. Elle donne des cours dans différents établissements pour gagner sa vie.

À Mexico

En 1943, elle donne naissance à son premier enfant, une fille prénommée Françoise. Après un séjour en Normandie, où grâce à une alimentation riche elle recouvre ses forces, la famille revient dans le Sud-Ouest à Arcachon. Elle enseigne le français dans le lycée qui a été déplacé à la Villa “Graigerost” dans la ville d’hiver. Sa seconde fille Michèle naît en 1945. Après l’obtention de sa démobilisation, Robert est contraint de partir au Mexique en tant que nouveau Secrétaire Général de l’Institut Français d’Amérique Latine (IFAL). Ils embarquent au Portugal et le voyage dure vingt-cinq jours. Denise exerce alors dans un lycée à Mexico. En 1947, elle est titularisée dans l’enseignement secondaire.

Ils reviennent en France en 1949. Son mari continue de gravir les échelons : journaliste, écrivain, dramaturge. Alors que son mari gravit les échelons universitaires, elle prend conscience que, dépourvue de la langue de bois, trait de caractère qu’elle affirme et assume, elle a été freinée dans son parcours universitaire malgré sa thèse. Elle ne s’est pas sentie vaincue, elle a pu accéder au poste de professeur à l’IUT de journalisme de Bordeaux (créé par son mari)

Denise DUPONT-ESCARPIT est l’auteur d’une quantité incroyable d’ouvrages dont beaucoup destinés à la jeunesse. Elle sera également fondatrice et directrice de la revue “Nous voulons lire” revue de référence sur le livre pour enfants.

Bibliographie :

4000 caractères