Les défis de Mallorie
Affronter la maladie a été un dur combat .
Lors d’un week-end de septembre 2011, la vie de Mallorie bascule. Anormalement fatiguée, avec une forte fièvre, la jeune femme de 26 ans est transportée aux urgences où on lui détecte un virus et une encéphalite limbique. Après un mois de coma, un an d’hôpital et trois ans de rééducation, elle retrouve peu à peu son autonomie et sa mobilité pour travailler et conduire.
Un parcours semé d’obstacles
Elle est passée par toutes les étapes pour remarcher, récupérer toutes ses facultés intellectuelles et physiques
D’abord allongée dans un lit, elle passe au fauteuil, marche avec un déambulateur, se sert de cannes et maintenant se redresse progressivement par des étirements avec l’aide de son kiné quatre fois par semaine, puis essaye de s’en passer et y arrive ! Son plus cher souhait, est de « refaire du ski pour sentir le vent lui fouetter le visage ». Mais elle dit en riant qu’elle attendra tout de même d’avoir fait d’autres progrès.
Mallorie est une battante. Elle a toujours été, volontaire, perfectionniste, dynamique. Ses parents, ses amis l’ont aidée à sauter les obstacles, son père qui la faisait manger à la cuillère à l’hôpital tous les jours. Les aides psychologiques sont aussi primordiales. Il faut combattre sur tous les fronts et même « persuader les médecins, les soignants que l’on peut toujours aller plus loin » Un combat acharné, quotidien, parsemé d’incertitudes et aussi d’espoirs. Le combat pour revivre.
« Si on veut retrouver son autonomie, il faut aussi retrouver sa mémoire » À la Tour de Gassie, il lui a fallu deux ans de rééducation pour « retrouver ses marques et ne pas se perdre dans l’établissement dans un premier temps ! Dans un autre domaine, pour la nourriture dont elle n’avait plus envie, n’en sentait ni le goût, ni l’odeur, elle a suivi, pour y remédier, une hypno thérapie qui s’est avérée positive, à tel point , qu’après 6 ans, elle a enfin pu apprécier autre chose que son plat habituel, les « coquillettes, jambon »
Travailler et conduire
Là aussi, ce ne fut pas simple. Comment convaincre un DRH d’un réseau de magasins de mode où l’on a travaillé auparavant, que l’on peut, avec un handicap, être aussi performante que les autres employés ? Depuis 2015, elle travaille quatre heures par semaine dans un secteur d’activité qui lui a toujours plu et pour lequel elle a obtenu une licence de commerce et distribution. Toujours aussi dynamique, elle renseigne les clients, assure les objectifs qui lui sont impartis comme tous ses autres collègues ! C’est avec l’aide précieuse de la responsable du magasin de Saint-Médard-en-Jalles, son premier emploi dans la société, qu’elle a pu recommencer. Avant sa maladie, elle avait franchi toutes les étapes dans ce réseau, vendeuse, adjointe à la responsable du magasin Jules d’Agen pour maîtriser la formation de responsable qui lui était promise.
La bataille permanente qu’elle a menée pour aboutir à cet emploi a été précédée en 2014 par son implication dans le bénévolat. Des amis lui ont suggéré d’aider le Foyer Fraternel protestant aux Chartrons, ce qu’elle a fait dans l’accueil de ce centre. Ce fut pour elle un formidable tremplin qui lui a redonné confiance, être capable encore de « faire quelque chose »
Pour ne pas se couper de sa famille, de ses amis, donc se déplacer sans l’aide d’un proche, il lui fallait reconduire donc repasser son permis. De nouvelles démarches furent accomplies. Elle et ses parents ont dû rencontrer une neuropsychiatre et obtenir son accord en lui démontrant que ses capacités étaient intactes, ce qui fut fait. Elle a obtenu son permis avec succès.
Pour Mallorie, le combat continue, mais elle souligne qu’elle a trouvé tout au long de ce périple des gens formidables pour l’aider, médecins, soignants mais que, parfois elle s’est heurtée à une forme d’inertie de la part d’autres personnes qui ne l’encourageaient guère et l’incitaient plutôt à « se contenter de sa situation » Impossible à admettre !
Martine Lapeyrolerie