Conter fleurette
Si vous croyez que le square Bertrand de Goth, non loin du pont de Cauderès à Bordeaux, est uniquement réservé aux enfants et aux personnes âgées, vous faites erreur.
Le square a abrité les premières rencontres de Marjorie et d'Antoine (D. Sherwin-White)
Marjorie, 13 ans et Antoine, 15 ans sont des preuves vivantes. Y-t-il image plus attachante, plus mignonne, plus positive que de les voir tendrement enlacés, se chuchotant des mots doux ?
Amoureux en 10 secondes
Ils n’hésitent pas à se dévoiler, à parler de leur attirance réciproque avec une sincérité touchante.
« J’ai été amoureux de Marjorie en 10 secondes » raconte Antoine « dès que je l’ai vue dans la cour de l’école. » Ils fréquentent, en effet, le même collège Alain Fournier.
« Je l’ai aperçue grâce à ses copines qui la portaient et lui souhaitaient toutes en chœur « Joyeux anniversaire »
Je me suis débrouillé pour m’adresser à un copain qui la connaissait. Trouver son téléphone a été un jeu d’enfant. »
Le square situé non loin du collège, tranquille et ombragé, a abrité leur première entrevue. « On s’est parlé, on a bien rigolé et on s’est plu tout de suite. « Il était beau, gentil » commence à affirmer Marjorie jusqu’à ce qu’Antoine la coupe d’une voix faussement sévère : « Comment il était…Et maintenant je ne le suis plus peut-être. » Un fou rire complice les secoue en même temps.
« Mon père n’aime pas que nous nous retrouvions. Il trouve Antoine trop vieux pour moi. Mais lui, il a bien épousé maman alors qu’elle avait dix ans de moins que lui. Heureusement, maman est beaucoup plus cool. Je me confie plus volontiers à elle. Et elle admet sans problème que nous nous voyions. »
Les parents d’Antoine, quant à eux, trouvent Marjorie mignonne et très sympa.
L’année prochaine, Marjorie va entamer une année de sport études au CREPS de Talence dans la section hand. Actuellement très forte dans cette discipline, elle est extrêmement motivée
Les idées claires
Antoine est beaucoup plus réservé sur son avenir. Il entrera en Seconde générale en septembre. Et après, difficile. « J’aime tout...patiner, nager, jouer au bowling mais surtout les sports à forte sensation. J’ai déjà fait de la plongée sous-marine. J’adorerais sauter à l’élastique ou en parachute. Je suis vachement attiré par le volley que je pratique régulièrement mais pas au point d’en faire mon métier. Pour rien au monde, Antoine ne se lancera dans l’enseignement. « Les profs, on veut bien les aimer tous, ce sont eux qui ne nous aiment pas toujours. Je trouve les relations avec les autres trop compliquées. Et les profs, je les plains. »
De toute façon, les deux tourtereaux ont les idées bien claires. « Si notre histoire tient au-delà du bahut, notre relation y gagnera en solidité. Après on verra bien » Ils n’excluent le mariage ni l’un ni l’autre. Mais l’échéance est encore lointaine.
Au collège, en classe de quatrième ou de troisième, beaucoup de couples se sont déjà formés. « Mais depuis que Julien et Emma ont rompu, la palme de durée de la relation leur revient. Pour les autres, ce sont surtout des tocades, quinze jours, quelques semaines maximum. Nous, cela fait déjà 6 mois et 13 jours. » Dûment répertoriés.
Lire des livres
« Même les profs sont au courant. Ils rigolent et se moquent parfois gentiment de nous. Le prof d’espagnol surtout. Si je dis quelque chose qui lui semble incongru, il ne manque pas de me menacer : « Attention Antoine, je vais le répéter à Marjorie. »
Les deux jeunes gens s’amusent, ils se sentent bien ensemble.
À quoi occupent-ils leurs loisirs ? Les jeux vidéo bien sûr, l’ordinateur, la télé comme tous les adolescents du monde. Ils sont souvent accrochés à leur téléphone mais cela n’entrave en rien leur sens relationnel. « On n’a aucun mal à faire des connaissances et à nous échapper de l’espace virtuel. » Marjorie avoue cependant avoir perdu des points dans des matières importantes à cause des jeux vidéo. Mais Marjorie aussi bien qu’Antoine adore lire. Ils bouquinent quotidiennement. Antoine vient de terminer la dernière ligne du Seigneur des Anneaux. 1400 pages, pas moins.
Et les joints alors… « Bien sûr, ils circulent en classe. Et il arrive qu’on passe pour une bêcheuse si on les refuse.
Mais il suffit de savoir ce que l'on veut."
Brigitte Ravaud Texier