La solidarité contagieuse

De gauche à droite, Catherine Descude, Corrinne Vincent de Mèdecins du Monde

Le centre bordelais de Médecins du Monde, ouvert depuis 1986, permet aux plus précaires d’accéder aux soins.

 

Texte Jean Malbot

Photos Dafydd Sherwin-white

 

Le siège bordelais de Médecins du Monde (MDM) se trouve rue Charlevoix de Villers dans le quartier populaire de Bacalan. C'est sans doute un bon choix que d'avoir implanté cette structure qui reçoit les malmenés de la vie dans ces rues calmes aux immeubles modestes.

Ils viennent ici sans doute plus facilement que si on les recevait dans le « triangle d'or » de Bordeaux.

Nous sommes accueillis par Corinne Vincent et Catherine Descudet, respectivement responsable du centre et bénévole.

 

L'Observatoire : Comment décrire Médecins du Monde ?

— Corinne Vincent : C'est une ONG dont le but est de permettre aux plus précaires, sans couverture médico-sociale, d’accéder aux soins. Son rôle est de recevoir, d'aller où les autres ne vont pas et de témoigner.

Elle est née d'une scission d'avec Médecins sans frontière en 1980, mais les désaccords du début se sont largement estompés et aujourd'hui il y a complémentarité plus que rivalité. MDM est présent sur tous les continents.

 

— Quel est le rôle d'un centre MDC à Bordeaux ?

Il existe15 centres identiques en France, connus sous l'acronyme CASO : centre d’accès aux soins et orientation. Celui de Bordeaux est créé en 1986. La prise en charge par MDM est en principe provisoire jusqu'à l'obtention de l'AME1 puis de la CMU2 et l’intégration au droit commun.

Nous apportons aussi une aide aux démarches administratives et éventuellement juridiques dans la mesure de nos modestes connaissances.

Environ 5 000 personnes ont été accueillies en 2023.

 

— Qui vient dans ce centre ?

En majorité des migrants économiques, politiques, demandeurs d'asile etc... Beaucoup viennent d'Afrique sub-saharienne mais aussi d'Afrique du nord et d'Europe de l'est (Serbes, Croates, Bulgares, Caucasiens…)

Les pathologies sont multiples et peuvent parfois être considérées comme bénignes mais le contexte dans lequel elles surviennent rend souvent la prise en charge difficile. Enfin, nous nous efforçons de jouer un rôle dans la prévention vis à vis du sida, de la drogue et de la santé sexuelle…

N'oublions pas que nos patients n'ont parfois pas de domicile ou squattent des logements très insalubres.

 

— La langue est-elle un obstacle ?

La plupart des bénévoles se débrouillent en anglais mais c'est évidemment plus compliqué avec le serbo-croate ou le bulgare ! Toutefois le CASO peut utiliser un service d’interprétariat par téléphone situé à Paris, bien utile, mais qui rend certaines consultations très longues.

Les smartphones traducteurs qu'on est parfois surpris de voir entre leurs mains (mais c'est le moyen de communiquer entre eux) peuvent être aussi utilisés.

 

— Combien de personnes collaborent au CASO ?

Il y a 3 salariés administratifs et environ 50 personnes qui interviennent :15 médecins et une trentaine de personnes s'occupent de l'accueil, de conseil, d'orientation.

Tous sont bénévoles. Des cours de français sont également dispensés deux fois par semaine. Parmi les médecins il y a surtout des généralistes et quelques spécialistes dont un cardiologue et un psychiatre plus une sage-femme et des psychologues. Pour les spécialistes non représentés, les patients sont adressés au Parcours accès spécifique santé de l’hôpital Saint-André (le PASS)

En somme on peut dire que MDM offre un « recyclage » a des professionnels retraités. Et ils sont nombreux. 

1 AME : Aide médicale d'État

2 CMU : Couverture mutuelle universelle 

MDM Gironde

2 rue Charlevoix De Villers

05 56 79 13 82