Tais-toi et nage !

« La traversée de Bordeaux à la nage » figure sur le logo de la manifestation. Il s’agit, bien sûr, de la traversée de la Garonne. Épreuve phare de la prochaine fête du fleuve, la version 2011 se profile sous une forme totalement inédite.

Le ponton d'honneur d'où s'élanceront les 500 nageurs pour traverser le fleuve ( M. Depecker)
Le ponton d'honneur d'où s'élanceront les 500 nageurs pour traverser le fleuve ( M. Depecker)

 

Le parcours de la traversée de la Garonne 2011 est totalement reconfiguré. La distance à franchir à la nage reste la même, 1 700 mètres. Ce sont les points d’arrivée et de départ de la course qui différent. Depuis 2007, le départ était donné en un point de la rive droite et l’arrivée se situait en un autre endroit de la même rive. Dorénavant, c’est toute la largeur du fleuve que sillonneront les nageurs puisque les sportifs s’élanceront du ponton d’honneur sur la rive gauche jusqu’à la cale du Port Bastide sur la rive droite.

 

Prouesse sportive

« Il y a de plus en plus de candidats à vouloir participer à ce challenge », indique Julie Seymen, étudiante en communication, organisatrice-stagiaire de la Traversée de Bordeaux à la nage. Elle s’active sur le projet depuis octobre dernier entre inscriptions, logistique, intendance, sécurité, recherche de sponsors et recrutement de bénévoles.

Pour la session 2011, les demandes ont afflué sur Internet alors que les inscriptions sont limitées à 500 pour des raisons de sécurité. Un sauveteur diplômé est, en effet, requis pour six nageurs en compétition. Une priorité favorise l’inscription des licenciés de la Fédération française de natation, celle de triathlon, et Handisport. Les autres candidats doivent avoir plus de 18 ans et savoir nager. À chacun de présenter un dossier mentionnant le chronométrage de ses 400 mètres parcourus en nage libre, signé par un maître-nageur.

Le 18 juin prochain, jour J, les participants seront séparés en 4 vagues de 125 nageurs pour l’organisation de départs différés. Les moins rapides s’élanceront les premiers pour une simple question de marée car de cette façon, le courant plus favorable en début de journée privilégie les nageurs les plus lents.

 

Enjeu écologique

Balises et paddle-boards (surfs géants), dirigés par des sauveteurs allongés à plat-ventre, guideront les nageurs tout au long de la course. Les vainqueurs désignés par vague seront récompensés.

La Garonne a sûrement été traversée à la nage depuis la nuit des temps. Mais l’épreuve officielle s’est interrompue en 1951 en même temps qu’ont fermé les bains municipaux du fleuve au profit des piscines. Elle n’a repris qu’en 2007 à l’initiative du club de la section de natation des Girondins de Bordeaux.

Marc Lafosse, jeune océanographe, a succédé à Jean Boiteux, décédé en avril 2010, à la présidence de ce club. Directeur des Énergies de la Lune, il a l’habitude de travailler sur la qualité des eaux en estuaire. Et d’après ce spécialiste, les eaux de la Gironde figurent parmi les plus propres d’Europe. L’émission de CO2 produit par l’événement et tous les nageurs en plein effort sera dûment calculée. Jusqu’où va se nicher la pollution ? Les organisateurs se sont d’ailleurs engagés à planter en compensation un lot d’arbres sur le domaine de leur club à Mérignac.

 

Le goût du challenge

Loric a tenté l’aventure en 2008. « J’étais étudiant en fac de sport, nageur-compétiteur et je voulais tester mes capacité en milieu naturel. Que de monde, le jour du départ ! Une réelle cohue toutefois maîtrisée par un service d’ordre efficace. Après m’être changé dans ma voiture, je me suis vu attribuer un dossard et enrôler dans la deuxième vague. Je n’ai pas eu le temps d’éprouver la grande solitude nécessaire à la concentration du sportif avant l’effort. Dans le bain dès le coup de pistolet du départ, je me suis frayé une voie dans l’élan collectif. J’ai nagé en crawl-polo pour ne pas prendre le risque d’avaler d’eau. Mais à mi-parcours, j’ai bu une de ces tasses ! J’en ai encore le goût de vase dans la bouche.

Je m’attendais à ne voir que des nageurs confirmés à la morphologie caractéristique. Or, j’ai été très surpris par la diversité des candidats: il y en avait de tous les âges et de tous les gabarits. J’espère renouveler cette expérience prochainement. » Rien ne l’en empêche. Il suffit que Loric s’y prenne à temps.

Brigitte Ravaud Texier

juin 2011