Des golfs plus verts
Souvent montré du doigt, le golf est un sport dont l’interaction avec l’environnement est forte. Et depuis plusieurs années, il a mis la transition écologique au cœur de ses projets.
Par Alain Laffitte
À partir du 1er janvier 2025, les 770 golfs français dont 100 en Nouvelle-Aquitaine devront supprimer l’utilisation des produits phytosanitaires1. Ajoutez à cela les problématiques liées à la gestion de l’eau, la préservation de la biodiversité et on mesure l’immensité du chantier qui attend le monde golfique.
40 % d’économie d'eau
Phénomène désormais récurent, la sécheresse impacte durement les parcours de golf. À la fédération française et à l’Association française des personnels d’entretien de terrains de golf (AGREF), la prise de conscience a précédé la loi. Dès 2006, une charte a été signée avec les Agences de l’eau, charte renouvelée en 2010. Depuis des années, les golfs ont investi dans des matériels d’arrosage toujours plus performants, souvent pilotés par informatique. Ils ont rénové leurs systèmes d’irrigation, mis en place des solutions alternatives, (récupération des eaux de pluie, utilisation des eaux usées) pour des économies allant jusqu’à 40 %. Ces investissements très coûteux étant, pour partie, subventionnés par les Agences de l’eau. Parfois, hélas, les gestionnaires se sont heurtés à une réglementation mal adaptée. Aujourd’hui, il faut en moyenne cinq ans de procédure pour faire aboutir un projet d’utilisation d’eau traitée par les stations d’épuration.
Un « thé de compost »
Supprimer les intrants phytosanitaires et réduire la consommation d’eau implique de revoir tous les plans d’engazonnement. Cette « conversion de flore » consiste à remplacer progressivement les gazons existants par des sursemis de variétés moins gourmandes en eau. Des essais grandeur nature sont déjà en place pour valider plusieurs espèces utilisées notamment en Turquie ou au Maroc. Ces changements s’étalent obligatoirement sur plusieurs années pour un résultat parfois aléatoire. En parallèle, de nouvelles stratégies d’entretien favorisent l’enracinement et permettent d’espacer les arrosages et les apports d’engrais. Ces opérations sont lourdes et peuvent impacter temporairement le jeu. Mais elles permettent aussi de profiter plus longtemps d’un haut niveau de jouabilité, de préparer des parcours plus respectueux de l’environnement, au détriment, il est vrai, de l’aspect esthétique. Pour supprimer les intrants, certains golfs pratiquent déjà un épandage de « thé de compost », engrais liquide obtenu à partir du compost de broyats et de tonte. D’autres utilisent des engrais biologiques ou biostimulants homologués depuis le 22 juillet 2022 par l'Europe et qui seront autorisés au-delà de janvier 2025.
Harmonie avec la nature
Toutes ces actions seraient incomplètes et inefficaces sans la volonté de préserver ces espaces naturels remarquables pour tenter d’enrayer l’érosion de la biodiversité qui s’accélère. Ainsi, depuis 2015, en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle de Paris, s’est mis en place un programme baptisé Programme Golf pour la Biodiversité. Son but : améliorer la connaissance, la gestion et la conservation de la biodiversité mais aussi et surtout sensibiliser les joueurs. À ce jour, plus de 20 % des golfs y participent. Ce chiffre étant en progression constante.
La volonté des gestionnaires est au rendez-vous, la prise de conscience évidente. Il n’est pas trop tard pour gagner le pari de la transition écologique, l’harmonie avec la nature faisant partie de la tradition du jeu et de son plaisir.
1 Suite à l’entrée en application de la loi n° 2014-110, dite loi Labbé, du 6 février 2014.
- Les 770 golfs Français couvrent une surface d’environ 35 000 hectares. Plus de 50 % de cette surface est réservée aux habitats naturels.
- 90 % des parcours utilisent une eau impropre à la consommation.
- En Gironde, les golfs de La Méjanne, d’Arcachon, du Médoc, et le Golf Bordelais sont engagés dans le Programme