Même les piliers de portail se coiffent de chapeaux
Il est prudent de rester couvert, en architecture c'est primordial, enlever son chapeau peut entraîner des désagréments.
À Bordeaux, les habitations construites sur un terrain enclos bénéficient d'un ou plusieurs portails fixés sur deux piliers. Il existe une très grande variété de portails, piliers, clôtures et il est primordial de les protéger des variations climatiques. Si la peinture ou le vernis sont efficaces pour les portails, il est nécessaire de porter une attention particulière aux piliers. En béton, pierre reconstituée, terre cuite, tôle, avec moulure ou sans, de style renaissance, chenonceaux, des chapeaux coiffent leur faîte.
Un vrai bijou
Le chapeau plat, simple carreau scellé au sommet du pilier ne le protège en rien des vicissitudes atmosphériques. L'accumulation de l'eau sur sa surface laissera apparaître dans peu de temps une espèce de mousse verdâtre, voire noirâtre qui s'écoulera le long du pilier et le fragilisera. Or il faut garantir la solidité et la fiabilité de l'ouvrage. C'est pourquoi le préféré était celui appelé « chapeau en pointe de diamant », c'était le plus courant, reconnaissable à sa pointe vers le ciel et ses quatre pans bien polis. Il a des faux airs de petite obélisque, histoire et exotisme à portée du regard.
Mais aujourd'hui beaucoup de maisons sont équipées de portails automatisés, électrifiés. Pour des questions de sécurité et de conformité, à la demande des compagnies d'assurance, il est obligatoire de signaler par un gyrophare l'imminence d'un danger. Si certains propriétaires placent cet objet en façade, la plupart lui préfèrent un plan plat prêt à recevoir le chapeau. Ce qui explique l'abandon du chapeau à la pointe de diamant. Cette observation est confirmée par Marc, vendeur dans une grande enseigne de matériaux de construction : « Le choix de chapeaux plat est un effet de mode, mais aussi de réglementation. Nous vendons 80 % de chapeaux plats pour 20 % de chapeaux diamant ».Si l'ajout d'un gyrophare est gagnant en termes de prévention, l'harmonie, l'équilibre et l'esthétique y sont perdants.
Code Napoléon
Chapeau vient de l'ancien français chapel, du latin capellus, dérivé de cappa (capuchon) celui-ci étant une pièce de tissu qui couvre la tête.
Il ne faut pas confondre ou assimiler chapeau et chapiteau. Le chapiteau qui tient son origine de l'italien capitello, dérivé du latin caput, est la tête. Sur la tête (le chapiteau), est posé le chapeau. Le chapiteau est un élément d'ornement, de style ionique, dorique ou corinthien enveloppant le haut de la colonne ou du pilier.
Posé et cimenté sur la partie supérieure du muret, le « chaperon » est un élément en maçonnerie ou tuiles qui le protége et facilite l'écoulement des eaux de ruissellement. Pas de pilier sans chapeau, pas de muret sans chaperon.
Les gros poteaux en bois peuvent bénéficier de couvre-poteaux avec pointe qui empêchent l'infiltration de la pluie.
Le « chapeau de gendarme » en menuiserie, ébénisterie, sculpture et agencement est une pièce placée horizontalement en bois, pierre qui par sa forme évoque le couvre-chef (le bicorne) de l'ancienne gendarmerie de Napoléon. Par extension, on appelle chapeaux de gendarme les portails deux battants ajourés ou pleins présentant cette forme arrondie, galbée, en son milieu très prisée par une clientèle déjà âgée. Les plus jeunes optent pour des portails gris anthracite, non ajourés, pleins et sobres.
Quelle sensation de majesté en franchissant le seuil d'une entrée d'un portail soutenu par deux piliers agrémentés de chapeaux qui représentent la personnalité du propriétaire.
Il y a souvent une disproportion entre la taille des piliers, leurs chapeaux et la taille des clôtures, haies, grilles, murets. Certains propriétaires n'hésitent pas à ériger sur les chapeaux des statues de lion ou vasques monumentales, symboles de puissance et de pouvoir. Dans certains domaines viticoles, à l'entrée d'une magnifique allée arborée menant au château, trône un portail toujours ouvert entouré d'immenses piliers où aucune clôture ne vient s'arrimer.
Jean-Louis Deysson