Populaire et original, le festival bordelais Ciné-notes met à l'honneur les plus fameuses musiques de film et leurs compositeurs

Passionné de musiques pour le cinéma, Benoît Daldin a créé en 2018, un festival, Ciné-notes, pour mettre en valeur les compositeurs de B.O. (bandes originales des films) et pour attirer un nouveau public à l'Auditorium de Bordeaux¹. Toujours directeur artistique de cet événement, il répond à nos questions juste avant la 4^e édition programmée en mars, comme tous les ans.

— L'Observatoire : Comment est née l'idée du festival Ciné-notes ?

— Benoît Daldin : Le 1^er festival a eu lieu en mars 2018. J'étais administrateur artistique à l'Auditorium. Nous pensions que la musique de film pouvait être un moyen simple et de qualité pour attirer des publics éloignés de la musique classique. Un ciné-concert était programmé avec La guerre du feu et nous avions un créneau disponible à l'Auditorium. Alors pourquoi ne pas organiser un ensemble de manifestations, ciné-concert, concert symphonique, improvisations autour du compositeur Philippe Sarde.

— Qu'est-ce que vous aimez dans la musique de film ?

— Le répertoire est très riche, narratif, bien écrit musicalement. C'est un patrimoine incroyable, très peu joué en concert. Les festivals permettent de donner une autre vie à cette musique en dehors de l'écran. 90 % des œuvres sont inexploitées. Les partitions sont parfois difficiles à trouver. Et les auteurs doivent faire des arrangements de leurs B.O. pour composer un concert symphonique.

— Comment l'Opéra de Bordeaux a reçu cette idée de festival ?

— Très bien ! Le directeur, Marc Minkowski, était enthousiaste, surtout après le succès du premier en 2018 et l'ONBA² adore sortir des sentiers battus. Nous avons donc enchainé en 2019 avec les musiques de Bernard Herrmann, compositeur notamment des films d'Alfred Hitchcock. Et après l'interruption due à la crise sanitaire, nous lançons notre 4^e édition.

— Pour cette édition, vous avez choisi un thème « Monstres et créatures » plutôt qu'un compositeur. Pourquoi ?

— Il y avait un risque d'essoufflement à choisir un seul compositeur. Beaucoup de B.O. perdent de leur intérêt sans l'image. Les films de genre qui reposent sur le frisson, la peur, le fantastique comme Les Gremlins, Les dents de la mer, Frankenstein, La belle et la bête... sont mis en musique par des grands auteurs comme John Williams, Jerry Goldsmith, Philippe Sarde... Ce thème a donc permis d'élaborer un programme plus riche et de haute tenue. Pas besoin de communication, les titres de films sont suffisamment évocateurs pour attirer le public, amateur ou cinéphile. À l'Auditorium, l'ONBA jouera la musique du célèbre film E.T. l'extra-terrestre de Steven Spielberg.

— Quelles sont les autres nouveautés de l'édition 2022 ?

— On sort des murs de l'Auditorium avec des concerts au Rocher de Palmer³. L'ONBA va vers le public avec la retransmission en direct d'un concert symphonique dans des petites salles culturelles, des établissements sociaux et médicaux... de toute la Nouvelle Aquitaine. Il sera également capté par Radio Classique. Le jazz s'invite pour la première fois avec les improvisations du pianiste Thomas Enhco et une création de Jean Michel Bernard à partir des B.O. mythiques de Jerry Goldsmith.

- Quels sont vos projets pour l'édition 2023 ?

- Nous avons invité le compositeur Alexandre Desplat (Oscar pour la musique originale du film La forme de l'eau) et nous projetons de composer un programme sur le thème « De Paris à Hollywood ».

Ciné-notes met en lumière les compositeurs, parfois ignorés des spectateurs. Leur succès dépend beaucoup de celui du film. Et pourtant Jean-Jacques Annaud, le réalisateur de La guerre du feu, affirme « Si vous regardez La guerre du feu sans la musique, il n'y a plus de film. Et j'exagère à peine. C'est vraiment la partition qui fait parler mes hommes préhistoriques, qui révèle leurs émotions... »

Propos recueillis par Marie Depecker

⁽¹⁾ Auditorium de Bordeaux : 8-13 cours Georges Clémenceau, Bordeaux

⁽²⁾ ONBA Orchestre national de Bordeaux Aquitaine

⁽³⁾ Le Rocher de Palmer : salle de concert, 1 rue Aristide Briand, Cenon