Le développement de la culture du douglas saura-t-il répondre au changement climatique ?

Le « sapin » douglas n'est pas un sapin, c'est un résineux très rustique, originaire de l'Oregon, importé en1842 par un pépiniériste britannique David Douglas. Introduit dans les massifs forestiers du Morvan et du Massif Central, il gagne aujourd'hui la région Nouvelle-Aquitaine (Limousin, Corrèze et Gironde). C'est l'une des deux essences, après le pin maritime, la plus ensemencée.

De Californie

Les douglas plantés dans les forêts françaises s'adapteront-ils au réchauffement climatique ? Ils ont besoin d'un sol bien drainé, peu compact, ils résistent au froid, ils craignent les sols calcaires.

Le douglas présente, à l'âge adulte, un tronc rectiligne, une hauteur de 50 m et un diamètre de 50 cm. Les feuilles, douces au toucher, sentent la citronnelle. Les jeunes pousses sont le régal des chevreuils.

Très apprécié dans le monde de la sylviculture et la filière bois pour sa robustesse et son caractère imputrescible, il est recommandé pour la production de charpentes, bois collés, bardage, coffrage et même mobilier. Supportant une hygrométrie importante, il est sollicité pour les menuiseries extérieures, les constructions navales, meubles de cuisine et de salle d'eau. On l'utilise pour la construction d'ouvrages d'art imposants nécessitant de fortes sollicitations mécaniques.

La demande en volume de gros bois devrait doubler dans les 20 prochaines années. Les douglasaies plantées en 1960 vieillissent, il y a nécessité d'innover. L'Institut Technologique FCBA (Forêt, Cellulose, Bois, Construction) essaie d’y répondre du moins dans sa partie recherche et développement.

L'adaptation des forêts au changement climatique se fera en lien avec la sélection génétique et les itinéraires sylvicoles. Dans ses laboratoires de recherche, FCBA  développe l'étude de l'embryogenèse* somatique, qui, à partir de cellules souches ne provenant pas des cellules reproductrices, permet d'automultiplier la graine à grande échelle. D'autre part, une étude sur les douglas originaires de Californie plantés en Corse et dans les Cévennes montre leur meilleure résistance à la sécheresse.

« Le projet GESFOR avait pour objectif de mieux appréhender le rôle que peuvent jouer la forêt et la filière bois dans les prochaines décennies en matière de lutte contre le changement climatique. Pour le douglas, essence déjà gérée de manière optimisée, les résultats à l'échelle de la parcelle montrent une dégradation du bilan GES (gaz à effet de serre) si le cycle est raccourci afin de produire plus de bois énergie ».

Une tour en bois

Georges-Henri Florentin, Directeur Général des FCBA en France s'est déplacé à Bordeaux pour assister aux tests de résistance aux tremblements de terre de la maquette de la tour Silva, première tour construite en bois au monde (56 m de hauteur, 18 étages, 80 % de bois). La maquette a résisté aux effets d'un séisme d'amplitude 9 sur l'échelle de Richter.

Mais resterons-nous insensibles à la réflexion d'Axel Khan ? Randonnant « là où les feuillus sont rares et où dominent les lugubres grands pins de Douglas plantés il y a quarante ans, âge où ils sont bons à couper » il maudit ces arbres envahisseurs de tous les espaces dans son ouvrage Pensées en chemin. Il en est des arbres comme des hommes, ils transforment l'environnement tout en s'adaptant. 

Jean-Louis Deysson 

*embryogenèse : série de formes par lesquelles passe un organisme animal ou végétal depuis l'état d'œuf ou de spore jusqu'à l'âge adulte.