La Garonne à Bordeaux est un atout et son exploitation comme moyen de transport est un plus.

Par Nicole Landré, texte et photos

De son  Pôle d’Echanges des Quinconces, où il n’a pas de vue sur le fleuve, Mickael Baudry, chef de produit navettes fluviales à TBM assure une mission de marketing et supervise l’exploitation et la maintenance de la navette fluviale. Ce service a été confié à un professionnel du fleuve, le prestataire Inter Rives Bordeaux (IRB) et intégré dans le réseau où il constitue le 4^ème maillon de la chaîne de transport. Il s’inscrit dans l’inter- modalité : tous les pontons sont connectés aux autres modes de déplacement, tram, bus, vélo, avec le même titre de transport.

Une manière douce

La navette fluviale, désignée sous le nom de Bat3 utilise le fleuve pour desservir rapidement les deux rives, en 5 minutes entre Quinconces et Stalingrad et 25 minutes entre Quinconces et Lormont. Mickael Baudry précise  « il y a cinq pontons sur la partie aval du fleuve entre le Pont de Pierre et le Pont d’Aquitaine et le service évolue pour améliorer ce moyen de transport différent en proposant aux usagers une manière douce de se déplacer sur la Garonne ». Sur le Bat3, les passagers ont un comportement différent, moins pressés, plus attentifs au paysage et au fleuve en mouvement. 

Un gain de temps

La navette fluviale inaugurée le 2 mai 2013 sur un fleuve qui n’était pas exploité pour le transport des passagers a récemment fêté ses dix ans. Un anniversaire avec un bilan très positif puisque l’indice de satisfaction clientèle a atteint les 100% en 2021. Le service navette fluviale propose une solution alternative aux autres modes avec un temps de transport attractif. Mickael Baudry souligne « en 2024, deux nouveaux catamarans hybride viendront renforcer la flotte de Bat3, aujourd’hui au nombre de deux plus un bateau de réserve. De même, le nombre de pontons s’étoffe avec de nouveaux arrêts : La Bastide, derrière les chantiers Nicolas côté aval et création de lignes côté amont avec La Benauge face à l’ancienne Caserne des Pompiers et Port Garonne à Bègles. Cette montée en puissance de la navette fluviale lui permettra de renforcer l’offre sur la partie aval et de créer une liaison sur la partie amont. 

Des axes d’amélioration

La fréquence du Bat3 fait partie des axes d’amélioration pour 2024/2025, elle tient compte du nombre de bateaux et du temps de parcours. Passer le Pont de Pierre restera difficile en service régulier à cause des remous au niveau des piles du pont, avec 65 passagers à bord, c’est risqué. Mickael Baudry ajoute « le confort client fait aussi partie des améliorations à apporter car il n’y a pas d’abri aux pontons et chaque site a ses particularités et des exigences de la part des Architectes des Bâtiments de France (ABF) pour préserver l’environnement et le patrimoine bordelais».

Risques d’embâcle

De la place des Quinconces jusqu’au quai, il n’y a qu’un pas. Au ponton Jean Jaurès, la navette fluviale de 11h22 à destination de Lormont Bas est à quai. Pascale Ferrandier, la capitaine-pîlote accueille les passagers en bout de passerelle, le bateau quitte le quai et la place de la Bourse s’éloigne. Elle explique « ce matin, j’ai débuté ma prise de service à 6h en commençant par un état des lieux technique du bateau, moteur et locaux. Si tout est en ordre, le 1^er départ est à 7h en bout de ligne à Lormont avec les premiers passagers. ». A bord, le rôle de la capitaine-pilote est avant tout d’assurer la sécurité du bateau en tenant compte des conditions de navigation et de la météo. Ce matin, la Garonne est très boueuse et Pascale Ferrandier précise « de novembre à février, il faut être vigilante sur les risques d’embâcle, c’est à dire tout ce qui est susceptible d’endommager l’hélice du bateau ». Elle adapte sa conduite en fonction des marées et du courant qui peut être utilisé pour avancer sur l’eau sans forcer le moteur. L’hélice et moteur électrique sont alimentés par des batteries pour une navigation 100% électrique et zéro émission de CO2. Il est nécessaire de bien vérifier leur niveau et elles peuvent se recharger avec un groupe électrogène pendant la navigation.

Trafic pendulaire

Pascale Ferrandier est également attentive aux passagers lorsqu’elle assure leur embarquement et débarquement. Pour cela, un matelot l’assiste et veille aux manoeuvres de départ et d’arrivée pour respecter les horaires. Elle note  « les clients du matin avant 9h et du soir à partir de 17h sont des habitués qui constituent le trafic pendulaire, plus tard dans la journée, ce sont des passagers voyageant pour leur loisir ». Sur la navette de 11h22, il y a peu de monde, Martine, une passagère assise à l’arrière du bateau profite d’un rayon de soleil. Elle raconte  « je prends le Bat3 pour le plaisir d’aller jusqu’à Lormont pour déjeuner au restaurant, presque 30 minutes de navigation sur la Garonne en admirant les splendides façades des quais, la Cité du Vin, le Pont Chaban Delmas et le paysage pour le prix d’un ticket, c’est un vrai cadeau ». Des relations privilégiées s’établissent avec des habitués, il y a même des passagers à quatre pattes comme Jade, une Labrador femelle de couleur noire. La capitaine ajoute que cette chienne prend le bateau depuis sa naissance, elle monte à bord avec sa laisse entre les dents. Elle a dix ans, l’âge du Bat3. La navette arrive à Lormont, terminus du voyage, sur l’autre rive.

Quelques chiffres

De 7h à 19h, le Bat3 transporte les passagers d’une rive à l’autre entre les pontons suivants : Stalingrad, Quinconces, Les Hangars, la Cité du Vin, Lormont Bas, soit 3 pontons sur la rive gauche, 2 sur la rive droite.

65 passagers à bord, 6 vélos, 2 utilisateurs de fauteuil roulant

Plus de 415664 passagers transportés en 2019, 351983 en 2022 et une croissance de 10% en 2023 par rapport à 2022

Plus de 50% du trajet effectué en 100% électrique

deux catamarans : l’Hirondelle et la Gondole, un monocoque l’Avocette