Effets d'hiver
L'hiver, saison de tous les paradoxes, nous réserve des surprises.
À l'image partagée d'une saison ralentie, silencieuse, étouffée par un climat hostile, l'hiver nous révèle des faces cachées qu'il faut valoriser pour mieux l'appréhender et le vivre sereinement.
L'hiver a toujours mauvaise presse. Là où il est le plus rigoureux, au Canada, on dit qu'il y a deux saisons : l'hiver et le mois de juillet !
À priori
Fatigue, dépression, manque de luminosité font le lit de cette maudite saison ! Commencée le 21 décembre, jour du solstice d'hiver, les jours rallongent dès le 26, ce dont nous devrions nous réjouir. Qu'à cela ne tienne, le ressenti est plus intense. « C'est en hiver que l'on se suicide le plus ! » Rien de plus faux, c'est au printemps que les personnes les plus déprimées passent à l'acte, confrontées à l'enjeu d'un renouveau, d'une reviviscence, de projets d'activités nouvelles. C'est en hiver que l'on dénombre le moins d'accidents de la route. Pourtant dans des conditions climatiques désastreuses (neige, verglas, brouillard, pluie), le risque est plus grand. C'est ce qui amène des conduites plus raisonnées chez les automobilistes ainsi qu'un flux réduit de déplacements. Le froid, le gel invitent les personnes à se rapprocher, se pelotonner près de l'âtre, de la cheminée ou des radiateurs. Au plus grand confort, à la chaleur ambiante, s'invitent feux de cheminée, brûlures de tisons incandescents, sapins de Noël enflammés.
Plaisirs divers
Souvent synonyme de morne ou morte saison, l'hiver n'en est pas à un paradoxe près. La végétation semble figée, gelée, sans vie apparente. Si vous soulevez du lierre, vous trouverez sous ses feuilles un véritable fourmillement d'insectes et des provisions de fruits. D'autre part, c'est le temps de la floraison des mimosas et leur odeur sucrée, des cognassiers du japon, des forsythias, des mahonias aux feuilles de houx et fleurs jaunes sans oublier les hellébores dont le nom vernaculaire est « rose de Noël ». Les hellébores fleurissent même sous la neige et ne craignent ni ombre, ni froid.
En matière culinaire et gustative, le clivage langue d'oïl /langue d'oc nous divise : galette frangipane ou couronne briochée ? Monsieur l'hiver y met sa malice. Pour faire une pâte feuilletée, au nord, il faut du beurre dur pour la « parisienne ». Au sud, à défaut de beurre dur, climat oblige, on préférera pâte aérée et fleur d'oranger pour la briochée. Gâteaux à la cannelle, merveilles et beignets, crêpes de la Chandeleur, vins chauds et grogs nous font oublier le gel à la porte.
Les médias nous rebattent les oreilles que c'est en été que les rencontres se concrétisent mais c'est le 14 février que se fête la Saint-Valentin, jour des amoureux, échange de promesses et cadeaux.
Sportifs de tout genre, profitez de la froidure environnante, c'est la meilleure saison pour courir ! Certes, l'air froid qui entre dans les poumons rend la respiration plus difficile et oblige à adapter son rythme de course. Vertiges des descentes à ski et randonnées en raquettes vous donnent rendez-vous, suivies d'un bain bouillonnant dans un spa, miracle de l’onsen *japonais !
Sinistre quotidien
La particularité de l'hiver 2016-2017 est qu'il est l'un des hivers les plus secs depuis 66 ans. Rien à voir avec le réchauffement climatique, chaud et sec ne sont pas synonymes. Ce type de phénomène se répète lors de périodes climatiques plus froides comme dans les années 50. Le souvenir de l'hiver 1956 en n'est que plus cuisant. Pour ce qui concerne la période 2017-2018, la région bordelaise est une des régions les plus touchées en déficit d'ensoleillement : seulement 11 h de soleil contre 41 h normalement pour la première quinzaine de janvier. « Disparition, toujours pas de preuve de vie du soleil » titrait récemment un quotidien régional.
L'hiver produit des effets sur notre santé, notre humeur, nos comportements. Ces effets abondent la rubrique des faits divers relatés dans la presse. Un fait divers est un événement sans portée générale qui appartient à la vie quotidienne et qui nous invite à relativiser la lecture de notre environnement.
Jean-Louis Deysson
*Bain thermal chaud