Au bon miel urbain
Des ruches sur les toits, dans les parcs et les jardins publics, une miellerie à Eysines : Bordeaux Métropole vole au secours des abeilles.
Un appel à projet nommé Territoire à énergie p
es abeilles.ositive pour la croissance verte est lancé en 2014 par la DREAL*. Clément Rossignol, alors Vice-Président à la nature de Bordeaux Métropole, et son équipe réfléchissent à la réintroduction des abeilles en ville. Le milieu urbain semble leur réussir. La température y est plus élevée qu’à la campagne (de un à deux degrés). La densité et la diversité florale sont à proximité et les pesticides ont été bannis des espaces verts de Bordeaux Métropole depuis 2017.
Ça bourdonne
Concernés par la survie de ces insectes pollinisateurs, indispensables à la biodiversité, des acteurs insoupçonnés se révèlent : à l’initiative de l’APOP** deux ruches installées sur le toit de l’Opéra de Bordeaux viennent de produire 12 kg de miel. L’association Apiterra en a implanté deux sur le toit des Grands Hommes soit : 80 000 abeilles. Trois ruches ont pris place sur celui du centre commercial Mériadeck. Deux sont installées dans le parc de la direction du CHU : 15 kg récoltés ce printemps avec l’ambition de produire bientôt du miel de thym qui aide à la cicatrisation des plaies chroniques. L’école de commerce Kedge vient d’en implanter deux sur le campus, alliant ainsi une création d’entreprise écolo et de la commercialisation. La municipalité d’Eysines soutient et accueille la miellerie collective de Bordeaux Métropole.
Buzz à Eysines
Le projet est accepté dès 2014 mais c’est en 2018 que l’inauguration de la miellerie collective gérée par l’association du même nom a eu lieu. L’État l’a financée à hauteur de 65 600 euros, la ville d’Eysines et Bordeaux Métropole pour 26 800 euros chacune. Située à proximité de la piste cyclable d’Eysines à Lacanau, elle est installée dans un des garages de l’ancienne gare. Ici, l’on forme, suit et met le matériel nécessaire à la récolte du miel à disposition des apiculteurs amateurs, et l’on explique aux enfants la vie des abeilles. Ce jour-là, le Président de l’association, Claude Bodin, retraité SNCF issu d’une famille d’apiculteur, aidé par un bénévole passionné, reçoit L’Observatoire en même temps qu’une classe de CP.
Maya au travail
Claude a extrait de l’une de ses 10 ruches un cadre qu’il a inséré entre deux vitres. Ainsi, les enfants peuvent contempler le travail des abeilles sans être exposés aux piqûres. Assis sur le sol, les écoliers suivent les explications de l’apiculteur : « L’intérieur de la ruche est composé de 10 cadres comme celui-ci, réservés à la vie des abeilles. Ils sont surmontés de hausses ou grenier à miel. Là est la récolte. La reine reconnaissable par sa grande taille et son abdomen gonflé a été fécondée par un faux bourdon qui lui, meurt de suite après. Elle pond au minimum 2 000 œufs par jour. Une abeille devient tour à tour nettoyeuse, nourrice, architecte, ventileuse, gardienne et enfin butineuse. À la recherche du nectar, elle peut effectuer 10 à 100 voyages selon l’éloignement des fleurs. »
À la miellerie collective l’apiculteur amateur, muni de ses hausses gorgées de miel, trouve ici les conseils et le matériel nécessaire à l’extraction.
Un gramme de technologie (encadré)
Savez-vous que l’abeille perçoit les odeurs et communique avec ses congénères grâce à ses deux antennes situées sur la tête ? Que ses cinq paires d’yeux lui assurent une vue panoramique ? Qu’elle possède une bouche pour prélever le nectar et fabriquer le miel ou la cire ? Deux paires d’ailes stabilisent son vol, des poils branchus facilitent le transport des graines de pollen. Son jabot stocke le nectar et l’eau. Grâce à ses glandes cirières, elle produit la cire nécessaire à la construction des alvéoles.
Elle est à l’origine de 35 % de nos ressources alimentaires. La sauver est une urgence.
« Si l’abeille devait disparaître de la surface du globe, l’humanité n’aurait plus que quelques années à vivre » Albert Einstein
* Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement
** Association du personnel de l’Opéra de Bordeaux
Jeanine Duguet