Bordeaux, cap vert

La nature au cœur des rues, c’est permis ! Bordeaux Métropole structure son plan ville-jardin et invite les citadins à devenir jardiniers en herbe pour s’approprier leur pas-de-porte.

 

 

Le végétal fleurit de toute part en ville. Le vert grignote le gris et promet de fournir aux habitants bien-être et qualité de vie tout en développant le lien social.

 

Gamme verte

Une illustration avec la rue Paul Camelle où le vert se décline sur 200 m apportant une vision champêtre. Le béton a disparu pour faire place à un îlot urbain de verdure et la rue est considérablement allégée en trafic automobile.

On y accède en passant sous une grande arche végétale où la glycine déverse, au printemps, ses cascades de fleurs mauves et son épais feuillage. Piétons et cyclistes y sont prioritaires. Ils se déplacent dans cette zone classée 20 km/heure, bordée d’immenses pots en terre qui hébergent des plantations de lavandes, lierre et autres fleurs odorantes.

L’exemple du quartier Belcier renforce cette perception chlorophylle. Rue de l’Abbesse, sur le pas de sa maison, René, octogénaire, est fier de raconter le changement « Il y a 15 ans, la rue était pavée, sale avec des poubelles débordantes de déchets, bruyante avec ses deux sens de circulation ». Les riverains, lassés du bruit, ont rencontré la mairie. Résultat, la chaussée est maintenant goudronnée, avec un seul sens de circulation, embellie par une vingtaine de bacs rectangulaires entretenus par les habitants en concertation avec la mairie. La nature a gagné du terrain, « la rue ressemble à un véritable jardin » ajoute René, « on se sent dans un petit village en plein centre-ville ».

Quelques mètres plus loin, les trottoirs spacieux et pavés gris et ocres de la rue de Son-Tay

attirent l’attention du promeneur. Des barriques alignées avec une pergola abritent des iris, du lierre, thym et autres plantes aromatiques. Difficile d’imaginer qu’il y a 10 ans, la rue était saturée en voitures, avec un accès pénible pour les piétons.

La mobilisation des associations de quartier, en concertation avec la municipalité aboutit à ce changement de paysage. La palette verte se prolonge avec la création d’un jardin partagé dans la continuité de la rue, à proximité de la place Buisson.

 

Go pour le vert

Toutefois, on ne fait pas n’importe quoi sur les pavés et trottoirs de la ville. La symphonie verte obéit à des règles. Bordeaux Métropole, en chef d’orchestre, prévient les risques de détérioration des réseaux d’énergie avec sa charte de végétalisation, créée il y a 5 ans.

Le riverain qui aspire à un carré de verdure en bac dépose sa demande. Une fois l’autorisation accordée, la ville de Bordeaux se déplace pour créer une fosse de plantation et fournir de la terre végétale. Le paysagiste, nourri de l’histoire du quartier ajoute sa touche pour mettre en valeur pavés et trottoirs de la rue à végétaliser.

Le jardinier conseille les riverains sur l’entretien des semis, leur fournit le premier plant et une liste de plantes recommandées.

Une dynamique locale se crée. Pour faire vivre sa rue, chacun partage avec ses voisins l’embellissement de son cadre de vie.

 

Bol d’oxygène

Les initiatives vertes actuelles se matérialisent a posteriori dans des quartiers déjà construits, en réponse aux habitants fatigués des nuisances sonores ou odorantes.

La rue Kleber, à proximité du cours de la Marne est devenue une « rue jardin apaisée », grâce au programme de requalification des quartiers anciens dégradés.

Mais progressivement les permis de construire s’enrichissent du volet vert ; on associe en simultané construction de nouveaux immeubles et ilots de verdure.

Horizon 2030-2050, Bordeaux Métropole prévoit de diversifier, intensifier et réhabiliter la structure végétale en centre-ville.

Les nouveaux quartiers Euratlantique, Ginko, Bacalan, Bassins à flot affichent une tenue couleur herbe avec des parcours innovants, pour apporter une bouffée de chlorophylle aux habitants, exposés aux pics de pollution.

L’animation entre riverains, mairie et associations de quartiers conditionne toutefois la réussite de ce projet urbain, sous peine de le voir s’étioler en friches.

 


Nicole Cherimbaud