Bourdons et abeilles
Les bourdons et les abeilles, très présents sur la végétation en ville, sont des pollinisateurs exceptionnels. À ce titre, ils sont essentiels à la reproduction des plantes.
Loin de la nature originelle, c’est tout un cortège d’insectes qui ont adopté les plantes de nos cités. Papillons, syrphes, cétoine dorée, sphinx colibri… se joignent aux bourdons et abeilles. Ils s’activent pour butiner avec bonheur les fleurs de nos jardins et de nos rues et génèrent la vie en transportant les grains de pollen sur le pistil d’une fleur de la même espèce. Les bourdons et les abeilles se disputent le rôle de meilleur pollinisateur. Volubiles, ils s’expriment sur leurs conditions d’existence et l’accomplissement de leur mission !
Rapide comme le bourdon
« Bombus terrestris est mon nom savant qui traduit bien mon attachement à la terre, qui me lie au destin du genre humain. En accomplissant une mission indispensable à la survie des espèces végétales qui, elles-mêmes, absorbent le dioxyde de carbone et restituent l’oxygène, j’assure une fonction vitale pour notre planète et ses habitants.
Programmé pour polliniser, j’accomplis ce travail sans relâche. Voletant rapidement de fleurs en fleurs, j’en visite plusieurs centaines par jour. Tout en me nourrissant de nectar, je me charge grâce à mon corps velu de dizaines de grains de pollen. Cela accroit les chances de rencontres avec les pistils qui attendent ma visite ! Particulièrement robuste, j’interviens dès que la température atteint 5° alors que cette pauvre abeille n’est présente qu’au dessus de 15°.
Les pratiques chimiques de l’agriculture m’ont beaucoup affaibli mais je résiste bien grâce à ma capacité d’adaptation. Cela m’a conduit à me développer en ville où je trouve des conditions de plus en plus favorables avec la volonté de ses édiles d’y développer une végétation respectueuse de l’environnement. Certains hommes poussent même leur bonne volonté à nous confectionner des habitats ! Bonheur suprême, des cultures sous abri de fraises ou de tomates se développent sur les toits urbains. Cette réalisation n’est possible qu’en présence de bourdons. Elevés par l’entreprise Koppert, nous sommes livrés en boîte prêt à polliniser. Quelle magnifique preuve de notre efficacité ! »
Appliquée comme l’abeille
« Loin de moi l’idée de dire du mal de mon confrère le bourdon mais c’est pour le moins un insecte prétentieux. Il fait le beau parce qu’il fait tout très vite et brave la froidure mais rien ne vaut, pour bien polliniser, qu’une abeille apis mellifera sauvage ou domestiquée ou une de ses nombreuses cousines. Nous savons agir au bon moment quand les plantes sont les plus réceptives et nous agissons en très grand nombre. Aussi, sans nul doute, sommes-nous les meilleurs des insectes pollinisateurs !
Je dois cependant avouer une plus grande sensibilité que le bourdon aux produits chimiques que les leaders des hommes, manquant de jugement, peinent à interdire. De plus, nos ruches font l’objet d’attaques sournoises d’un acarien, le varroa, qui affaiblit nos populations. Enfin nous avons depuis quelques années un ravageur redoutable qui nous décime, le frelon asiatique. Avec le concours de la recherche, nous allons renforcer notre défense. Une piste biologique est à l’étude en développant un parasite du frelon, le conop vesicularis. Cet acarien est capable de tuer les reines du prédateur en leur injectant un œuf dans leur abdomen qui, en se développant, va les détruire ! Une réponse à la hauteur de leur atrocité. »
En fait, loin de véritablement s’affronter, bourdons et abeilles s’activent de concert pour la survie de notre terre et de ses habitants.
François Bergougnoux