La nature nous fait du bien

C'est bon d'enlacer un arbre

Les études scientifiques se succèdent et mettent en évidence les effets bénéfiques d’un environnement vert sur le physique et le psychisme des citadins

Un humain sur deux est aujourd’hui citadin. Dans les pays occidentaux, ce nombre atteint 80 %. La population des villes, de plus en plus éloignée des espaces verts, semble redécouvrir les vertus apaisantes et dé-stressantes d’une promenade en forêt ou de l’écoute du chant des oiseaux. Des chercheurs en psychologie environnementale et en neurosciences viennent confirmer l’idée que le contact avec la nature est indispensable à l’être humain tant sur le plan physique que psychique.

Paradoxe moderne

Dans l’histoire de l’humanité, la forêt, les plaines, les rivières ou les montagnes ont jusqu’à très récemment fait partie intégrante de l’habitat et du mode de vie. La perte ou la raréfaction de ce cadre naturel participe à un certain nombre de maux que rencontrent nos sociétés modernes tels que le stress ou la dépression. Ainsi, en s’intéressant aux études publiées récemment, on peut se demander si une balade en forêt ne remplace pas une visite chez un médecin.

En cherchant à comprendre comment le cerveau et les sens réagissent lorsque le citadin est reconnecté à la nature, les scientifiques montrent que les fonctions cognitives se développent, la concentration augmente, la fatigue est réduite. La mise en contact avec la nature agirait aussi contre la dépression. La liste des bienfaits identifiés est longue.

Plus d’arbres = plus de neurones

D’un point de vue cognitif, ce sont les fonctions de concentration, d’apprentissage, de créativité qui semblent renforcées. Dans le domaine médical, ce serait une réduction de la douleur pour certains patients, une guérison plus rapide ou une prévention de certaines maladies. Sur le plan sociologique, le lien avec la nature favoriserait les relations sociales en réduisant les sentiments de colère et de frustration.

Retour aux sources

Les expériences menées sur la forêt sont particulièrement parlantes et expliquent comment nos différents sens sont impactés par la mise en contact avec Dame Nature. Tout d’abord, la vue : contempler une photo de forêt procurerait un sentiment d’apaisement et de la relaxation (contrairement à une photo de buildings). Lors d’une promenade en forêt, notre attention, sollicitée de façon douce et discrète, procure un sentiment de détente que les chercheurs ont mesuré via l’onde alpha, une des ondes cérébrales de la relaxation légère et de l'éveil calme. Notre sens olfactif serait lui aussi soumis à une expérience différente car certaines molécules issues des composants chimiques dégagés par les essences présentes dans la forêt, et selon la saison, agissent positivement. Ainsi, une étude a montré que respirer du cedrol (molécule issue du cèdre) diminuerait la fréquence cardiaque et réduirait la pression artérielle. Et le toucher n’est pas en reste puisqu’il suffirait d’enlacer un arbre pour faire baisser la pression sanguine.

Intégration ou désintégration

On peut ainsi penser qu’au-delà du ressenti des citadins, les études scientifiques de plus en plus médiatisées, contribuent à la prise de conscience que le cadre de vie urbain doit évoluer et reverdir. Ces dernières années plusieurs villes dont Bordeaux se sont emparées du sujet et cherchent à redonner à la ville de nouvelles couleurs. On voit désormais fleurir des plantes au pied des immeubles. Les jardins partagés se développent, les projets d’urbanisme intègrent des espaces verts. Les choix entre béton et biodiversité restent très fragiles et les chiffres parlent d’eux même

. Muriel Braine

 

 

Encadrés Stats

80% de citadins dans le monde occidental

Près de 20% des personnes ont souffert ou souffriront d’une dépression au cours de leur vie(OMS) 

Nombre de déprimés multipliés par 10 depuis les années 1970 en France (Doctissimo)

2 400 arbres coupés par minute dans le monde

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Dossier Cerveau et Psycho mai 2019