Et pâte et moi

 

Cuisine, bricolage ou couture, le regain d'activités manuelles a permis de passer le temps pendant le confinement. 

 

Depuis le17 mars 2020, les Français font face à une situation sanitaire inédite : restaurants et commerces fermés, tout le monde est tenu de rester chez soi, afin de minimiser les contacts et limiter la propagation de l’épidémie de Covid 19. 

Par conséquent, pour nombre d’entre nous, les activités « fait maison » font partie de notre bien-être quotidien. Voici quelques témoignages qui vont dans ce sens. 

Cuisine et couture 

Étudiante en anglais à l’université Bordeaux-Montaigne, Candice a décidé de mettre la main à la pâte. Alternant activités manuelles et télétravail, elle s’est transformée en styliste et en cheffe culinaire. « Je fais mon pain tous les matins et j’essaie de coudre un masque de protection en tissu par jour, témoigne-t-elle. [...] Cela me procure un sentiment de satisfaction qui est nécessaire en ce moment, de la fierté, [...] et, en plus, ça me détend ! »  Des activités, qui, pour la jeune femme se résumaient autrefois à une simple utilité pratique : « Je cuisinais mes repas parce que c'était plus économique, et je retouchais mes vêtements pour réparer les imperfections. Quand je me lançais dans des créations culinaires, c’était à l’occasion de repas de famille, donc une poignée de fois dans l'année. » 

 

Fait main et vidéo 

En raison du confinement et de l’impossibilité de se rencontrer, bon nombre d’entre nous se soutiennent et partagent leurs activités en ligne.  Ainsi, des vidéos pour fabriquer son masque de protection maison ou comment garder la ligne malgré l’enfermement en faisant des recettes simples, bonnes et efficaces, s'accumulent sur la toile. De la même façon, les chefs se lancent dans cet exercice. Ainsi, dans un article du journal Sud Ouest, publié le 27 mars 2020, la pâtissière Delphine Carrère révèle qu'avec ses recettes en vidéo, sa page Facebook, Oh mon gâteau, est passée de 900 à 1 300 abonnés en quelques jours. Pour elle : « Ces moments permettent de partager et de ne pas se sentir seule. Il aura fallu cette crise pour que l’humain retrouve sa place. » 

 

Hobby universel

Le phénomène ne se réduit évidemment pas à l’hexagone. C’est le cas de Martina, milanaise, diplômée en Économie et Management, qui publie, elle aussi, ses créations sur les réseaux sociaux. Habituée à cuisiner des recettes rapides, elle utilise le confinement pour se lancer des défis et expérimenter des plats plus élaborés. « Je vais souvent au restaurant en général mais, depuis cette crise, je me suis mise à beaucoup plus cuisiner. » Elle poursuit : « C’est devenu un véritable hobby relaxant et j’apprends à concocter des plats qui nécessitent de longues préparations, vu que j’ai beaucoup plus de temps ! J’ai réussi à cuisiner du poulpe, des gnocchis, du thon dans une croûte de pistache et bien d’autres recettes de chef ! Développer mes compétences créatives m’aide à être moins tendue pendant le confinement qui est, pour moi, une situation très difficile à gérer mentalement. » 

 Après la crise sanitaire, ces activités vont-elles perdurer ? « Je doute que ça dure » estime Candice. « Sortir aura tellement manqué que les gens vont aller dans les restaurants, faire les boutiques entre amis, etc. Et donc délaisser les activités qu’ils avaient entreprises pendant cette période. D'un côté c'est bien, parce qu'il y a tellement d'établissements qui souffrent en ce moment, que rebooster l’économie sera bénéfique. Mais au niveau vestimentaire, je pense qu'il ne faut pas retourner à la fast fashion1 , c'est quelque chose qui détruit tellement la planète, alors si on peut diminuer ne serait-ce qu'un peu son impact en continuant de rafistoler nos vêtements, ce serait un premier pas pour construire un avenir nouveau ! ».

En français : mode éphémère ou collection éclair, est un segment de l'industrie vestimentaire qui se caractérise par le renouvellement très rapide des vêtements proposés à la vente, plusieurs fois par saison, voire plusieurs fois par mois. 

Megan Boutboul