Votre friandise
« Dans l’Orient Express cette nuit
Quelque part entre Ostende et Vienne
Rejoignez-moi, quoiqu’il advienne,
Je vous veux à moi pour minuit ! »
À l’hôtel Sucrery Dukeur
Mon majordome me fait prendre
Et l’on se met à me répandre
Un peu partout de la liqueur,
Du coulis rouge et onctueux
Faisant ramage et brocatelle
Et nappe de papier dentelle
Pour un atour voluptueux,
Minuit ! Seuls ! Que n’a-t-il fallu
De subterfuge et roublardise
(Me transformer en friandise !)
Pour ce soir être votre élu !
Vous intriguer d’un billet doux
Insolite ! Osé ! Sans vergogne !
Digne d’un cadet de Gascogne !
Risquer de paraître aigre-doux !
Mais…vous savourez mes écrits
Et…votre palais me demande ?
Ah que votre lèvre gourmande
Me happe à m’arracher des cris !...
À mon tour de vous désirer
Avant de fondre croquembouche
En la tiédeur de votre bouche
Ourlée d’un moelleux liséré :
Jaune boléro de satin,
Chapeau cloche à plume amazone,
Et petite mèche frisonne
Qui vous donne cet œil mutin.
Votre épaule pâle et menue
Cherche à s’enfuir sous le corsage
Et mon regard qui n’est pas sage
Vous dévêt avec retenue…
J’envie les linges qui vous font
La plus secrète des caresses
Et dans mes pensées pécheresses
Je les ôte ou je m’y confonds…
Soudain, cruelle punition,
L’aurore évente le mensonge !
Ainsi donc ce n’était qu’un songe !
À moins d’une prémonition ?
J’aime à penser qu’après demain
Vous voudrez bien que l’on s’entende
Pour des apple pies en Irlande,
Cornemuses et baisemain .
Pourquoi pas, sur la Via Roma,
Du Chianti et du pain de Gênes,
Du flamenco à Carthagène,
Des sushis au Fuji yama ?
Qu’importe ! Où les plaisirs ardents
Mettront nos passions à fleur d’âme
C’est LÀ que je vous veux, ma Dame,
Et j’y songe en vous attendant.
Merci d’avoir guidé mes doigts
Pour une écriture fragile ;
Si mon trait de plume est agile
Chère égérie, je vous le dois.
Dominique Hilloulin