Automne...ramoneur et fumiste
L’automne est là, les premières fraîcheurs aussi. Allumer un feu de confort rappelle l’obligation légale du ramonage.
Souvent à la fin du printemps, lorsqu’avec joie, le chauffage est éteint, il est plus facile de reculer temporairement le nécessaire ramonage et ne penser qu’aux vacances ensoleillées. Question économique peut-être. M. G. de Ramon’Clean, ramoneur de cheminées a bien voulu répondre aux questions de L’Observatoire.
— L’Observatoire : Ramon’Clean est-elle une société familiale ?
— M. G. : Oui, pendant longtemps j’aidais mon beau-père dans les ramonages et lorsqu’il a pris sa retraite, il m’a demandé de reprendre son affaire. Ce que j’ai fait. J’ai beaucoup de travail. Mes derniers rendez-vous ne seront exécutés qu’en mi-février. Les clients oublient de procéder au ramonage de leur chauffage en début d’été dès qu’ils éteignent leur cheminée ou chaudière. Ils se précipitent pour un rendez-vous en octobre dès les premiers froids.
— Existe-t-il une formation pour devenir ramoneur ?
— Il existe un seul établissement en France, dans l’Est près de Strasbourg. Le CFA du lycée Gustave Eiffel enseigne pendant trois ans le métier de ramoneur débouchant sur le CAP, titre de la Chambre des métiers. Les ouvriers professionnels, pour s’installer à leur compte, doivent justifier de deux ans d’exercice en entreprise pour obtenir auprès de la Chambre des métiers un diplôme et ouvrir leur société. Sans cela, ils ne peuvent pas devenir chef d’entreprise.
— Quelle sont les obligations de ramonage ?
— Faire ramoner sa cheminée est une obligation légale. Le client reçoit un certificat à présenter à son assurance en cas de sinistre. Dans un contrat multirisque-habitation le cas incendie est inclus, mais l’assurance peut refuser de couvrir les frais du sinistre sans certificat de ramonage. Certaines personnes ne jugent pas nécessaire de ramoner leur chauffage chaque année et font ainsi une impasse risquant de leur coûter cher. Pour une cheminée appelée ouverte, ces grandes cheminées de campagne avec déperdition de chaleur, il est exigé un ramonage une fois par an ; pour les inserts, deux fois par an.
— Comment ramonez-vous ?
— Nous ne montons plus sur les toits. Question d’accident et d’assurance. Par le bas de la cheminée nous installons le tuyau d’un aspirateur de grande puissance dans le conduit et avec les hérissons (ou balai-brosse) que nous pouvons allonger jusqu’à 13 à 14 mètres de hauteur nous grattons les parois ; la suie est aspirée avant de tomber dans le foyer évitant ainsi un maximum de poussière dans la pièce. D’autre part, j’ai une assurance partie civile pour tout incident que je pourrais provoquer.
— Quelle est la différence entre un fumiste et un ramoneur ?
— Lors d’un ramonage, nous faisons attention aux dégâts qu’une cheminée peut révéler : fissures, pierres abîmées etc. Nous les notifions au propriétaire mais nous ne sommes pas habilités à faire les réparations. C’est le travail du fumiste spécialiste de la construction d’ouvrages en terre réfractaire et montage des conduits de fumée ou de cheminée.
— Avez-vous beaucoup de concurrence ?
— En Gironde, le nombre de ramoneurs de cheminées à bois ou à charbon semble avoir doublé ces dernières années. Pour les chaudières à gaz, beaucoup de couvreurs et plombiers ajoutent le ramonage à leur compétence. Espérons qu’ils soient qualifiés et qu’ils nettoient les tuyaux d’évacuation de fumée.
— Dans le passé, l’aspirateur n’existait pas. Comment ramonait-on ?
— Vers 1850, les conduits de cheminée étaient étroits et des enfants même de six ans étaient employés pour ramoner beaucoup plus avec leurs corps qu’avec leurs grattoirs. C’étaient des jeunes savoyards fuyant la pauvreté de leurs familles pour une vie tout aussi dure car ils étaient exploités, mal nourris, souvent prostitués. Il n’était pas rare qu’ils meurent étouffés par la suie. Ils étaient supposés porter bonheur comme leurs homologues allemands. Ceux-ci portant un costume noir et haut-de-forme. Leur corporation a bénéficié d’un monopole établi par le nazisme en 1935 et annulé en janvier 2013.
Tant qu’existera le plaisir d’un bon feu de cheminée, les ramoneurs auront du travail. Le danger vient des chaudières à ventouse ne nécessitant pas de ramonage. Est-ce la fin des ramoneurs?
Claude Garetier