Fleur de toussaint
La Chine la vénérait, la France en a fait la fleur du souvenir.
Dans certains pays comme la Chine, la Corée, le chrysanthème symbolise l’éternité, la joie, certainement parce que la nature triste de la fin d’automne est illuminée de toutes ses couleurs. Au Japon, en Chine, de nombreuses expositions de cette fleur sont réalisées. Aux Pays-Bas, aux États-Unis, les chrysanthèmes, symboles de bonheur, entrent dans la composition des bouquets de mariage. Les chinois lui reconnaissent des valeurs médicinales et même alimentaires. En Australie, on l’offre aux mamans pour la fête des mères.
Associé à la mort.
Cela n’a pas été toujours le cas, au XIXe siècle l’amoureux qui offrait à sa belle un bouquet de chrysanthèmes lui signifiait son amour absolu. Quelle serait votre réaction, aujourd’hui, mesdames, si vous receviez un pot de cette fleur ? Au premier anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale, le 11 novembre 1919, Raymond Poincaré voulu que tous les monuments aux morts et les tombes soient fleuris. Le chrysanthème étant l’une des rares fleurs dont la floraison est spectaculaire à cette époque et qui résiste assez bien au gel, il devint indissociable de la toussaint et son essor commercial était mis en place.
Pour nous parler de la culture des chrysanthèmes, L’observatoire a rencontré madame Hallouet des établissements Privat à Bruges.
— L’observatoire : À quelle période de l’année vous commencez la culture des chrysanthèmes ?
— Madame Hallouet : Nous recevons en juin des boutures que nous mettons directement en pot de terre de diamètre 19 puis nous procédons au premier arrosage, étape importante puisqu’il va permettre le tassement de la terre et d’éviter les poches d’air. Quinze jours à trois semaines après le rempotage, nous procédons au pincement qui a pour effet le développement en largeur de la fleur et de régler la date de floraison.
— Le chrysanthème est-il une plante fragile et quels sont les traitements que vous pratiquez ?
— C’est une plante très sensible aux attaques d’insectes. La rouille blanche, ennemi numéro 1, mais aussi d’autres maladies, suivant les conditions climatiques, font des apparitions. Suivant celles-ci, nous traitons quatre ou cinq fois par an.
— Quels sont les différents travaux qui vont vous occuper pendant les mois d’été ?
— Mi-juillet, nous effectuons le distançage qui consiste à écarter les pots suivant la dimension atteinte par la plante. Fin juillet et début août, nous pratiquons le tuteurage en plaçant dans chaque pot un piquet et un disque de tuteurage pour que la fleur reste droite malgré le poids des fleurs.
— Nous voyons, parfois, des plantes à grosses fleurs, quelle opération permet de les obtenir ?
— Nous pratiquons l’ébourgeonnage. Jusqu’à maintenant, nous avons laissé pousser la plante, nous avons par tige un bouton principal, entouré d’autres boutons qu’il faut enlever, au fur à mesure, ne laissant que celui du milieu de la tige qui fera la belle et grosse fleur riche en nombre de pétales. Ce travail important nous occupe pendant tout le mois de septembre.
— Avons-nous évoqué tous les travaux ?
— Nous n’avons pas parlé ni de la fertilisation qui va assurer la fermeté des tiges et donne de l’intensité aux couleurs,
ni de l’irrigation qui peut être journalière ou une fois par semaine.
— Tous les travaux se font-ils en extérieur ?
— Oui, tous nos pots sont à l’extérieur, le soleil est important pour les fleurs. Quand nous sentons arriver le froid et
les risques de gel, nous les mettons dans nos serres.
— Quelle est votre production ?
— Nous produisons, chaque année, six mille pots à dominante petites fleurs qui ont, nécessitant moins de manutention, un prix de vente plus abordable.
— Quels sont vos clients ?
— Nous avons une clientèle régionale composée de jardineries et de fleuristes pour les ventes en gros et de particuliers.
— Quel est le marché national et quelle est son évolution ?
— Vingt-cinq millions de chrysanthèmes sont vendus, chaque année en France, 95 % finissent leur vie dans les cimetières. Mais c’est un marché en baisse, les jeunes fleurissant moins les tombes.
Daniel Vallee