Balade dans l'Art nouveau
À la rencontre de l’Art nouveau, peu représenté dans la capitale girondine plus connue pour son architecture classique du XVIIIe siècle.
Quelle belle occasion en ce début de printemps de découvrir l’Art nouveau, synonyme de renaissance artistique après la révolution industrielle. Art voluptueux, joyeux, coloré qui allie le beau et l’utile par l’harmonie avec l’objet ou l’architecture, le renouvellement des matériaux dont le béton, la brique et le verre. Ce renouveau s’inspire à la fois de l’époque médiévale et de l’Orient. L’observation de la nature et l’emploi de lignes sinueuses, courbes et formes organiques sont une de ses caractéristiques principales. Eugène Grasset publie un recueil de botanique intitulé La plante et ses applications ornementales, le sculpteur Victor Horta s’inspire directement de la nature pour ses motifs décoratifs.
La plante devint le symbole de ce printemps de l’art. Il écrit : « Préfère la tige et le bouton à la fleur éclose ».
Du centre-ville à la gare
En débutant ce parcours, Place des Martyrs de la Résistance, avec l’Hôtel Frugès, on est certainement en présence du plus beau monument art nouveau de Bordeaux, monument historique depuis 1992. Acheté par l’industriel Frugès, passionné d’art médiéval et oriental, il le fait entièrement transformer par des artistes et artisans bordelais entre 1912 et 1927. Façade avec luminaires Daum, sculptures Schnegg, ferronnerie Edgar Brandt. L’Office du tourisme de Bordeaux organise des visites régulièrement, n’hésitez pas à y participer pour découvrir l’intérieur et le jardin. Admirez dans l’entrée des cintres orientaux, un sol de mosaïques avec un décor floral et une immense verrière. Poursuivez la visite vers la salle à manger avec ses meubles intégrés, son plafond peint, le salon de musique avec une cheminée ornée de peintures orientales. Le jardin est en contrebas avec son banc et son bassin ornés de mosaïques.
Puis dirigez-vous vers la Place Gambetta, et descendez sur les quais. Près de la Place de la Bourse se trouve le Grand Bar Castan qui date de 1890. Ce célèbre établissement, rénové en 2005, a connu des périodes plus ou moins fastes. Fondé par un capitaine de corvette, négociant en épices, amateur d’exotisme à l’évidence, il a conservé son décor kitch de rocailles, de fleurs et de palmiers. Une somptueuse marquise de verre polychrome orne la façade.
Pour finir ce parcours, empruntez le tram C, direction la gare. En face, le Café du Levant, établissement fondé en 1896. Son architecture est un mélange d’Art nouveau et déco, sa façade de mosaïques colorées italiennes date de 1923. On peut également remarquer des têtes enturbannées, évocation de départ vers un Orient lointain.
Poursuivez cette balade vers la rue Tauzia. Au 61, une belle demeure, quelque peu abandonnée, présente une façade ornée de céramiques vertes dans le plus pur style Art nouveau.
Autour du Parc bordelais
En longeant le Parc bordelais, près de la porte principale, vous pourrez observer, avenue Carnot, quelques belles maisons ou hôtels particuliers représentatifs de cet art. Au 80, l’hôtel Ferret de l’architecte du même nom est bâti en triangle sur trois niveaux dans un style très lisse. Cette première œuvre de 1910, présente une façade en brique jaune clair, des fenêtres arquées et une très belle entrée surmontée d’une marquise en verre et ferronnerie. Une terrasse en toiture termine l’ensemble.
Au 40 de cette même avenue, l’hôtel Schwabe réalisé par l’architecte Cyprien Duprat en 1908, dans un style d’Art nouveau géométrique, sa façade est en opus incertum ce qui lui donne un aspect rocaille et rustique.
Revenez sur vos pas rue du Bocage. Au 22, l’architecte Bertrand Duprat a construit cette maison en 1893 dans un style néo rococo sur deux étages et demi avec une influence Art nouveau.
Pour les amateurs inconditionnels, une visite guidée par l’association Tout Art Faire pourrait être programmée cet été sur ce sujet et une
conférence doit avoir lieu le 16 Mai de 19 h à 20 h 30 sur l’Art nouveau en Poitou Charentes. Bonnes promenades !
Martine Lapeyrolerie