Un air de fête
Qui a vécu la floraison soudaine et généreuse du magnolia à la sortie de l’hiver ne peut l’oublier et attend avec impatience le printemps suivant.
Certains matins, le givre couvre encore les branches dénudées des arbres, la Garonne s’enveloppe de brumes mais déjà les bourgeons floraux des magnolias annoncent la saison qu’on aime tant. C’est un cadeau du printemps naissant.
Petit bonheur garanti
Juste avant la mise en feuilles pour les espèces caduques, les fleurs s’épanouissent au mois de mars, parfois en février quand l’air est doux et ensoleillé. Du blanc aux dégradés de roses, parfois teintés de pourpre, les corolles se balancent sous la brise comme des coupes ou des tulipes dressées sur les ramures. C’est d’ailleurs pourquoi on nomme familièrement les magnolias tulipiers dans certaines régions comme dans les Landes ou en Charente. Ne pas confondre avec le vrai tulipier, celui de Virginie, originaire du sud et de l’est des États-Unis, arbre qui porte déjà ses feuilles quand ses fleurs crème orangé s’épanouissent.
La floraison de cet arbuste est un spectacle somptueux aux couleurs pastel. En solitaire au milieu de la pelouse, premier à fleurir en général en même temps que les forsythias, il promet la fin des jours sombres et froids. Ce n’est pas le cas des magnolias aux feuilles persistantes d’un vert très luisant aux grosses fleurs couleur ivoire et odorantes qui apparaissent en été seulement.
Plante d’ailleurs
Les magnolias sont des arbres très anciens dont on trouve des fossiles. Ceux qui ont un feuillage caduc sont originaires d’Asie, de Chine ou de Japon. Leur nom aurait été donné par un botaniste de Louis XIV, Charles Plumier pour rendre hommage à un autre botaniste Pierre Magnol, un des directeurs du Jardin botanique réputé de Montpellier à la fin du XVIIe siècle.
Le plus cultivé dans les jardins d’ici, le magnolia de Soulange est né d’un croisement entre deux sortes de magnolias d’origine chinoise, le magnolia denudata (dénuda de Yula) aux belles fleurs blanches, symbole de pureté, cultivé dans les temples et le magnolia liliflora aux fleurs de lys roses. L’hybride porte ce nom car il a été obtenu au XIXe siècle par un officier de l’armée de Napoléon en retraite, passionné d’horticulture, Étienne Soulange-Bodin.
Culture facile
Si vous avez un jardin à fleurir, écoutez d’abord les conseils d’un pépiniériste car il existe des dizaines d’espèces adaptées à des sols différents.
Mais il aime le Sud-Ouest, région ni trop chaude, ni trop humide car il se plait dans les climats plutôt tempérés, n’aime pas les courants d’air trop froids ni les gelées tardives et redoute les terres très calcaires. Finalement il se contente d’un sol ordinaire, pas trop sec. On peut le pailler avec des écorces de pin pour maintenir le sol un peu frais et le protéger des grands froids. Il est recommandé de le planter plutôt au début de l’automne pour favoriser l’enracinement avec éventuellement un peu de terre de bruyère pour introduire un peu d’acidité. Très décoratif devant la maison, au milieu de la pelouse, dans un massif ou près d’un petit plan d’eau. C’est un arbuste qui croit lentement mais sa taille peut atteindre plusieurs mètres de haut (entre 5 et 8 mètres environ). En principe, pas de taille pour préserver sa forme naturelle.
Et si vous n’avez pas de jardin, allez à sa découverte dans les parcs bordelais par exemple dans le Jardin botanique à la Bastide, le Jardin public ou dans le Parc floral à Bordeaux-Lac qui possède une superbe collection. Floraison spectaculaire, fascinante mais tellement éphémère.
Les pétales s’affaissent un à un puis chutent dès les premières feuilles. La magie disparait, l’arbuste se banalise. Heureusement, le souvenir et les photos nous ravissent tout au long de l’année en attendant le prochain printemps.
Texte et photos de Marie Depecker