Richard, un solide sexagénaire, vous accueille volontiers dans son atelier. Un local très lumineux qui donne sur le jardin de sa maison. Les étagères qui courent le long des murs accueillent des sculptures achevées et d’autres qui semblent terminées mais manifestement ne plaisent guère à l’artiste. Elles sont comme abandonnées çà et là. Un peu plus loin, des ébauches de terre crue, protégées sous plusieurs épaisseurs de plastique pour éviter qu’elles se dessèchent, des pots pleins de pinceaux et de spatules, différents outils.

La femme source d’inspiration

Une femme nue est installée sur une table dans la position d’une athlète qui se prépare pour un départ de 100 m. Richard scrute le modèle et modifie l’ébauche de terre placée sur un plateau tournant. À petites touches, il façonne un bras, une jambe, il rectifie le détail d’un pied la courbure d’une hanche. Il va ainsi, minutieusement, arriver à façonner la terre pour en faire une œuvre originale qui, après de nombreuses étapes, donnera naissance à une statue de bronze.

« J’ai pendant longtemps consacré l’essentiel de mon activité artistique à la peinture : huile ou aquarelles, ce qui m’a valu de nombreuses récompenses. Mais la sculpture m’a souvent tenté. Passer de l’eau, élément insaisissable et mouvant, possédant sa propre énergie de métamorphose, à la terre, élément malléable, pourrait apparaître comme deux approches, deux sensibilités opposées. Ma formation et sans doute une part de talent m’ont permis de réussir ce passage de la peinture à la sculpture. »

Pour vivre

Richard qui, depuis son plus jeune âge, est attiré par les arts plastiques, est diplômé de l’École des beaux-arts de Tarbes. « J’ai reçu une formation en dessin qui a développé chez moi l’esprit d’observation. Cet esprit, je l’ai utilisé pour prendre en compte la lumière, les transparences. »

Son père, conscient que « l’art nourrit rarement son homme », lui conseille de choisir une situation moins aléatoire, c’est ainsi qu’il s’engage dans l’armée de l’Air en 1965. Il est très vite repéré par les cadres des différentes bases où il est affecté. Si bien qu’après la restauration d’un tableau de l’un des colonels et la création d’œuvres originales, il expose, en 1980, à Nancy à la demande du Gouverneur militaire : des dessins, des huiles et quelques aquarelles. Ce premier succès fait qu’il est sollicité pour de nombreuses expositions par la suite.

Les clubs

Très rapidement, il découvre les clubs sportifs et artistiques (CSA), associations régies par la loi de 1901, implantées au sein d’établissements de la Défense. Ces clubs accueillent les personnels militaires et civils en activité ou en retraite ainsi que leurs familles ou encore des personnes étrangères à la Défense. Dès lors, Richard va consacrer une grande partie de ses loisirs à se perfectionner, à exposer et à former au dessin et à la peinture des membres de ces clubs.

Ces 400 CSA sont regroupés au sein de neuf ligues régionales, elles-mêmes chapeautées par la Fédération des clubs de la Défense (FCD). Outre les très nombreuses rencontres et championnats sportifs qui rythment la vie des clubs, des salons régionaux et nationaux sont organisés tous les ans : peinture et sculpture, métiers d’art, photographie, qui permettent aux artistes de se côtoyer, de comparer leurs œuvres, de découvrir de nouvelles techniques. À noter également le concours littéraire et la rencontre théâtrale annuels.

Avec plus de 18 000  licenciés, dont environ 10 000 se consacrent à diverses activités culturelles, les clubs constituent une large ouverture vers l’extérieur. Richard, après une carrière professionnelle militaire puis civile et une participation active à la promotion des arts plastiques au sein de la Défense, est aujourd’hui sculpteur professionnel estimé de ses pairs. Il expose régulièrement ses œuvres dans de nombreuses galeries et salons.

 Roger Peuron