A travers les ondes
Loick et Jawen font les derniers réglages
Il faut se requinquer avant de parcourir less 60 milles avant l'arrivée
Quatre Bretons naviguent, en ce mois de décembre, pour ramener un voilier d’Angleterre. Ce voyage est suivi, depuis Bordeaux, par leur communauté WhatsApp, sur téléphones et écrans.
Traverser la Manche, entre deux tempêtes, est un défi qu’avec deux amis, Xavier et Estelle, se sont lancés. Ils viennent d’acheter un voilier d’occasion, un monocoque de 10 mètres, mais le seul inconvénient, est qu’il est amarré en Angleterre, à Southampton ! Eux n’ont navigué que sur de petits catamarans. Heureusement leurs amis, Loick et Jawen sont des marins expérimentés. Un premier départ le 7 décembre a été reporté : la faute à la tempête ! Après une autre semaine d’attente, ce sera ce mercredi de la mi-décembre.
— Premier message : nous partons tous les quatre à Caen prendre le ferry, à Ouistreham, quatre heures de traversée, arrivée à Portsmouth et demain à 2 heures à Southampton, cap sur Dahouët normalement vendredi vers 18 heures.
Bien au chaud, de Bordeaux, on leur copie un poème sur la mer mais ils sont trop stressés pour répondre. Ils envoient enfin les photos tant attendues de Portsmouth, port militaire dominé par la Spinnaker Tower (170 mètres). On leur conseille de regarder le trois-mâts HMS Victory (1765). Puis arrivent des vues de Southampton, grande station balnéaire avec une multitude de mâts. La mer parait assez calme mais c’est un estuaire, ils ne sont pas encore en haute mer.
— Nouveau message : prise de repères et ajustement avant le départ de nuit.
On ne peut plus correspondre, on ne reçoit que les cartes de Marine Traffic, indiquant leur déplacement et les positions de tous les bateaux sur la zone. Ils vont traverser les rails, sorte d’autoroute de 6 miles de large, de montée et descente de nombreux porte-containers et bateaux entre le nord et le sud. Quelle angoisse, même si les voiliers ont priorité ! La petite flèche indiquant leur bateau ne bouge toujours pas, ils doivent dormir en attendant la marée. Puis, toute la journée de jeudi, qui nous parait très longue, leur vitesse s’affiche, elle varie entre trois et cinq nœuds.
— Arrive enfin un message d’Estelle : Sortie du port à 2 heures, très technique, en grande vigilance, contournement de l’île de Wight avec de forts courants, puis grand large à une vitesse de trois nœuds. Sommes arrivés à Guernesey à 20 heures (locale), après une sacrée journée de navigation.
… Xavier m’avait parlé d’un dîner aux chandelles, on s’est fait un retour de dîner en tête à tête autour d’un seau, tout l’après-midi. Heureusement nos capitaines ont assuré ! Demain, départ à huit heures pour, j’espère, 18 heures à Dahouët, souhaitons une mer plus calme.
Dès le réveil, vendredi matin, on reçoit des photos, le port Saint-Peter, la capitale de Guernesey et une magnifique vidéo des nombreux dauphins qui les accompagnent. De quoi leur faire oublier les mauvais moments de la veille !
— Message du jour : Ballotés à la sortie du port par des courants contraires et il reste encore 60 miles à parcourir.
Vendredi, dans la journée, ils reçoivent les messages des gens à terre :
— Bon vent matelots – allez zou – bon voyage – un oreiller moelleux et un bon café vous attendent – ils rentrent dans la baie, je parie une arrivée à 20 heures – faites gaffe, il y a un sous-marin russe au large de la Bretagne (www.meretmarine.com/fr/deux frégates suivent un sous-marin russe au large de la Bretagne).
Estelle envoie des vues de la mer, de la pause requinque du marin sur le pont.
— Dernier message : On passe le phare de Rohein, on rentre au bercail !
Accueillis par leurs voisins et connaissances, dans l’euphorie de la fin de ce voyage, Xavier tombe à l’eau en sautant du bateau. Ils retrouvent avec plaisir la possibilité de téléphoner à toute la communauté WhatsApp.
Grand soulagement pour tous puisqu’ils sont bien rentrés et surtout très heureux d’avoir réussi le challenge : traverser la Manche en voilier, même avec de mauvaises conditions météo.
Par Pierrette Guillot
C'est l'arrivée, grande joie, le challenge est réussi