E
Ethique
Éthique, ensemble de conceptions morales que l'on doit respecter, cette éthique, souvent malmenée, qu'en est-il pour le journalisme ?
Lesjournalistes, tous médias confondus, s'appuient sur une charte rédigée par le SNJ* en 1918 et révisée en 1938 et 2011, mais aussi sur un code de déontologie, la Charte de Munich, approuvée en 1971 par l'ensemble des syndicats de journalistes européens.
La crise des médias
Même si les mythes sont forts, l'attractivité exercée par de grands reporters comme Albert Londres ou Joseph Kessel n'a plus d'équivalent, les nouvelles techniques, les stratégies des groupes de presse ont eu raison du romantisme d'antan. La vérification des faits, la liberté d'information, l'opposition à toute censure, la protection des sources restent la règle, bien qu'écornées voire attaquées par l'irruption de capitaines d'industrie dans le monde des médias.
Le groupe Hersant en sera le précurseur avant que les Lagardère, Dassault, Bouygues et autres Pinault ne s'engouffrent dans la brèche. Il faut ajouter le quasi-monopole et l'AFP*, l'un des leaders mondiaux des agences de presse, qui fait de la presse écrite une caisse de résonance des informations, une machine à adapter les dépêches, les mêmes sources, les mêmes détails étant repris par tous les médias et adaptés à la sensibilité régionale ou politique des lecteurs.
Seraient-ils utopistes ces journalistes qui continuent majoritairement de respecter la charte, qui mettent les mains dans le cambouis quand tant de plumes sont devenues des vassaux des pouvoirs en place ? Les raisons de transgresser l'éthique ? Cupidité, copinage, recherche effrénée du scoop. D'autres menaces pèsent sur la profession, la politique imposée par la direction de certaines publications, l'exigence de rentabilité amenant à négliger les fondamentaux : vérification des sources, respect de la vie privée. Exemples de ces dérives : le faux charnier de Timisoara, la fausse interview de Fidel Castro.
Le traitement des guerres du Vietnam et du Golfe a souvent violé le principe de l'indépendance des journalistes.
Dans un tout autre registre, la campagne pour le oui à la Constitution Européenne en 2005 a vu Le Monde, Libération, Le Point, Sud Ouest…se muer en partisans de cette option.
Les conséquences, une image dégradée du journaliste et s'il est un sondage que la profession suit avec inquiétude, c'est bien celui de la SOFRES, sur la confiance que les Français accordent à leurs médias, en dernier lieu, seul un tiers jugeait les journalistes indépendants du pouvoir et de l'argent.
Elle, un des fleurons du groupe Lagardère Active
Quels remèdes ?
Les journalistes, préoccupés par la révolution numérique pourraient être les acteurs d'un sursaut salvateur, cela sera difficile tant sont redoutés les plans sociaux et les douloureuses saignées dans les effectifs. Alors, une fonction soulève l'espoir, celle du médiateur, un poste délicat que celui de réceptionner le flot des critiques !
Certes, la forme est souvent visée (vocabulaire, orthographe) mais les gros sujets d'actualité, les choix rédactionnels, s'invitent dans les réclamations. Le médiateur, journaliste chevronné ne doit être ni flic, ni juge, il a généralement le soutien de ses confrères car il est des leurs, mais relais des critiques. Porte-parole du public, il peut se trouver en conflit avec sa hiérarchie tout en étant accepté par la rédaction.
La presse régionale dont Sud Ouest est un des fleurons, résiste mieux à la crise que la presse nationale, toutefois, Sud Ouest a, depuis quelques années, désigné Thierry Magnol comme médiateur. Son rôle est déjà considéré comme indispensable par les siens, pourtant ses remarques peuvent être cruelles pour la profession, ainsi après l'Observatoire de la déontologie de l'information (ODI) qui s'est tenu en octobre, il titrait sa chronique du 18 octobre Médias et public, le ton se durcit, soulignant les dérives d'un public exigeant mais pointant aussi la perte de crédibilité du personnel politique et médiatique, dommage que Thierry Magnol dépende hiérarchiquement du directeur de la publication.
Sa conclusion résonne comme une bouffée d'espoir :
« La presse demeure le meilleur garant d'une information fiable. »
Alors verra-t-on bientôt renaître la parole d'Albert Londres ?
« Notre rôle n'est pas d'être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. »
Claude Mazhoud