Faire en fer

A Bègles, un atelier d'insertion accueille et forme des ouvriers métalliers

Au cœur de la zone industrielle de Bègles, rue de la Moulinatte, l’Atelier du grand port accueille l’atelier chantier insertion (ACI) Fil de Faire, affilié à l’Association pour la formation et l’éducation permanente (AFPTE).

Devant le hangar nous rencontrons Valérie Perrier, responsable de la structure, encadrante technique d’insertion, accompagnatrice socioprofessionnelle. Elle est en grande discussion avec un petit groupe de salariés : c’est l’heure de la pause matinale. Ils sont nigérians, français, afghan, soudanais, « tous motivés, bosseurs, sérieux, soucieux de pouvoir s’intégrer à la vie active » souligne Valérie. L’autre partie de l’équipe travaille actuellement sur des chantiers situés dans la Métropole bordelaise.

 

L’acier à l’honneur

Le bâtiment en tôle comprend deux parties distinctes et complémentaires. La première partie accueille des personnes éloignées de l’emploi, bénéficiaires du RSA, souhaitant s’insérer ou se réinsérer dans la vie active. En pénétrant dans l’atelier, nous découvrons les ouvriers en pleine fabrication de trappes de visites en acier brut qui seront ensuite galvanisées. Incluses sur les trottoirs et les ronds-points, elles permettent d’accéder à divers réseaux souterrains. C’est une des commandes que peuvent passer les collectivités locales ou les bailleurs sociaux. Pour ces ouvriers, le contrat de travail est proposé en échange de cette activité dans le domaine de la métallerie. Il est de quatre mois renouvelables, et ce, pour une durée totale maximale de 24 mois. Durant cette période, des ouvrages divers peuvent être réalisés tels que : bancs, jardinières, garages à vélos, etc… Les bénéficiaires sont pris en charge par un encadrant technique d’insertion, une assistante technique et une accompagnatrice socio professionnelle qui tiennent tous compte des difficultés de chacun. Avant d’être embauché, le parcours n’est pas des plus simples. Leur orientation vers l’ACI Fil de Faire a été validée préalablement soit par un conseiller de France Travail ou de la mission locale, soit par un professionnel de l’accompagnement des personnes en recherche d’emploi ou de formation, bénéficiant du RSA. Puis, en suivant a eu lieu un entretien individuel sélectif avec les chargés du recrutement de l’entreprise.

 

Équivalent d’un CAP

La deuxième partie du bâtiment est réservée à la formation diplômante de métallier, équivalente à un CAP. Elle se déroule sur neuf mois, elle est financée par la région et rémunérée par elle ou par France Travail. « Une remise à niveau en mathématique est nécessaire » insiste Pascal, chargé de cette unité. Cela consiste à acquérir des connaissances théoriques : savoir lire des plans, respecter les normes et monter un dossier de fabrication. Des connaissances techniques doivent être maîtrisées : pour fabriquer et réaliser en atelier des ouvrages de métallerie tels que marquises, grilles de défense, escaliers, garde-corps, portails... ; pour assembler et souder, intégrer des produits verriers, et poser les structures. Le dernier volet concerne l’environnement et la sécurité. Pascal est fier de ses élèves car l’épreuve est globalement difficile. Elle se déroule sur trois jours et se termine par un entretien avec un jury composé de métalliers qui peuvent éventuellement proposer un emploi aux candidats récipiendaires. Ces dernières années, le taux de réussite a été de 92 % au titre de professionnel. 75 % d’anciens stagiaires ont trouvé un emploi.

 

Frank venu du Nigéria est arrivé en France en 2013. Son sourire en dit long à l’évocation de la formation diplômante de métallier.

 

Par Jeanine Duguet et photos de D. Sherwin- White