Village en joie

À Préchac, village du sud gironde, la bonne humeur est contagieuse au Joyeux Marché.

Par Karine Sallafranque

 

Au cœur de la forêt des Landes girondines, la place de l’église de Préchac se pare de sourires radieux dès le mois d’avril. Le premier dimanche de chaque mois, jusqu’en décembre, on se retrouve au Joyeux Marché pour bavarder, partager un repas, acheter des produits locaux, écouter de la musique, et peut-être se laisser aller à quelques pas de danse. Au sein de ce marché atypique, l’engagement pour un monde solidaire et respectueux de la nature s’enracine depuis dix ans et s’épanouit dans une mosaïque de stands singuliers et novateurs.

 

À l'image des gratiferias

Dès l’aube, Pierrick guide une vingtaine de vaillants promeneurs au cœur de la nature pour écouter les chants d’oiseaux. Puis il leur donne rendez-vous, dans la matinée, sur le stand dédié à la biodiversité où il confie qu’il « aime partager sur la nature ». Non loin de là, au Forum, les connaissances et les savoir-faire se distillent généreusement : les curieux peuvent questionner sur des thèmes variés : la fabrication du pain, la dégustation des vins, des sujets sociétaux, artistiques ou environnementaux. Pour la première rencontre de la saison, Fanny et Camille informent sur le concept de sécurité sociale alimentaire (lire par ailleurs). Une petite fille empoigne des crayons de couleur et griffonne énergiquement une feuille de papier. Des petits copains et copines la rejoindront plus tard dans le Coin des joyeux enfants. Au stand de gratuité, on donne sans vendre et on prend sans acheter. Hélène, une des bénévoles, évoque les marchés gratuits d’Amérique latine : les gratiferias dont elles se sont inspirées. Elle précise : « Ici, les gens peuvent déposer des objets ou vêtements propres et en bon état. Puis, ceux qui veulent quelque chose prennent, tout simplement ! »

 

Aller au bout de son idée

À l’initiative du Joyeux Marché, l’association Place dou peis a rédigé une charte qui sert de référence à toutes les décisions. Jean-Philippe Bouix assure la présidence collégiale avec cinq autres personnes. Il explique que « l’association est à l’image de ceux qui la font ». Une trentaine de bénévoles s’organise en sept commissions dans lesquelles le « champ est libre pour toutes les idées ». Il précise que « tant que la charte est respectée, chacun peut proposer une animation ou une nouveauté. Il devra simplement la mettre en œuvre lui-même et aller jusqu’au bout » ; comme Maryse, enthousiaste, qui porte des projets dans la commission musique : « On essaie, chaque mois, de faire des choses différentes, de la musique du monde, de la musique traditionnelle, des solos, des groupes… ». Elle présente fièrement le groupe présent sur le premier marché de la saison : « C’est Banc public, quartet de musique trad et de jazz, qui va jouer. Ils sont très connus dans la région. » Alors, quand accordéons, violon et guitare s’éveillent dans les mains des musiciens déambulant autour de la place, la joie s’invite dans ce village, lové au cœur des landes girondines, pour un moment vibrant d’authenticité.

 

 

Le projet de sécurité sociale alimentaire est porté par le collectif Acclimat’action, soutenu notamment par Bordeaux Métropole, la ville de Bordeaux, le département de la Gironde et la région Nouvelle Aquitaine. Ce collectif girondin a été créé pour réfléchir et expérimenter dans les quartiers populaires avec le « double enjeu d’accélérer la lutte contre le changement climatique et opérer une transition des modèles alimentaires vers une justice sociale ».

 

Site internet : acclimatction.fr