L’entreprise girondine RestoValor collecte des déchets organiques pour qu'ils soient transformés en biogaz et en engrais.

Se chauffer grâce à des restes de nourriture, c'est possible si on valorise les ordures ménagères ou les invendus alimentaires en énergie. En 2020, dans un ancien garage de Bordeaux-Bastide, Daniel Folz, fort de son expérience chez Veolia et dans la transformation d'huiles alimentaires en carburant, crée RestoValor avec deux associés. En 2023, ses trois camions et ses trois vélos cargos se relaient pour collecter les déchets alimentaires traités dans un centre de méthanisation. 

1000 tonnes par an

Bordeaux Métropole estime à 85 000 tonnes par an la quantité de déchets organiques brûlés dans l'usine de traitement de Bègles. La vapeur d'eau produite est valorisée en électricité mais c'est une ressource qui permettrait également de produire du méthane ou de fertiliser des sols.

Une grande partie de ces déchets provient de la restauration et des commerces alimentaires : retour d'assiettes, épluchures, fruits et légumes abimés, produits périmés y compris de viande et de poisson, marc de café... Depuis le 1er janvier 2023, au-delà de cinq tonnes annuelles (une centaine de repas/jour), les producteurs sont dans l’obligation de trier et valoriser leurs biodéchets. À partir du 1^er janvier 2024, l’obligation de tri à la source s’appliquera à tous, producteurs et particuliers. (Lois AGEC)¹

Daniel Folz, le directeur explique fièrement :

« RestoValor a de l'avenir même si les perspectives de développement sont difficiles à anticiper. Nous sommes le premier collecteur dans la Métropole, 1000 tonnes environ en un an. Notre chiffre d'affaires est passé de 40 000 euros en 2020, l'année de création, à 573 000 en 2022. » 

Tournées en vélos cargos

« Nous sommes une équipe de guerriers », continue-t-il, « nous nous adaptons à la demande croissante. L'équipe comprend huit personnes dont des jeunes en alternance et nous avons une centaine de clients : Mac Donald, le marché des Capucins, la Tupiña, Auchan, des cantines... Comme nos services sont payants (de 35 à 86 euros HT par mois) beaucoup d'entreprises sont encore réticentes. »

RestoValor propose deux types de contrats : la fourniture d'un seau étanche, lavé et désinfecté à chaque échange pour les volumes standards ou un bac à pédale roulant pour les volumes plus importants. Le tout est collecté par des vélos cargos électriques qui font la tournée dans le centre de Bordeaux ou dans des camions-bennes pour les secteurs plus éloignés.

Le directeur précise : « La méthanisation se fait obligatoirement dans un centre agréé. Aujourd'hui on va dans celui de Suez à Saint-Selve mais en 2024, on aura un contrat avec le centre de traitement en construction dans le port de Bordeaux, à Bassens. » Les biodéchets sont stockés dans des " digesteurs " étanches. Après quelques semaines de fermentation, le gaz émis est réinjecté directement dans le réseau gazier. Les résidus sont vendus comme compost. La méthanisation permet la réduction des gaz à effet de serre car le gaz n'est pas rejeté dans l'atmosphère et sa combustion produit moins de CO2 que le gaz naturel.

Transformés en énergie ou fertilisants organiques, nos déchets valent de l'or.

Marie Depecker

¹ Lois AGEC : lois anti-gaspillage pour une économie circulaire promulguées en 2020 et 2022 

Encadré

Le Grand port maritime de Bordeaux et le producteur d'énergie renouvelable CVE (Changeons notre vision de l'énergie) construisent une unité de méthanisation à Bassens. À partir de 2024, elle permettra la valorisation de 25 000 tonnes de matières organiques par an et produira l’équivalent de la consommation annuelle en gaz d’environ 3 500 foyers. Et permettra également la valorisation de 1 500 ha de sols agricoles grâce au digestat (matières résiduelles) produit par le site.