Entrez dans la danse !
La sévillane vous entraîne au cœur de l’Andalousie à Séville, la capitale trépidante et bercée par ce folklore aux mille couleurs.
L’association Pena Copas et Duende Andaluz à Bordeaux, présidée par Émilie Perrier vous convie à venir partager des instants de convivialité lors de soirées animées au rythme des danses sévillanes.
Créée en 2006, cette association regroupe un chanteur, un guitariste, un pianiste et quatre danseuses formées par Émilie qui donne des cours et effectue des stages mensuels. Elle fait voyager dans des lieux festifs : restaurants, salles des fêtes et autres où il fait bon déguster de savoureuses tapas.
Danse du peuple
D’une origine assez obscure, la sévillane est une danse populaire espagnole de Séville qui se danse à un, deux ou plusieurs couples, en cercle ou en groupe mais Séville estaussi un berceau du flamenco, les deux sont souvent mêlées. Elle est à la fois aérienne et bien ancrée dans le sol, exécutée sur une mélodie chantée. Elle fait son apparition dès le XVIIe siècle, dérivée des chacona (chacone) et zarabasta (sarabande) très populaire dans toutel’Espagne et nommée la seguidilla en Andalousie. Elle se danse lors de férias (à Séville, Jerez, Barcelone) et dans le sud de la France (à Arles, Nîmes, Dax, Béziers) dans des casetas, tentes réservées à cet effet.
Ce soir, c’est le restaurant Le Parador, au centre de Bordeaux, qui accueille le groupe Ni mas ni menos, sa chanteuse Éva, des membres de l’association, les danseuses et les convives venus se restaurer. De jeunes serveurs vous offrent le verre de l’amitié, sangria ou boissons de votre choix accompagnées des fameuses tapas et vous baignez déjà dans une ambiance chaleureuse.
Fée ou sorcière ?
Éva entonne sa première mélodie et un silence s’installe. Comment une voix aussi puissante aux accents rauques peut-elle ainsi se dégager d’une silhouette aussi frêle ? Fée ou sorcière ? Vous êtes comme envoutés ; des frissons vous parcourent. Immédiatement, danseurs et danseuses sont sur la piste. Les filles, vêtues de robes moulantes qui accentuent la finesse de la taille et les mouvements harmonieux du corps, suivent la mélodie .Les volants aux couleurs chatoyantes, vives, rouge sang, fuchsia, vert émeraude, virevoltent sous les projecteurs.
La sévillane se danse à deux ou par série de quatre. Elle traduit des sentiments très forts tels que l’affrontement, l’approche, la fuite, l’amour à la fin desquels les couples s’immobilisent, les bras en l’air avec une pose de quelques secondes. Ces étapes de la danse correspondent à un parcours romantique : rencontre, séduction, dispute puis réconciliation. Chaque sévillane a une chorégraphie différente : primera, segunda, tercera, cartera car il y a quatre danses dans chaque danse. Une des sévillanes est appelée Rociéra, allusion au pèlerinage de Pentecôte vers l’ermitage de la Vierge de la Rosée (Rocio) près d’Almonde, province de Huelva. Les sévillanes se réfèrent très souvent à la Vierge.
Les corps se frôlent
Le buste en arrière, sur le plancher du restaurant, les danseurs élèvent les bras et les arrondissent avec les paumes des mains tournées vers l’extérieur. Cette danse offre tous les aspects de la séduction : la femme avance, aguichant son partenaire en relevant un pli de sa jupe puis recule. Les corps se frôlent sans se rencontrer ; ce sont les regards qui jouent et s’expriment. Éva vient d’achever sa chanson Por que te vas et les corps s’immobilisent, c’est la trêve. Les danseurs viennent trinquer, le verre à la main.
Des ateliers sont très nombreux dans l’agglomération bordelaise : cours particuliers et stages ont lieu une fois par mois, enseignant la technique des pas, du rythme, celle des pieds, la position du corps très importante et le jeu des mains. Allez-vous y inscrire et un jour peut-être, rendez-vous à Séville où des milliers de croyants se rassemblent lors de la semaine sainte. Avec eux, vous évoluerez sur le Deal de la féria, esplanade très illuminée où sont regroupées des baraques colorées pour manger et danser au rythme de lasévillane.
Élisabeth Gillon