Guérilleros à Bordeaux

La Guerre civile espagnole a fourni des milliers de résistants à la France.

Il a fallu de nombreuses années pour que ce monument à la mémoire des Républicains espagnols qui participèrent containts à la construction de la base sous-marine soit érigé en 2012
Il a fallu de nombreuses années pour que ce monument à la mémoire des Républicains espagnols qui participèrent containts à la construction de la base sous-marine soit érigé en 2012

Dès 1936, mais surtout en 1939, environ 500 000 Espagnols, dont un peu moins de la moitié de Guérilleros républicains fuyant le franquisme, se réfugient en France. Nombreux sont ceux qui gagnent ensuite Bordeaux et sa région. Ils retrouvent dans cette France de 1940 les mêmes ennemis : le fascisme et le nazisme.

 

Continuer la lutte

Rejoindre la Résistance naissante est, pour les combattants, le moyen de poursuivre leur lutte avec l’espoir de retourner un jour au pays pour chasser Franco.

Formés au combat et habitués à se contenter de peu de matériel, ces valeureux Républicains, officiers, sous-officiers et soldats, apportent à la Résistance leur immense courage mais surtout une organisation bien rodée. Certains se chargent des passages par les Pyrénées, d’autres combattent dans les groupes de L’Armée secrète ou dans ceux des Francs tireurs partisans, d’autres encore rejoignent les Force françaises libres.

Difficile de connaître leurs effectifs dans le détail, on peut néanmoins retenir qu’en juin 1944, environ 60 000 Guérilleros espagnols sont présents dans 41 départements, chiffre considérable car le nombre total des maquisards en France est de 300 000.

 

Faits majeurs

La place manque pour évoquer les nombreuses actions qu’ils ont menées, seules trois sont évoquées.

Plus de 3 000 Républicains espagnols furent contraints de participer à la construction de la base sous-marine de Bordeaux. Parmi eux, de nombreux groupes de Guérilleros dont la mission était d’informer la Résistance sur tout ce qui se passait sur le chantier et de fomenter grèves et sabotages.

Le 27 août 1944, la 3e brigade de la 24e division, composée de 170 Républicains, après avoir libéré Casteljaloux, reçoit l’ordre de marcher sur Bordeaux pour aider les FFI à prendre la ville. Le sacrifice de Pablo Sanchez qui tombe sous les balles allemandes, permet de sauver le pont de Pierre et de le sécuriser pour ouvrir la voie aux régiments venant du nord.

 

Plaque à la mémoire de Pablo Sanchez 53 quai Richelieu
Plaque à la mémoire de Pablo Sanchez 53 quai Richelieu

Après la libération de Bordeaux, les FFI, Français et Espagnols se dirigent vers les points de résistance allemande, notamment la Pointe de Grave où se déroulent de violents affrontements.

 

Des héros

Luis Alberto Quésada, d’origine andalouse, Argentin de naissance, s’engage à 17 ans dans l’armée républicaine, il y devient capitaine. En 1939, à la Retirada, il entre en France. En 1941, il prend contact avec des camarades Guérilleros et, en collaboration avec son ami Bernardo Alvarez (Cubichi), il jette les bases de la lutte armée à Bordeaux et dans sa région, Repéré par la Gestapo pour ses activités subversives dont l’organisation d’une grève importante à la base sous-marine, il passe en Espagne où il rejoint des groupes qui combattent la dictature. Arrêté, torturé il est condamné à mort. Grâce à sa double nationalité, il voit sa peine commuée en prison à vie. Il y restera 17 ans, à sa libération il regagne l’Argentine.

Asunción Allué Martinez est arrivée à Bordeaux en 1939, elle travaille comme infirmière à l’hôpital Robert-Piqué. Avec son mari Luis Alberto Quésada, ils hébergent chez eux de nombreux résistants venant de la France entière. Elle faisait probablement partie du groupe de Bernardo Alvarez (Cubichi) qui fit disparaître un très important stock de mercure* déposé à l’hôpital Robert-Picqué, empêchant les nazis de se l’approprier.

Gregorio Pérez et Rita son épouse sont installés à Bordeaux depuis 1915. Lui travaille aux abattoirs de Bordeaux, elle fait des ménages. Tous deux s’engagent très tôt dans la Résistance. Ils sont arrêtés en 1942 ainsi que leurs deux fils. Elle est internée au camp de Compiègne, puis transférée le 31 décembre 1943 au camp de femmes de Ravensbrück. Après sa libération, Rita revient à Bordeaux où elle continue son combat pour la démocratie en Espagne. Gregorio et ses fils sont également internés en Allemagne, Paul le cadet y meurt.

Des milliers de Guérilleros qui ont participé à la libération de la France le payèrent de leur vie. Ils furent fusillés, déportés et exterminés en Allemagne.

 

Roger Peuron      

 Retour journal

 

 

* Le mercure était utilisé sous forme de fulminate comme détonateur pour certaines munitions

Source : Les Espagnols dans la Résistance à Bordeaux et dans sa région. Septembre 2012. Association des Retraités espagnols et européens de la Gironde.