Les marques espagnoles à l’univers créatif et haut en couleurs, défient les codes de la mode, veulent habiller les femmes du monde entier.

Les espagnols profitent de la conjoncture, formidable opportunité pour récupérer d’excellents emplacements à bas prix. À Bordeaux, l’ancien magasin de tissus Bouchara a été remplacé par la boutique Zara. Le Grand Quartier, magasin emblématique bordelais a fermé. Les locaux rénovés accueilleront une boutique Mango. Dans la galerie marchande de Mérignac Soleil, l’enseigne Virgin a laissé place depuis un an à un magasin Zara. En septembre Misako, sacs et accessoires espagnols, a fleuri rue du Pas-Saint-George, ainsi que Véra Moda, installée en novembre tout à côté de Saint-Christoly.

Des marques régionalisées 

Zara est créée en 1975 en Galice pour concurrencer le géant suédois H&M. Une mode plutôt classique, urbaine, pour toute la famille et depuis peu, Zara Home, pour décorer vos intérieurs. Plus de 4 000 boutiques Zara dans le monde. Cette marque fait partie du groupe Inditex, numéro un mondial du textile qui comprend les autres enseignes Bershka, Massimo Dutti, Pull & Bear (présent rue Sainte Catherine), Oysho, Stadivarius et Desigual. En Espagne, la capitale de la mode n’est pas Madrid. Si Zara est fabriquée en Galice, Désigual est créé à Barcelone. Leurs boutiques à Bordeaux mettent en avant un esprit décalé et coloré. La philosophie est basée sur l’adéquation permanente, l’innovation et la différenciation. On ose les mélanges de couleurs et de motifs, les codes de la mode qui imposent de ne pas mélanger plus de trois couleurs sont bafoués.

Mango est aussi une société espagnole spécialisée dans les vêtements et accessoires pour femmes et hommes. Après avoir commencé par des ventes par correspondance, le premier magasin est ouvert en 1984, la première boutique en ligne en 2 000. Le siège social est à Barcelone sous la direction d’Isak Andic. Il a ouvert un centre de recherche et de design qui emploie 500 personnes, aux portes de Barcelone. Mango est présent dans une centaine de pays. Pour s’imposer, il a baissé ses prix de 20 %. Il est implanté sur la côte basque et à Bordeaux.

Misako (200 boutiques dans le monde), connue des français allant en Andorre, est la première en France à s’implanter à Bordeaux. Vitrine colorée, animée par une jeune espagnole dynamique, une pointe d’accent, fière de proposer des sacs aux couleurs vives, aux formes actuelles, pour 35 euros. Les fils et laine Katia, encore une marque espagnole a des points de vente en France, à Cultura, lieu de loisirs créatifs. Quant aux chaussures, on les trouve dans des enseignes multi marques comme Béryl, rue Sante Catherine ou Trois par trois, dans des magasins éphémères.

Les raisons du succès 

Les conceptions sont espagnoles, les fabrications pour 50 % sont européennes. L’autre raison du succès est la fantaisie. Les designers sont les héritiers des peintres espagnols comme Miro, Dali, Picasso, Tapies. Il faut tenir compte de la chaleur ibérique, du soleil, des couleurs de citrons vert et d’orange, qui influencent les collections de Desigual ou Misako. Les productions de ces marques prévoient des articles pour toutes les bourses. Un pantalon Zara à 70 euros mais aussi un jean Bershka à 19 euros pour les plus jeunes. Chez Zara, les vendeurs de chaque boutique relèvent très régulièrement les articles qui ne marchent pas et communiquent aussitôt à la direction. Les designers ont une formation maison. L’implication des groupes dans le milieu de la mode est très importante. Mango organise depuis 2007 El Boton-Mango Fashion Awards pour récompenser les espoirs de la création, avec possibilité d’embauche et forme des  personal shoppers», des conseillères en relooking. Le groupe Inditex a 350 designers et sait fournir des collections tout au long de l’année.

Enfin, grâce à des centres de logistique implantés partout en Europe, ces espagnols sont de très rapides distributeurs. Bordeaux étant proche de l’Espagne, les enseignes ibériques s’y multiplient.

Pierrette Guillot.