Films en stock
Une collectivité qui ne se préoccupe pas de son passé, n’a pas d’avenir, dit-on. La Mémoire de Bordeaux Métropole fait le maximum pour conserver les traces de ce passé, en particulier sous forme d’images animées, pour que la Métropole y trouve matière à éclairer son avenir.
La Mémoire de Bordeaux Métropole
[1], installée dans le bâtiment des Archives de Bordeaux
Métropole, possède de nombreux fonds d’images animées. Sandie, la responsable de l’audiovisuel qui les gère,. Elle précise comment ils sont
obtenus, conservés et valorisés.
— L'Observatoire : Des films de Max Linder, datant des années 1900, ont été présentés au public en 2020, sont-ils les plus anciens que vous possédez et sous quels formats sont tous ces films ?
— Sandie :En effet, ils ont été achetés en 1986. Un peu plus tard, le Grand Port maritime de Bordeaux a déposé l’ensemble des films datant des années 1930 et réalisés par son service cinématographique. Ils retracent la riche activité du port, y compris des avant-ports de Pauillac et du Verdon. Ils font revivre les arrivées et les départs des navires, les débarquements et embarquements des passagers et des marchandises.
Par la suite, nous avons récupéré de nombreux films d’amateurs couvrant les décennies de 1940 à 1960. Il s’agit bien souvent de films familiaux constituant des témoignages sans filtre.
La société Esso a remis des films retraçant les travaux qu’elle a réalisés au cours des années 1960 à 1980 et en particulier ceux des prospections pétrolifères dans les Landes, comme à Parentis-en-Born.
Nous avons également des films d’Émile Couzinet [2], dont les droits sont détenus par René Château Vidéo.
Plus généralement, les films que nous conservons ont fait l’objet d’une convention établie avec les ayants droits, elle fixe les conditions d’utilisation. Tous ces produits argentiques couvrent la totalité des formats : du 35 mm au super 8, en passant par le 16 mm, le 9,5 mm ou encore le 8 mm.
— Avez-vous également des enregistrements vidéo ?
— Oui, depuis sa création en 1987, la Mémoire a réalisé de nombreux reportages sur les travaux effectués dans la Métropole et interviewé des personnalités qui ont, à un titre ou à un autre, marqué son histoire depuis les années 1950. Tout le chantier du tramway a ainsi été suivi, ainsi que les fouilles archéologiques préventives en amont et des sportifs, des hommes politiques, des religieux de toutes confessions… ont témoigné de leurs parcours et de leurs choix. Nous avons ainsi environ 3 000 vidéos, dont le tiers est numérisé.
— Qu’en est-il de la numérisation des films ?
— Nous en avons en tout plus de 250 dont 60 % sont numérisés. Depuis 2018, l’association fait partie de la Mémoire filmique de Nouvelle Aquitaine qui dispose, par l’intermédiaire de la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine [3] à Limoges, de moyens professionnels permettant d’obtenir une grande qualité. Pour chaque numérisation, deux versions sont fournies, une basse définition pour outil de travail et une haute définition pour diffusion.
— Comment valorisez-vous ces différents produits ?
— Tous les produits ainsi numérisés sont à la disposition des documentaristes, chercheurs, particuliers qui, dans le cadre de leurs travaux, font appel aux services des documentalistes de l’association. Ils identifient ainsi, avec elles, les documents intéressants destinés à nourrir leur production. C’est ainsi que l’association a fourni plusieurs documents pour Bordeaux sous l’occupation dans la série Les villes sous l’Occupation, diffusée en 2018 sur RMC.
Outre les travaux des étudiants évoqués dans l’encadré, la Mémoire présente ces produits dans le cadre de son programme annuel de conférences et de projections. C’est ainsi que le 30 janvier 2020, dans l’auditorium de l’ALCA [1] à la MECA [2], ont été projetés trois films joués par Max Linder.
Lors du salon annuel d’expression photographique, organisé par la Mémoire, qui a lieu cours Mably, généralement au moment des Journées européennes du patrimoine, un montage vidéo accompagne le thème de l’exposition, il est réalisé à partir des archives.
De plus, la Mémoire a présenté régulièrement des montages constitués à partir de ses fonds lors de Bordeaux fête le fleuve et Bordeaux fête le vin.
— Des produits sont-ils également disponibles pour le grand public ?
— Oui, la Mémoire est désireuse de proposer la découverte de certaines de ses perles au plus grand nombre. Elle a produit, en 2000, le documentaire Bordeaux des quartiers pour mémoire mettant en lumière l’importance des fonds audiovisuels archivés au fil des ans par l’association. C’est ainsi que l’on découvre, en 78 minutes, des images de la vie bordelaise depuis 1920. Elles proposent un parcours de quartier en quartier, chacun est introduit par une statue emblématique.
Depuis 35 ans, la Mémoire de Bordeaux Métropole s’attache à récupérer, archiver, conserver les images de l’évolution de la Métropole depuis le début du XXe siècle. Mais elle est persuadée que de nombreux films amateurs se languissent aux fonds des tiroirs de particuliers, souvent perdus à jamais, aussi, elle se propose de les récupérer, de les numériser et surtout de les valoriser.
Roger Peuron
Mémoire de Bordeaux Métropole
Parvis des Archives
Rue de la Rotonde
33100 Bordeaux
05 56 52 59 19
memoiredebordeaux.wixsite.com
Un exemple de partenariat
Le 30 septembre 2021, à l’espace Darwin Écosystème, 150 personnes se pressent pour assister au Ciné Concert Images d’enfance organisé par la Mémoire de Bordeaux Métropole, en partenariat avec l’Université de Bordeaux Montaigne. Les films projetés ont été montés par les étudiants du master Cinéma - documentaire et archives, à partir de films d’archives fournis par l’association. L’accompagnement musical est assuré par un groupe de jeunes musiciens, Sunless Pier.
Tous les ans, en octobre, la Mémoire, d’un commun accord, avec les responsables du master, choisit des films et des photos qui sont proposés à quatre ou cinq groupes d’étudiants qui doivent alors construire une nouvelle œuvre, dont le contenu et la réalisation seront jugés et notés. La présentation lors d’un Ciné Concert constitue une véritable reconnaissance pour les créations retenues.
[1] Voir L’Observatoire n° 121, l’article Des archives vivantes
[2] Producteur de cinéma et réalisateur né le 12 novembre 1896 à Bourg et mort le 24 octobre 1964 à Bordeaux. Il produit des films jubilatoires, parfois un peu grivois
[3] Réseau dont la création a été impulsée par la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine installée à Limoges il regroupe des associations travaillant sur la valorisation du patrimoine cinématographique comme le FAR à La Rochelle (Fonds Audiovisuel de Recherche), Mémoire de Bordeaux Métropole ou Trafic Image à Angoulême
[1] ALCA : Agence culturelle de la région Nouvelle-Aquitaine
[2] Maison de l’économie créative et de la culture de la Région Nouvelle-Aquitaine