La fabrique Pola est installée au bord de la Garonne, rive droite, près du pont Chaban( photo M. Depecker)

La Fabrique Pola est installée à Bordeaux, dans le quartier Brazza en pleine métamorphose. C'est une communauté d'artistes qui espèrent vivre de leur art en coopérant.

C'est un ancien entrepôt de 4 000 m² sur la rive droite de la Garonne, entièrement restauré, que Pola a investi en juin 2019 : de grandes baies s'ouvrent sur le fleuve, l'aménagement intérieur est tout en bois clair. Les bureaux en mezzanine sont habités par 25 structures culturelles : artistes plasticiens, architectes, éditeurs, photographes, illustrateurs, un cabinet d'avocats, des ateliers d'impression, de sérigraphie, de gravure... Tous appartiennent à la filière des arts visuels ou en sont proches. L'ensemble est géré par une association où 8 salariés organisent la collaboration au sein du collectif d'artistes et les relations avec l'extérieur. "La coopération demande beaucoup de temps et d'énergie" insiste Blaise Mercier, le directeur du lieu.

Un réseau de talents 

Les "habitants", comme on les appelle ici, paient une participation au budget de l'association gestionnaire. En contrepartie, s'ils sont là pour développer leurs propres activités, ils doivent aussi être acteurs de la Fabrique et mettre leur savoir-faire au service des autres "habitants" et du public. Ainsi ils peuvent exploiter toutes leurs compétences et trouver un modèle économique pour vivre de leur art. 

Tous sont représentés au Conseil d'administration. Ils se réunissent tous les deux mois et participent à des groupes de travail pour définir et mettre en œuvre des projets culturels communs. À Pola, on croise les talents et on organise des synergies. 

Les artistes et créateurs trouvent sur place des services pour tous les aspects de leurs métiers : des espaces et outils mutualisés (photo, gravure, impression, sérigraphie, atelier de bois, de métal...), des conseils juridiques, des aides pour la diffusion de leur création...c'est un véritable réseau solidaire de compétences. 

Un lieu ouvert 

Blaise Mercier, tout en faisant visiter le lieu, présente des réalisations : ici c'est le Polarium qui propose une exposition libre d'accès sur le Carnaval des deux rives. Installation collective qui met en scène les trois derniers carnavals dont le directeur artistique était Guillaumit, présent à Pola (Carnaval augmenté en 2018, Carnaval des brigands en 2019 et Carnaval englouti en 2020) 

Au premier étage, c'est un alignement de bureaux très ouverts sur l'extérieur, occupés par chaque structure. 

En face, la pépinière Copola accueille, pour trois ans, trois jeunes artistes et designers accompagnés par des "habitants" de Pola. Un escalier-gradin, lieu de débat interne ou avec le public, par exemple quand "la Papote à Pola" invite le journaliste Pierre Haski. Plus loin, des espaces sont dédiés à la formation et tout au fond de la maison un immense atelier, celui de Zebra3 qui occupait déjà les lieux, où on travaille le bois, le métal, la peinture...des commandes des "habitants" de la Fabrique ou extérieures comme celles de Bordeaux Métropole. Par exemple, c'est ici que quelques pièces du Vaisseau spatial de Suzanne Treister ont été fabriquées et montées. 

Pola favorise aussi la rencontre de la culture avec le public : le quartier est encore en chantier mais elle reçoit déjà beaucoup de visiteurs, les expositions sont en accès libre. Des touristes curieux prolongent leur balade jusque-là. Et on peut s'inscrire à des ateliers d'apprentissage par exemple pour s'initier à la gravure. C'est à la Station-service. 

La Fabrique est une ruche d'une centaine de personnes au service de la création artistique, passez quand vous voulez.

Marie Depecker 

Encadré Les locaux de Pola ont été aménagés pour un montant de 2,8 millions d’euros. 

" Nous avons signé un bail emphytéotique de 18 ans, une durée directement négociée avec l’État puisque les lieux relèvent de l’emprise du port, explique Blaise Mercier. Le budget des aménagements a été réuni, pour un tiers, grâce aux subventions publiques Métropole/Région, un tiers par la Caisse des dépôts via sa filiale la Banque des territoires, et le dernier tiers est un emprunt de 900 000 euros dont le remboursement est répercuté au juste prix sur les loyers de la Fabrique. "