A l'école du métal
Photos de D. Sherwin-White
Les métiers de métallier et de ferronnier franchissent les siècles mêlant traditions et modernités : quelles formations ?
Le BTP CFA de Blanquefort est une des cinq écoles du bâtiment et des travaux publics d’Aquitaine proposant une formation en alternance pour chaque métier du secteur. Nous sommes accueillis chaleureusement par Laurent Sonnet, formateur qui nous guide au gré d’un dédale de couloirs décorés par les élèves, vers l’atelier de métallerie.
Traditions
Dans cette sorte de grand hangar aux poutres métalliques les étudiants en classe de 2e année et dernière année de brevet professionnel se mettent à l’ouvrage. La forge, point-majeur de la ferronnerie, apparaît au fond de la pièce. Josselin en actionne la soufflerie électrique puis alimente le foyer avec du charbon de terre réputé pour garder les hautes températures sur la durée. Il est chargé de la fabrication d’un lampadaire style XVIIIe. Après avoir enfilé un gant de cuir pour se protéger de la chaleur, il présente dans le foyer l’extrémité d’une barre de fer préalablement découpée à la dimension souhaitée. Celle-ci, chauffée entre 800° et 1300° peut être alors travaillée. Il la positionne sur l’enclume, la martèle à l’aide d’un énorme marteau de forge : trois ou quatre coups puis un rebond pour délasser le poignet. À plusieurs reprises la barre est remise au cœur des flammes et travaillée sur l’enclume jusqu’à la réalisation de la forme désirée. Il dit « sentir » le métal et adapter son geste afin d’obtenir la pièce dessinée au préalable : pointe effilée, volute, petite feuille d’ornement sortent de la matière brute. « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage » (Boileau)
La métallerie
Trois jeunes œuvrent à l’élaboration d’une porte de style contemporain en métal, bois, et verre, destinée à fermer un accès de l’atelier. Laurent souligne « qu’il faut apprendre à travailler en équipe pluridisciplinaire. C’est une situation que l’on retrouve continuellement sur les chantiers ». Le plan de cet ouvrage a été préalablement réalisé au millimètre près, les soudures codifiées. Sarah et son coéquipier sont sur deux postes de soudure tandis que Cantin s’emploie à courber, à l’aide d’une cintreuse à tube, un gros tuyau creux qui deviendra la poignée. Ici on apprend à fabriquer escaliers, rampes, garde-corps, grilles, portails ouvragés, marquises, mais aussi suivant les options tout ce qui est charpente métallique, tuyauterie, serrurerie, portes de style contemporain.
Parcours
Certains étudiants cumulent les formations comme Sarah. Bac pro en chaudronnerie, licence en soudure, CAP de tuyauterie industrielle. Elle prépare le BP métallerie pour accéder ensuite au métier de conducteur de travaux. Josselin, CAP de ferronnier en poche parfait ses connaissances niveau BP métallerie. Laurent Sonnet, 30 ans de métier a dû revenir à la case « études » pour intégrer le CFA en tant que formateur. Le métier de métallier demande des connaissances en technologie complétées par des cours de français, anglais, mathématique. Il faut pouvoir dessiner la commande d’un particulier, savoir l’adapter à la réalité du bâtiment et du lieu. Outre le façonnage, il doit en assurer la livraison et le montage.
Études
CAP en 2 ANS |
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34 semaines en entreprise |
13 semaines au CFA |
5 semaines de congés payés |
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B P en 2 ANS |
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1e année 34 semaines en entreprise |
13 semaines au CFA |
5 semaines de congés payés |
2e année 33 semaines en entreprise |
14 semaines au CFA |
5 semaines de congés payés |
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Le CFA de Blanquefort c’est : 1006 apprentis, 31 métiers proposés, des emplois à la clef. Nous avons rencontré des jeunes motivés, à l’écoute des conseils prodigués par leur aîné. Il serait grand temps de mettre en exergue cette jeunesse-là.
Jeanine Duguet