Au fil de l'eau
Balade fluviale qui permet d'apprécier les deux rives de la Garonne et les quais de Bordeaux.
Les voies aménagées en bord de Garonne sont depuis les années 2 000 en pleine évolution. Les façades des immeubles se sont éclaircies. Les berges se sont transformées. Les accès fluviaux sont facilités par des pontons sécurisés. Bordeaux a su s’adapter aux évolutions des siècles en ne cessant de se transformer.
C’est à bord du Marco Polo, amarré rive droite, 33 quai des Queyries, embarcadère Montesquieu, que le rendez-vous est donné pour 19 heures. Ce soir-là, la croisière est privée et festive : une famille, accompagnée de ses invités, fête le dix-huitième anniversaire de son fils.
Quais féériques
Le Marco Polo est un bateau de croisière de 33 mètres pouvant accueillir 150 passagers, mis en service en Allemagne en 1960, il navigue désormais sur la Garonne depuis 2014. Son propriétaire est Monsieur Franck Jouanny. Il arbore des couleurs rouge, jaune, noir et blanche. À bord, sont organisées des croisières touristiques, des soirées privées, des afterwork de mai à mi-octobre.
Sur le pont principal, un salon équipé de confortables canapés et de tables basses, une salle avec sono pour danser ou organiser des animations, cuisine, toilettes et vestiaire.
À l’étage, sur le pont-promenade, le bar et la cabine de pilotage et en bas, c'est la cale avec la machinerie. Le capitaine, Philippe Canel est assisté ce soir par la matelote Florence Bezy matelote.
Bordeaux s’illumine et les quais rive gauche deviennent féeriques. À l’horizon, la basilique Saint-Michel, à ses côtés, la flèche semble toucher le ciel du haut de ses 114,60 mètres, le beffroi de l’ancien Hôtel de ville où Armande-Louise attend de pouvoir sonner et la porte Cailhau, bâtie entre 1493 et 1496, haute de 35 mètres. La place de la Bourse, ancienne place Royale, s’étale majestueusement entre le miroir d’eau, le jardin des lumières et la fontaine des Trois Grâces. La Foire aux plaisirs anime la place des Quinconces. Sa grande roue, ses manèges à sensations et stands gourmands sont présents deux fois par an pour satisfaire petits et grands.
Les invités sont arrivés, le capitaine rejoint le poste de pilotage et Florence assure les manœuvres nécessaires au départ avant de nous rejoindre.
Nouveaux immeubles
Pour effectuer son demi-tour, le capitaine dirige le Marco Polo vers l’emblématique pont de pierre bicentenaire.
Le Marco Polo remonte la Garonne dans le Port de la Lune. Sur la rive gauche, les luminaires dentelés diffusent une lumière rose et verte tandis qu’à leurs pieds, piétons, vélos, voitures, tramways passent devant les façades classées en 2007 au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Le Marco Polo navigue sur un fleuve calme en fin de marée montante, les quais sont animés. Il passe sous le pont Chaban-Delmas qui a fêté ses 10 ans. Ce soir les pylônes affichent une couleur bleue, cet éclairage peut varier selon les marées du vert au bleu. Puis, c’est le passage sous le pont d’Aquitaine.
Les lumières et les bruits de la ville s’amenuisent, la nuit se fait plus sombre. À bord, les passagers profitent de la soirée. Florence effectue régulièrement des rondes de surveillance pour s’assurer du bon déroulement.
Rive droite, quai de Brazza, nous naviguons devant UCPA Sport Station Bordeaux, nouveau bâtiment de cinq étages, dédié à la pratique de nombreux sports. Des immeubles sortis de terre depuis peu sont habités, d’autres sont en construction. Au 162, toujours quai de Brazza, c'est le siège de la Construction navale de Bordeaux, des yachts de luxe sont amarrés le long du fleuve.
Le Marco Polo arrive devant le terminal de Bassens, rénové en 2021, principalement dédié au chargement et déchargement des navires porte-conteneurs. Le capitaine attire l’attention sur le stade Matmut, rive gauche dans le quartier Bordeaux-Lac, éclairé ce soir. C’est un stade aux multifonctions, inauguré le 18 mai 2015.
C’est un peu plus loin que le capitaine vire de bord pour reprendre la direction du port de la Lune.
La navigation se fait face au vent à marée descendante.
Le Marco Polo rejoint le ponton Montesquieu, rive droite. La balade fluviale se termine.
Marie-Françoise Thuillier
Encadré 1
— L'Observatoire : Philippe Canel, comment vous est venu le désir de travailler sur un bateau ?
— Philippe Canel : Je suis fils de mariniers dont la péniche se trouvait sur le canal du midi. J’ai grandi dans ce milieu, passé mon CAP de marinier remorqueur et les permis professionnels nécessaires à la navigation et la conduite des bateaux de commerce, marchandises et passagers.
— Avez-vous effectué de grands voyages ?
— Non, j’ai toujours navigué dans la région : Toulouse, Bordeaux, estuaire de la Gironde.
— Comment avez-vous évolué dans le milieu fluvial ?
— J’ai commencé sur un pétrolier qui assurait la liaison Marmande-Pauillac durant 6 ans. J’ai effectué des travaux maritimes durant quelques années. Ensuite, j’ai exploité les Croisières Burdigala pendant 20 ans, puis j'ai vendu cette affaire et je suis capitaine sur le Marco Polo depuis huit mois.
Encadré 2
— L’Observatoire : Florence Bezy, est-ce que les femmes sont nombreuses au poste de matelot ?
— Florence Bezy : Nous ne sommes pas très nombreuses mais bien acceptées par nos collègues masculins.
— Comment devient-on matelote ?
— J’ai été formé par le capitaine Philippe Canel, ensuite j’ai passé les diplômes obligatoires pour la navigation fluviale et je me suis spécialisée pour devenir formatrice.
— Où donnez-vous ces formations ?
— Les formations se dispensent à bord d’un bateau école. Il y a trois lycées et cinq centres de formation permanente en France : Nantes, Paris, Strasbourg, Lyon et Avignon. Avant, on pouvait naviguer en tant que matelot sans autorisation mais depuis 2022, la formation est souhaitable : prévention des risques, signalétique, sécurité, technique, réglementation européenne.
— Pouvez-vous nous indiquer les différents grades en navigation fluviale ?
— Homme de pont, matelot, maître matelot, timonier, conducteur de bord, second, 1er capitaine, capitaine.
Sur les grands paquebots, l’équipage, plus nombreux, est dirigé par le commandant.
Il faut toujours deux personnes à bord, un capitaine et un matelot.
Photo de M. Bullier