Rendez-vous en mers inconnues
Les photos sont de E. Truffert
Passionnée par l’eau, une jeune quinqua pleine d’audace jubile quand elle raconte l'univers et les sensations exceptionnelles vécues entre 10 et 20 mètres de profondeur.
« Je pratique la plongée avec bouteille depuis l’âge de 27 ans, confie Marie-Laure, et cette activité m’offre la chance de partager ce loisir fascinant à 2. Je l’associe au tourisme avec une touche exotique, dans une version terre et mer. À chaque immersion, le spectacle est éblouissant et unique. Tout est imprévisible, on ne sait jamais à l’avance à quoi s’attendre, on ne programme pas une rencontre avec les poissons : c’est pour ça que c’est une aventure. »
Inattendu
« J’ai une attirance pour les mers chaudes et mes plongées m’ont entrainée au large de la Méditerranée, de l’Océan indien et des Caraïbes.
Au fur et à mesure que l'on descend sous l’eau, la lumière est de plus en plus absorbée et les couleurs s’estompent, d’abord le rouge, puis l’orange, le jaune, le violet et le vert. Le bleu subsiste avant le noir des grands fonds.
Les algues disparaissent rapidement au-delà de 10 mètres de profondeur. Chaque mer ou océan possède des espèces aquatiques en commun et d’autres bien spécifiques. Les poissons offrent le spectacle de leur vie et évoluent dans leur univers, insensibles aux plongeurs. C’est une chance de les voir. On ne vit jamais deux plongées identiques au même endroit. »
Émotions
« Le plus étonnant dans une immersion est la prise de conscience de sa propre respiration avec le détendeur. Sur terre, respirer est un acte machinal ; sous l’eau on y prête une attention accrue. Savoir doser son souffle relève de la survie dans les profondeurs.
Dans les fonds marins, c’est le monde du silence : pas de bruit, pas de son, pas de parole. On réinvente un moyen de communication spécifique avec un langage de signes : le pouce et l’index en forme de O pour signifier que tout va bien. Les yeux dans les yeux, on observe les émotions de son équipier et on le rassure du regard. Dans l’eau, la relation à l’autre est colossale : chacun est coresponsable avec des attentions réciproques.
L’impression de flotter, d’évoluer en apesanteur est une émotion grandiose, totalement inconnue sur terre. Les poissons ressemblent à des oiseaux, ils déploient leurs nageoires comme des ailes et semblent voler. On est en quelque sorte en osmose, transporté dans un autre monde où règne la sérénité et où rien ne t’atteint. »
Rencontres
Marie-Laure ressent les émotions la submerger quand elle revit les rencontres gravées dans sa mémoire :
« À Mayotte, à moins 20 mètres, une raie manta et une raie léopard, venant du grand bleu, passent par là et semblent planer tout près de nous : c’est un moment d’une exquise douceur.
Au Mexique, deux requins à pointe noire avancent à moins de 10 mètres de nous. Nous sommes deux plongeurs face à deux squales : c’est le grand frisson. Chacun respecte l’espace de l’autre, proche et lointain à la fois.
Mais le spectacle le plus attachant est offert par les tortues à Mayotte. Quand elles viennent pondre sur la plage, elles se déplacent maladroitement, encombrées par leur poids et leur taille. Après la ponte, elles se dirigent dans l’eau pour devenir des acrobates légères et gracieuses. »
Menaces
Au-delà de l’éblouissement et de la féérie des couleurs des fonds, pointent les inquiétudes concernant le réchauffement climatique qui provoque le phénomène de blanchiment des coraux. Le corail a la couleur des micro algues qui lui donnent une dominante verte, bleue, rose et violette. À la moindre hausse de la température, le corail expulse l’algue et devient blanc, synonyme de mort, entrainant la disparition de centaines d’espèces.
La conservation des océans est un enjeu important et si on a envie de poursuivre les aventures sous-marines, à la découverte de ce monde féerique sous nos pieds, nous avons à respecter l’environnement. « Le bonheur pour un poisson, c’est d’exister, pour l’homme c’est de le savoir et de s’en émerveiller. » Jacques-Yves Cousteau
Nicole Cherimbaud