Mon beau sapin
Avec leurs silhouettes majestueuses ou taillés en haies, les conifères règnent en maître dans nos jardins, l’hiver venu.
Le seul à être associé aux fêtes de fin d’année, le roi incontestable, celui que l’on pare de mille feux et
qui fait briller les yeux des enfants, c’est bien entendu le sapin.
Un choix difficile
De fin novembre à fin décembre, des vendeurs apparaissent sur les places des villes et des villages
proposant une grande diversité d’arbres à l’acheteur perplexe. Que choisir ? L’épicéa pour ses petites aiguilles piquantes, sa délicieuse odeur de résine mais sensible à la chaleur ? Le
Nordmann aux branches régulières, aux aiguilles souples et résistantes ? Le Pungens aux reflets bleu argenté, aux aiguilles longues et piquantes, supportant la chaleur ? Le Nobilis au
parfum de résine qui, comme le Nordmann, conserve sa parure ? Queenton, installé sur la place des Martyres de la résistance, n’a pas son pareil pour chercher celui qui correspond à vos
attentes. Les prix sont variables suivant l’espèce, la densité des branches, le calibrage. La hauteur peut aller de 30 cm à 5 m. Il vous faudra compter de 15 € à 3000 €. Vous
avez fait votre choix ? Pour faciliter le transport, l’élu sans racines est fixé sur un rondin de bois puis, tout comme celui en pot, placé dans un filet grâce à une enfileuse.
Stratégie commerciale
Les grandes surfaces, les jardineries font une concurrence sans concession à ses marchands de rue qui se
plaignent du peu de clientèle. Pour exemple, IKEA a proposé cette année, pour l’achat d’un sapin Nordmann sans racine (1,40 m environ au prix de 24,99€) une carte cadeau de 20 €
utilisable entre le 26 décembre 2017 et le 28 février 2018 Réservation sur le web obligatoire. À noter que les exploitants situés au Danemark ou en Belgique livrent directement chaque magasin
français de cette enseigne.
Véritable savoir-faire
Pas de déforestation, mais une véritable production
arboricole. En France la majeure partie des plantations sont situées dans le Morvan ou le sol acide et granitique ainsi que le
climat semi-montagnard conviennent parfaitement aux conifères. Cette activité est devenue indispensable dans cette région confrontée au chômage. Tout part d’une graine. Au bout de 4 ans, les
plants sont soigneusement calibrés et replantés. Il faudra encore attendre pour pouvoir les commercialiser. En tout, entre 10 et 15 ans suivant la hauteur désirée, ce qui demande un nombre
d’hectares suffisant pour pouvoir effectuer une rotation permanente. Selon Frédéric Arnaudet président de l’AFSNN*, la production représente 20 millions de chiffre d’affaires. 1,5 million de
sapins sont produits chaque année dans ce secteur, représentant 150 emplois permanents et 1000 saisonniers pour une cinquantaine de producteurs professionnels. Cependant, on observe d’autres
régions de culture dont la Bretagne, mais aussi à Saint-Ciers- sur-Gironde où Henri Vergès, pépiniériste, a commencé la culture du sapin dans les années 80. C’est au marché de Brienne de Bordeaux
qu’il écoule en cette période de fêtes entre 3 000 et 5 000 sujets mesurant de 90 cm à 8 m de haut.
Sapins floqués Fin du rêve dans une benne (J. Lacoste)
Envie de changer d’ambiance ?
Vous vous êtes alors tourné vers le sapin naturel floqué fuchsia, turquoise, violet, blanc ou noir qui met une touche
d’originalité à vos repas de fêtes. Le floc composé essentiellement de colles hydrosolubles, de fibre de coton ou de textiles, est pulvérisé sur l’arbre à l’aide d’un pistolet. Attention,
certains sont inflammables, alors vous avez préféré l’un d’eux, ignifugé, pouvant supporter les décorations électriques, ou peut-être avez-vous opté pour un sapin « dancing »
télécommandé. En plastique et fabriqué en Asie, il a, sous ses branches, des bouquets de fibre optique. Vous pouvez choisir les couleurs, varier la vitesse des clignotements, jouer avec les
lumières. Tout est permis.
Fin du rêve
Déposer un sapin sur le trottoir est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 116 €. Alors, après avoir placé votre arbre dans un sac acheté à Handicap international pour 5€ vous l’avez déposé dans une des bennes mises à disposition par la mairie. Ils seront transformés en compost pour 90 % ou valorisés énergétiquement.
Jeanine Lacoste-Duguet
*AFSNN : Association française du sapin de Noël