ELLA, la bonne adresse
Lasse de votre garde-robe ? Attirée par un gain modeste mais facile ? Tentée par un nouveau look sans y laisser votre chemise ? Alors, le dépôt-vente ELLA est fait pour vous.
Devant le 66, avenue de la Libération à Latresne, se gare une jolie Mini. Élégante, petite et menue, Catherine en descend, ouvre son coffre dont elle extrait deux sacs et une valise. D'un pas décidé, elle entre chez ELLA, vêtements et accessoires de mode design et vintage. Suivons-la...
Serial modeuse
« Bonjour Catherine, quoi de neuf aujourd'hui ?
— Ah, ah ! Toujours le mot pour rire, Michèle ! Du six mois d'âge, comme d'habitude... »
Catherine est là pour son déstockage semestriel. Michèle Benoit, la propriétaire des lieux, connaît bien cette cliente, une de ses plus fidèles pourvoyeuses de vêtements récents, branchés et très peu portés. Vite, on ouvre les sacs, on déplie, on s'extasie, un peu comme à Noël, dans l'ambiance chaleureuse et parfumée de ce dressing à la lumière tamisée.
Pendant que Michèle Benoit estime la marchandise, Catherine nous confesse « Fin d'hiver, fin d'été, je vide les placards remplis au fil de mes virées quotidiennes. Dur pour moi de résister à la tentation d'un vêtement ou d'un accessoire, pas forcément cher ou de marque mais qui satisfait mon insatiable besoin de nouveauté ! Mais parfois l'impulsion est mauvaise conseillère et la trouvaille reste dans les tiroirs, alors pour vivre mon addiction en toute bonne conscience, je trie et j'arrive chez ELLA,
ça me déculpabilise pour mes futurs achats ! Mais là aussi, j'adore fouiller, chiner dans cette ambiance de brocante, l'objet inattendu, la pépite parfois… en ayant la délicieuse impression de faire une bonne affaire. D'ailleurs, une étude affirme que le sac Birkin d'Hermès est un meilleur placement que l'or et je réussis même à persuader mon mari qu'en achetant un tel collector, j'investis !!! »
Photos de C. Bonnetaud
Vocation tardive
Rien ne prédisposait Michèle Benoit à ouvrir un jour un dépôt-vente. Antiquaire, c'est lors d'un voyage à Bruxelles qu'elle constate que, sur la fameuse place du Sablon, les friperies voisinent avec les boutiques d'antiquités. Sa décision est prise, elle s'installe à Latresne avec ses propres vêtements et ceux de ses amies. Sans publicité mais grâce à son charisme, son bon goût et son réseau, l'endroit devient vite à la mode et ELLA compte maintenant 880 clientes !
Des clientes et presque des amies puisque Michèle passe une journée à répondre à leurs vœux et reçoit quantité de bouquets à son anniversaire pour le plus grand plaisir de la fleuriste voisine. Il faut reconnaître qu'elle accueille ses visiteuses avec le sourire, leur laisse le temps d'essayer et n'intervient que si on la sollicite.
Ici, on flâne entre les tables, les portants, les vitrines parmi des mises en scène de vêtements, bijoux, foulards, sacs que seul le hasard a réunis mais qui semblent si bien assortis. Il y en a pour tous les goûts et tous les budgets : du bonnet à 5€ au sac à 2400€... Côté coulisses, Michèle doit vérifier l'état des objets, les étiqueter, créer l'ambiance pour favoriser l'achat mais aussi tenir à jour les fiches des clientes, les payer (50 % du prix de vente), leur rendre les invendus au bout de trois mois ou les donner à des associations. Elle a adoré se lancer ce défi, mais il est temps de passer la main, dit-elle
Quel avenir ?
Michèle n'aurait pas confié son « bébé » à n'importe qui et c'est Corinne Laborde, une de ses amies, qui vient de reprendre l'affaire. Férue d'Andalousie, elle l'a rebaptisée ELLA (elle, en espagnol) mais souhaite garder l'esprit du lieu et cette clientèle de 40 à 60 ans qui vient, décomplexée et sans nécessité, acheter de l'occasion « Je sors souvent et je dois varier mes tenues » dit une jeune Américaine. « Je suis fière de donner une seconde vie à un article qui a été aimé et d'éviter le gaspillage » revendique une autre cliente. Elle s'enquiert de la provenance d'un sac de luxe car on n'est pas à l'abri d'une contrefaçon mais pour une pièce de prix, Corinne Laborde exige du déposant une preuve d'achat. Elle se forme aussi à décrypter les signes d'authenticité qui ne trompent pas grâce au livre qu'Hermès a édité pour expertiser ses créations. Va-t-elle se spécialiser dans le luxe ? Bien sûr, c'est le bon créneau, dit-elle, mais d'autres se sont déjà positionnés à Bordeaux et sur le Net, donc, pour l'instant, elle reste dans le même esprit que Michèle et espère que le Tout Latresne continuera de défiler chez ELLA. Alors, buena suerte !
Claudine Bonnetaud