Les poupées de Stéphanie de Souza et la coiffe de chef de J. vidal (D. Sherwin-White)

L’esprit des amérindiens Hopi de l’Arizona, des sioux Lakota souffle du 25 Mars au 26 Mai 2016 à Bordeaux.

Dans le cadre de ses « vendredis de Vania », rendez vous artistiques, le salon de coiffure de Vania Laporte offre l’opportunité de découvrir des horizons inconnus. Actuellement 12 tableaux de Stéphanie de Souza sont exposés, consacrés aux poupées Katchina, ainsi que des œuvres de James Vidal artiste d’origine amérindienne sioux.

Des indiens et des dieux

Que représentent ces poupées, objets de convoitises, achetées et pillées auparavant dans les réserves pour être revendues à des prix prohibitifs (5000 euros), puis produites industriellement par les indiens pour les touristes ?  Un monde des esprits et des dieux sans lequel les amérindiens ne sauraient vivre. Claude Lévi Stauss nous raconte ce mythe selon lequel « les katchina sont les âmes d’enfants  indiens qui se seraient noyés dans les migrations ancestrales » et « quand les indiens se seraient fixés dans leurs villages actuels, celles ci seraient revenues tous les ans pour leur rendre visite et  emporter leurs enfants » Les parents désespérés obtinrent des katchina « qu’elles restent dans l’au delà en échange de la promesse de les représenter chaque année par des masques et des danses » Les poupées Katchina incarnent ces danseurs et sont offertes aux enfants pour les familiariser avec les esprits. C’est aussi un rite de passage vers le monde adulte.

C’est ainsi que ces poupées exposées habituellement dans les maisons, peuvent être sorties de mi juillet à mi décembre lors des fêtes rituelles et des danses. Elles sont en bois de peuplier, de couleurs vives.

Une artiste peintre inspirée

Stéphanie de Souza est une jeune femme depuis toujours intéressée par l’anthropologie des religions et mêle étroitement  la démarche artistique,  l’ethnologie, le surréalisme. Elle dit que son inspiration vient de « Max Ernst, de Marcel Duchamp, Wilfredo Lam artiste cubain ou Frida Kalho » Depuis une vingtaine d’années elle peint, après des études d’arts plastiques à l’université Michel de Montaigne et une licence d’ethnologie. Cette exposition  est l’aboutissement d’une réflexion, d’une certaine fascination pour ces poupées qui nous permet « de nous plonger dans le monde des dieux, de la culture des Hopis ».  Ce peuple amérindien, est effectivement beaucoup moins connu que ceux habituellement cités (sioux, apaches, cheyennes). Ils se sont installés au sud-ouest des Etats Unis, dans l’Arizona et le Colorado depuis au moins le VIIe siècle, bien avant l’arrivée des navajos et des apaches. Ils parlent une langue uto-aztèque.

Stéphanie a voulu « restituer la force, la poésie de ces katchina » représentant les esprits de la pluie, du feu, du serpent, esprits mauvais ou bienveillants, tel que Salap Mangwa guerrier contre les clowns, de Salado Mana, jeune fille oiseau géant. Elle expose aussi d’autres tableaux comme celui d’une statuette Sio Hemis, esprit de la fertilité du maïs, prière pour la pluie, de clown Koshai Hano, pour distraire lors des cérémonies, de danseurs de groupe dans les mesas ou plateaux, comme celui de l’esprit du buffle.

Un artiste franco amérindien

Frédéric James Vidal a des ancêtres Lakota Sioux. Ses voyages le ramènent souvent vers les réserves. Il en connaît parfaitement la vie de ses habitants actuels souvent confrontés à  la pauvreté.   Après un XIX siècle où les amérindiens étaient pratiquement devenus invisibles, le XXe siècle est pour eux synonyme de résistance et de progrès sur tous les plans, social, culturel, politique artistique. Aujourd’hui ils ont repris leur destinée en main après les combats du Red Power dans les années 1960-70. Largement inspiré par cette culture, James Vidal expose ses œuvres, une très belle coiffe de chef, travaux de perlage, (colliers, bracelets) travail de l’os et des photos car il est également artiste photographe.

Un « Retour d’Amériques » aux sources, une exposition bienvenue pour rappeler au monde la civilisation et la mythologie très souvent ignorées et caricaturées de ses premiers habitants.

Martine Lapeyrolerie 

Les vendredis de Vania, 23, rue Vital Carles, Bordeaux