Réactivité, connaissances, esprit de compétition : éléments-clés du club Questions pour un champion de Talence.

« Quel designer automobile a collaboré notamment avec Ferrari et Peugeot ? » Les cliquetis effrénés des buzzers des cinq candidats résonnent dans la salle. La réponse de Daniel fuse : « Pininfarina » !   

Dans le chalet du parc Les Malerettes, cours du Maréchal Galliéni, tous les lundis après-midi et les vendredis soir, pendant quatre heures, les membres du club Questions pour un champion de Talence s’opposent amicalement mais très sérieusement sur des questions de culture générale, comme à la télévision.

Si le décor n’est pas aussi clinquant que sur le plateau de France 3, le matériel est identique et la passion anime les joueurs.

Architecture ou botanique

Le club de Talence est créé en août 1998. Il comprend aujourd’hui 26 membres. Les statuts précisent l’affiliation à la société Grundy qui produit le jeu télévisé et qui permet l’utilisation du nom Questions pour un champion « en respectant le niveau, l’esprit et les règles du jeu tout en conservant un caractère ludique et non polémique » et présenter « en aucun cas, un caractère politique ou religieux »[1].

Le décor est planté : buzzers sur lesquels s’afficheront les points ; un membre du groupe, à tour de rôle, est responsable du minuteur-compteur tandis qu’un autre, face aux candidats, énonce clairement les questions.

La première série de jeux peut commencer. Les questions et les réponses s’enchaînent très rapidement.  Sabine râle car elle n’a pas été assez rapide sur l’appui du buzzer. Elle se rattrapera la prochaine fois.

Cet après-midi d’avril, ils sont onze dans la salle. Toutes et tous retraités et, pour la plupart, parmi les plus anciens du club. Chacun d’eux a plus ou moins une compétence particulière sur un ou des domaines particuliers. Cyril est le spécialiste cinéma et les films noirs américains n’ont pas de secrets pour lui, Daniel se passionne pour l’architecture et énonce sans sourciller le nombre de cannelures des colonnes doriques. Certaines connaissent très bien la botanique. Mais quelle que soit l’étendue des connaissances, c’est la rapidité de la réponse qui prime.

Evelyne Léonet, la présidente, a participé aux sélections et à l’émission à la télévision. Elle résume l’esprit de ce jeu : « Beaucoup de réactivité, de bonnes connaissances et … pas mal de chance » !

Les buzzers se déchaînent

Tous les participants sont mis au travail pour collecter les questions pour les trois phases du jeu. Cela représente une somme importante d’heures de réflexion et de recherche. Pour chaque partie du jeu, le type de question, sa longueur sont différents.

L’ensemble des clubs est plus ou moins en réseau ce qui permet de retrouver une liste de questions téléchargeables[2]. Les clubs questions pour un champion s’adressent à tous les âges et les questionnaires sont classés en fonction du public : écoles, collèges, lycées, jeunes, adultes, etc.

Chaque membre du club peut rédiger des questions. Un cadre très précis est proposé sur les sites de téléchargement, avec le nombre de mots, la durée de la question, etc.

Le jeu commence, les buzzers se déchainent. Les « bon sang mais c’est bien sûr ! » s’ajoutent aux « je le savais ! ». L’ambiance est bon enfant même si parfois on entend quelques contestations sur un énoncé de question peu clair ou une réponse incomplète comme le prénom du personnage oublié sans compter le buzzer sur lequel on a appuyé trop tard !

L’observateur est étonné par le nombre de connaissances encyclopédiques de certains participants. Il est vrai que nombre d’entre eux a participé aux sélections et un tiers a concouru sur le plateau de Julien Lepers ou Samuel Étienne avec plus ou moins de réussite.

Les jeunes travailleurs rejoignent le groupe le vendredi soir. Deux ambiances différentes mais très complémentaires. Pour exemple Mathieu, qui ne travaille pas, règle sa vie autour des jeux TV et a réponse à pratiquement tout dans la mesure où il est assidu à ces émissions. Il est aussi un grand pourvoyeur de questions. Alexandre, enseignant, est aussi l’un des rédacteurs.

Éloïse est la dernière entrante au club. Elle travaille sur l’organisation du Décastar de Talence. Elle a découvert le club après avoir assisté au tournoi annuel. Elle participe avec passion mais, reconnaît-elle « c’est difficile de prendre ses marques. Je connais les réponses mais je manque de rapidité ».

Il existe deux autres clubs en Gironde, à Libourne et à Cestas, et il est courant de rencontrer à Talence des membres de ces autres clubs et réciproquement.

Chaque année, un tournoi est organisé en septembre. Il rassemble 50 participants. « Le travail de recherche et de préparation des questions m’occupe deux heures par jour » confie Anne-Marie Pigalle, la secrétaire du club. Un quart des membres participe à ce colossal travail en fonction de ses compétences et connaissances.

Tout en quittant ce chalet bruissant, interrogeons-nous : « Quel est l’anagramme du mot questions ? »[3]

Jean-Pierre Ducournau

Texte : 5078 caractères

Encadrés 1809 caractères

Total : 6887caractères