Bordeaux, escale essentielle
La place Stanislas à Nancy et la place de la Bourse à Bordeaux
Après son master de physique à Nancy, Christophe né au Cameroun, a rejoint en 2014 l’Université de Bordeaux. Il rêve aujourd'hui de vivre sans un pays froid.
Quel chemin parcouru par Christophe, septième d’une fratrie de huit, dont le père médecin dirige l’hôpital de sa ville au Cameroun. À 13 ans, avec son frère jumeau, il est "donné" comme le veut la coutume africaine, à une de ses tantes qui vit à Nancy. Avec inquiétude, il quitte alors sa famille pour rejoindre la France. Doué pour les études, il passe brillamment son master, avant d’aboutir à Bordeaux dans le cadre d’un partenariat entre les Universités de Bordeaux et de Montréal.
Nancy, une étape
Qu’il est loin le Cameroun, quand Christophe s’installe chez sa tante à Nancy. Malheureuse de ne pas avoir d’enfant, elle l’accueille chaleureusement. Forte de ses principes, elle se fait un devoir d’en faire un homme honnête et généreux. La maîtrise du français de Christophe est loin d’être acquise. Les relations amicales qu’il partage très vite avec ses camarades de classe et son travail, l’aident à faire très rapidement évoluer son langage. La nostalgie de ses parents, de son pays et de ses amis d’enfance, le perturbent. Sa nouvelle mère, assez autoritaire, surveille son éducation scolaire. Grâce à elle et à son travail, il obtient son bac avec une mention très bien à 17 ans. Il entreprend alors des études supérieures dans le domaine de la physique qui sont couronnées par un master.
Christophe poursuit ses études en préparant un doctorat. Il arrive à Bordeaux en 2014 et conduit des travaux de recherche en laboratoire, dans le cadre d’un partenariat entre l’Université bordelaise et celle de Montréal, présent en alternance un an sur deux dans les deux villes.
La diversité, une richesse
Il se sent tout de suite bien à Bordeaux. Très vite, grâce à une annonce du CIJA*, il trouve une chambre à louer au Haillan qui répond à ses vœux, dans une grande maison de style anglais. La pièce confortable donne sur un grand jardin arboré. La présence de deux autres locataires, l'un venant du Sénégal et l'autre originaire de Nancy, lui permet de tisser rapidement des relations. Cette diversité, qu’il retrouve parmi ses collègues de travail et ses partenaires de loisir, lui convient bien. Edwige, la maîtresse de maison, veuve depuis quelques années, est heureuse de partager le quotidien de ces jeunes. Comme elle partage sa cuisine avec ses locataires, la découverte réciproque est forcément plus rapide. Elle apprécie particulièrement Christophe avec son côté bien élevé tout en étant chaleureux. Edwige est aussi sensible aux compliments qu’il lui sert gentiment.
Christophe est enclin à rechercher les rapports humains dans sa diversité. Il assiste à des conférences, fait du sport, prend des cours de danse de salon, il s’est inscrit dans un cours de promenade pédestre local. Il apprécie les festivités et coutumes de Bordeaux qui enrichissent ses connaissances. Comme il est de confession protestante, le dimanche matin, il suit les cérémonies au temple. L'après-midi, chargé de son appareil photo, à bicyclette, il part saisir dans la nature, les paysages, les animaux, les scènes de la vie qui pourront lui permettre de créer une image artistique. Il termine la soirée avec ses voisins de colocation par des parties de scrabble silencieuses.
La cuisine n’est pas son fort, il amuse beaucoup ses colocataires par ses particularités culinaires. Dans ses plats dominent les lardons et la sauce tomate qu’il fait cuire pendant 2 heures pour soi-disant en supprimer l’acidité. Ses rares vacances, il les réserve pour l'Afrique où il enseigne à des enfants peu scolarisés. Il en revient déçu par le peu d’intérêt et le manque de motivation de ses élèves
En 2019, il réussit sa thèse, ce qui en fait un docteur en physique reconnu. Après un adieu à sa mère de cœur et à Bordeaux qui lui laissent des souvenirs émus, Christophe repart à Nancy auprès de sa famille adoptive avant de passer quelques mois au Cameroun. Son rêve est de travailler en Norvège ou en Finlande pour y retrouver la neige du Canada avec ses lumières féeriques et ses soirées d’hiver devant un feu de cheminée car, étrangement, ce natif d'un pays chaud affirme sa préférence pour les pays froids. Sur le plan climatique, Bordeaux n'était pas fait pour lui.
Arlette Petit
* CIJA : Centre Information Jeunesse Aquitaine